Ce n’est pas un grain de moutarde mais un grain de folie que le groupe de Dijon a pris en choisissant d’organiser la prochaine université d’hiver, les 1 et 2 février 2020. Après avoir participé à celle de Chambéry où nous avions apprécié le format du week-end, parfaitement réussi, nous nous sommes dit: pourquoi pas nous ? L’équipe d’animation l’a proposé au groupe et une bonne vingtaine de ses membres a décidé de tenter l’aventure.
Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 10 janvier 2020.
Maurice Fournet, correspondant des Amis de La Vie en Côte d’Or
Programme et informations pratique à télécharger en cliquant ici
Informations pratiques
Samedi 1er et dimanche 2 février 2020
« Quels choix économiques pour concilier justice sociale et transition écologique ? »
Du samedi 1er février à 12h30 (10 heures pour ceux qui souhaitent faire la visite) au dimanche 2 février à 17 heures. Conférences, hébergement du samedi soir et repas du samedi midi, soir et du dimanche midi à Ethic-Etapes Hotel (C.R.I), 1 avenue Champollion à Dijon.
Les Amis de La Vie et François Paul-Cavallier, psychothérapeute et lecteur du journal, propose quatre journées réparties sur 6 mois formant un parcours cohérent pour faire “le récit de soi”. Attention : changement de la première date.
La sixième session de notre session réservée aux lectrices aura lieu du 1er au 4 janvier au gîte du Drugeon à la Bouëxière, près de Rennes. Un cadeau à offrir ou à s’offrir.
On ne change pas un programme qui fait des heureuses ! Les Amis de La Vie renouvellent en 2020 et pour la sixième année consécutive la session « J’ai rendez-vous avec moi » (JRAM), une proposition réservée aux lectrices de La Vie, à leurs amies, à leurs filles, à leurs mères… Une journaliste de la rédaction y participe habituellement, à titre personnel, mais aussi pour découvrir la richesse des parcours de notre lectorat. Les inscriptions sont désormais ouvertes.
Ce partenariat a été mis en œuvre grâce à Laure Le Douarec, lectrice fidèle et fondatrice de l’association 2D4B (Diversity & Dialogue ForBeing the change – en anglais car ce réseau est international).
Ces trois journées prévues du 1er janvier à 17H au 4 janvier à 14H près de Rennes, offrent un cadre sécurisant, encadré et bienveillant pour faire le point sur soi, en incluant passé, présent et intentions pour l’avenir. Une centaine de lectrices de La Vie ont déjà fait cette expérience. Ateliers, exercices collectifs et individuels, temps méditatifs et festifs, le programme est nourri par le questionnement des autres participantes. Il est particulièrement apprécié par celles qui sont placées devant des choix ou des tournants de leur vie. Une idée d’étrennes à offrir ou à s’offrir.
Dans la mouvance du « Printemps arabe », des jeunes Marocains travaillent à la promotion de la démocratie et les droits humains. Nous les avons rencontrés lors de l’université d’été 2019, grâce au CCFD-Terre Solidaire dont ils sont partenaires.
« Plus on s’intéresse aux autres, plus ils sont intéressants ! » Quel bonheur, offert par l’association les Amis de la Vie, de sortir de l’hexagone et d’aller à la rencontre des Marocains. Par Philippe Mouy
A peine deux mois après la visite du pape François à Rabat et portés quasiment par le même thème, l’université d’été des Amis de La Vie s’est tenue à Rabat du 11 au 18 juin : « Au Maroc, avec des chrétiens, chez les Musulmans, entre l’Afrique migrante et l’Europe ‘interdite’ ». Vaste programme préparé et conduit de main de maître notamment par Paul Malartre et Dominique Fonlupt avec leurs partenaires locaux : l’Institut œcuménique de théologie al-Mowafaqa et Lotfi Lamrani, président fondateur de l’association « Pont des cultures ».
Voici,
en écho de cette aventure, trois volets qui nous ont bigrement
décentrés, comme y invitait Paul Malartre en ouverture.
Plongée
dans l’Islam aujourd’hui
L’Islam
est une réalité qui agite beaucoup l’Europe. Mais c’est une
religion en mouvement, qui n’a pas fini de nous surprendre. En
ouverture, Ashraf Aloui Ismaïli psalmodie ce verset coranique :
« Oh
les hommes, nous vous avons créés d’un mâle et d’une femme,
pour que vous vous connaissiez. » Le
ton est donné. Yelins Mahta, professeur d’islamologie à
l’Institut Al Mowafaqa, peut livrer ses points de repère pour
comprendre la pensée islamique et le mouvement de réforme
contemporain. « Le
prophète a été trop sacralisé. C’est d’abord un homme, un
époux, un chef spirituel et militaire, qui entre en relation avec
Dieu et livre un message pour venir en aide aux pauvres. »
Depuis,
naviguant en sourates et hadits, que de travail d’interprétation
et de conflits ! L’appropriation par les califes fait entrer
l’Islam dans la vie politique. Après chaque période de violence
surgit l’idée de réforme pour engager une civilisation moins
meurtrière et plus performante, portée par bien des questions :
« Qui
a la vérité ? D’où vient la violence ? Comment
interpréter la loi ? Dieu est-il toujours avec nous ?
Pourquoi a-t-on été divisés ? »
A
son tour, Aïcha El Hajjami, juriste et théologienne, nous plonge
dans un exemple de réforme : les droits et le statut de la
femme. Alors qu’elle a recensé plus de huit femmes musulmanes
savantes mais méconnues, elle s’interroge : « l’Islam
serait-il à l’origine de la domination sur les femmes ? »
Un
travail où elle dénonce les fausses interprétations et les
stéréotypes réducteurs qui circulent. Heurtée par les versets
« douloureux » du Coran, elle découvre que la faute
originelle incombe à Adam et non à Eve, et que, sur bien des
sujets, le Coran se distingue fortement des traditions véhiculées
sur la situation de la femme. Un travail qui a nourri les travaux de
la Commission pour les droits des femmes lancée par Mohammed VI en
2006.
Puis
coup d’œil sur « la
présence musulmane en Europe » avec
Farid El Asri, anthropologue. « Le
musulman exotique ne posait pas de problème. Maintenant, il n’est
plus sur le point de repartir au pays et il prend de la visibilité.
Cette dynamique, qui renverse les frontières, vous pose problème en
touchant à vos entrailles psychologiques et à votre identité
collective. » De
fait, notre rapport à l’autre n’est-il pas pollué par des
imaginaires réciproques perturbés, qu’il faut dépoussiérer ?
« Ils
vont nous envahir ! Mohammed est un violent, pas le Christ !
Nous sommes dans la vérité… » Que
de crispations ! Alors, que faire ? Du sérieux :
avoir une volonté de compréhension ; du serein : en
engageant une confiance mutuelle ; de l’humour : pour
éviter l’arrogance.
Migrations :
partir, passer, rester
« Nous
sommes tous des migrants. Il n’y a que la date qui change ! »
dit
avec humour Hicham Jamid, sociologue. La migration installe dans un
temps long, du fait des attentes, de la précarité, de la
souffrance, des obstacles financiers, du blocage des frontières…
Le Maroc, carrefour migratoire, voit son identité se refaçonner :
comme pays de départ (5 millions de Marocains vivent à l’étranger,
sur 38 millions), comme pays d’étape (appelé à jouer le rôle de
« gendarme » : « Calais
se trouve maintenant au Maroc »), comme
pays d’accueil (50 000 migrants au moins ont été régularisés
depuis 2013).
En
écoutant le témoignage de migrants, nous avons perçu, comme dit
Antoine Exelmans, prêtre à Oujda et Vicaire général du diocèse
de Rabat, que parfois ils cochent toutes les cases : « J’avais
faim, j’avais soif, j’étais malade, nu, étranger… » (Mt
25,35…).Et
il ajoute : « Je
suis convoqué par des visages. Chaque histoire est personnelle.
L’autre vient chercher en moi ce qu’il y a de meilleur en
humanité. Et c’est l’aventure : on part à la recherche de
ce qui pourra faire de nous des vivants. On essaie de vivre la
meilleure fraternité possible ». Terre
de transit, pour beaucoup le Maroc devient terre de destination du
fait des barrières. A Oujda, et dans bien d’autres lieux d’accueil
œcuméniques, des situations impossibles trouvent un chemin. Les
Eglises du Maroc, délaissées lors de l’indépendance, retrouvent
depuis une vingtaine d’années une foule de nouveaux fidèles
africains subsahariens, qui se renouvellent souvent.
Des
chrétiens au Maroc
Le
ton est donné par Cristobal Lopez Romero, espagnol, archevêque de
Rabat : « Que
nous soyons peu ou beaucoup, nous sommes là pour faire grandir le
règne de Dieu, c’est-à-dire la paix, la justice, la liberté, la
fraternité, la vie, les Droits de l’homme et surtout l’amour.
Nous sommes tous étrangers, mais l’Eglise est marocaine et se veut
incarnée dans le peuple marocain. » « Evangéliser, dit
Daniel Nourrissat, curé de Rabat, c’est
d’abord vivre l’Evangile, non pas parler de Jésus, mais parler
Jésus ». Ainsi,
les Africains subsahariens ont fait renaître cette Eglise et, avec
l’Eglise évangélique, elles ont fondé l’institut Al Mowafaqa.
A signaler, une initiative de l’Eglise évangélique : « les
Eglises de maison », où l’on trouve à leur tête des
pasteurs stoppés sur leur route vers l’Europe ; ces
communautés se réunissent dans des appartements de quartiers
populaires (près de 30 à Rabat et 60 à Casablanca).
Enfin
le beau témoignage de Frère Stéphane Delavelle, franciscain à
Meknès depuis 7 ans, qui s’est entendu dire : « Ces
prêtres sont perdus pour l’Eglise ! »
De fait, pour durer en terre d’Islam, la question s’impose à
lui : « Qu’est-ce
que je fais là ? Quel sens donner à ma présence ? »
Réponse
en trois points. D’abord rencontre l’autre n’est pas facile :
comment sortir de nous-même ? Comment accepter l’autre comme
il est sans imposer quelque chose ? Comment être
compréhensible, audible pour l’autre ? Pour cela, se laisser
retourner de l’intérieur et comprendre l’Islam du dedans. Tout
en étant hanté par la question : pourquoi Mohammed après
Jésus ? Serions-nous à un stade intermédiaire, comme le
pensent les Musulmans ? Puis place à l’humble service et à
l’amitié : la foi doit passer par les œuvres. « Toi,
tu m’écoutes, tu me respectes. » La
modernité est difficile, compliquée, mais on peut montrer qu’on
peut la traverser. Enfin, la conviction : pas de dialogue s’il
n’y a pas de vie intérieure, de dimension mystique. « La
solitude fait partie de la rencontre avec l’Islam. Accepter de
perdre le sens pour le recevoir de Dieu. Finalement, pourquoi être
là ? Pour la communion et la gratuité. Je ne sais pas pourquoi
je suis là, mais je sais que je dois être là. » Et
Stéphane s’est entendu dire un jour : « Ce
que vous vivez, c’est fou, ça ne sert à rien, mais ça sent si
bon l’Evangile ! »
Le
dernier jour, une table-ronde réunissait quatre interlocuteurs
autour du thème : entre Chrétiens et Musulmans, une rencontre
spirituelle est-elle possible ? Chacun semble poussé à
dépasser les clivages de sa religion tout en tenant ferme sur son
chemin spécifique et en s’en remettant à Dieu dans la foi.
« Nos
témoins ont semé des graines de résurrection, déclarait
Paul Malartre en clôture de cette Université. Ayant
récolté beaucoup, nous avons beaucoup à semer. »
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