À Brive, l’encyclique Amoris Laetitia pour les nuls

“Alors même que nous rêvons de perfection, les familles sont une réalité terrestre marquées par les fragilités et les limites”. Le 18 août, les Amis de La Vie corréziens ont demandé à Jean-Michel Mainguené leur présenter l’encyclique Amoris Laetitia. Ils vous livrent la synthèse de cette studieuse conférence estivale. Stimulant !

Jean-Michel MAINGUENE, diacre, est responsable diocésain de la Pastorale familiale du diocèse de Montauban. Il est également Conseiller Conjugal et Familial au CLER Amour et Famille. Marié, père de 3 enfants, il anime avec son épouse le parcours Elle et Lui (Alpha couples) à Montauban. Il exerce la profession de vétérinaire.

Introduction Cette exhortation a une histoire. Elle a été précédée par deux sessions synodales ainsi que deux consultations des chrétiens du monde entier. La première session en octobre 2014 a été très houleuse. 260 évêques avec chacun cinq minutes de parole… interminable ! Les lineamenta de mi-synode ont été très contestés, surtout concentrés sur les points litigieux (divorcés remariés, homosexualité, etc) et sur la doctrine. Les évêques étaient divisés à peu près 50/50. Entre les deux, le Pape a répété ce qu’était un synode c’est-à-dire une “marche ensemble” et a donc proposé une méthode de travail pour la deuxième session avec écoute et compréhension. Il y a donc eu un travail par groupes linguistiques. Cela a mené à une découverte : les origines culturelles différentes avaient une grande importance, autant pour les questions que pour les réponses. Il fallait donc éviter d’édicter des règles universelles et laisser à chaque culture le soin d’en préciser les contours. C’est la pédagogie divine !

Quatre points forts se sont dégagés :

1/ La questions des divorcés est maintenant officiellement en débat dans l’Eglise.

2/ Les évêques sont divisés sur l’attitude à avoir mais ce n’est pas un débat minoritaire.

3/ Le peuple chrétien a sa place dans les grandes réflexions de l’Eglise.

4/Une conversion du regard a commencé à s’opérer, passant de la notion de discipline universelle à celle de pédagogie divine et d’attention aux cultures d’origine.

Préambule Le Pape part du constat que « le désir de famille reste vif » et donc que l’annonce chrétienne qui concerne la famille est vraiment une bonne nouvelle (1). En même temps, il souligne la nécessité de continuer à approfondir certaines questions doctrinales, morales et spirituelles (2). Il souligne que le magistère ne doit pas trancher tous les débats doctrinaux et que chaque principe général a besoin d’être inculturé (3). Il compare le parcours synodal à un polyèdre (4) et enfin il propose un guide de lecture : morceau par morceau, avec patience et que tous se sentent interpellés par le chapitre 8.

Les trois premiers chapitres reprennent les trois dimensions à avoir toujours à l’esprit si on veut avoir un regard vrai sur la famille, et pouvoir y discerner les chemins de croissance auxquels Dieu appelle chacun : l’Ecriture, le contexte culturel et humain et l’enseignement doctrinal de l’Eglise. Une triple conjugaison !

Dans le chapitre 1, à la lumière de la Parole, le Pape nous fait entrer dans la maison : le couple est au centre à travers les « deux grandioses premiers chapitres de la Genèse ». Ils nous révèlent aussi bien la plénitude (le couple est à l’image de Dieu) que la mission. On est invité à voir autour de la table « les enfants qui les accompagnent comme des plans d’olivier » (14) qui ne demandent qu’à grandir. Dans les familles tout ne se passe pas toujours de façon idéale. C’est parfois « un chemin de souffrance et de sang » (19) et ce chemin Jésus lui-même l’a vécu. Il conclut que la Parole de Dieu est une compagne de voyage sur ce chemin (22). Il poursuit en traversant toute la Bible, en épinglant qu’elle est faite de labeur, de tendresse, de pardon, tout cela étant un chemin vers une communion qui soit image de la Trinité.

Le chapitre deux est consacré à la réalité et les défis de la famille. Il nous fait entrer dans le concret de la vie des familles (31). Ce chapitre est un véritable patchwork fait de ce que les Pères du Synode ont pu exprimer sur la famille dans le monde entier (32 à 49) mais aussi des difficultés, de la maladresse de l’Eglise pour présenter le mariage comme un idéal abstrait, ce qui ne le rend pas « désirable et attractif » (36) alors qu’il faudrait en faire un « parcours dynamique de développement et d’épanouissement » (37). Le Pape formule quelques défis (50 à 56) : la fonction éducative, la lutte contre les causes de violence familiale, le soutien de le famille dans la société et dans l’Eglise, l’accompagnement de l’amour dans la famille au milieu des vents contraires, le droit des femmes et l’importance du rôle de l’homme. En conclusion (57), il lance un appel : il faut tenir compte de la réalité concrète de la famille qui est le lieu où les appels de l’Esprit se font entendre, et ne pas devenir le bureau des pleurs et des lamentations; mais que cela réveille notre créativité missionnaire !

Le chapitre 3 (Le regard posé sur Jésus : la vocation de la famille) nous fait rentrer dans l’enseignement de l’Eglise. Le Pape nous parle du regard posé sur Jésus. Ce n’est pas une doctrine froide mais pleine de l’amour infini du Père (59) enracinée dans une contemplation de Jésus. Le mariage est un don de Dieu et ce don de Dieu inclut la sexualité. Le Pape évoque l’enracinement humain de la vie de Jésus. L’incarnation n’est pas d’abord un concept mais une réalité. Le chemin d’humanité du Christ éclaire celui de l’Eglise. Après avoir traversé l’enseignement des papes (67 à 70) en les enracinant fortement dans le Concile Vatican II (Gaudium et Spes) il exprime les grandes lignes sur le sacrement de mariage :

1/ Le mariage est une vocation qui doit donc être le fruit d’un discernement vocationnel (72).

2/ C’est le signe de l’amour de Christ pour l’Eglise mais l’analogie est imparfaite (72 et 73).

3/ La sexualité a comme objectif de favoriser un chemin de croissance dans l’amour (74).

4/ Les ministres du sacrement sont les époux eux-mêmes (75).

Les situations imparfaites sont à regarder comme des lieux où on doit découvrir des semences du Verbe. Il parle de « pédagogie divine » (78) et édicte un principe général (79) : discerner, éviter les jugements et – attention !- en fin de compte, comme il le dira plus loin, « l’amour est une œuvre artisanale » (221). C’est-à-dire qu’il permet aux époux de se façonner l’un l’autre pour croitre vers la plénitude. Comme Dieu a façonné l’homme avec la glaise, le mariage est comme la poursuite de la création, puis le Pape évoque la transmission de la vie et l’éducation des enfants (80 à 85).

Nous pouvons constater l’importance de ces  trois premiers chapitres ; ils sont comme les piliers de cette œuvre de croissance et de discernement à laquelle il va inviter chacun d’entre nous, et le propre des piliers, c’est de ne pas être là seulement pour eux-mêmes mais de conjuguer leurs forces pour permettre à l’édifice de tenir debout.

Les chapitres 4 (L’amour dans le mariage) et 5 ( L’amour devient fécond) sont une magnifique méditation à partir de l’hymne à la charité de Saint-Paul (89 à119) allant jusqu’à parler de la dimension érotique de l’amour (150 à 152) qui est « un don de Dieu qui embellit la rencontre des époux » et sur l’amour qui « donne toujours vie ! » (165 à186).

Dans le chapitre 6 sont présentées quelques perspectives pastorales. Ce chapitre nous amène sur le terrain de l’accompagnement qui se poursuivra dans les chapitres suivants. Pour cela, il commence par un appel vigoureux à l’Eglise qui doit prendre conscience de l’enjeu de l’accompagnement des couples (200) : « Il s’agit de faire en sorte que les personnes puissent expérimenter que l’Evangile de la famille est un joie qui remplit le cœur et la vie toute entière. À la lumière de la parabole du semeur, notre devoir est de coopérer pour les semailles : le reste, c’est l’œuvre de Dieu. » (201). « Cela exige de toute l’Eglise une conversion missionnaire : il est nécessaire de ne pas s’en tenir à une annonce purement théorique et détachée des problèmes réels des gens. Il ne s’agit pas seulement de présenter des normes mais de proposer des valeurs en répondant ainsi au besoin que l’on constate aujourd’hui même dans les pays les plus sécularisés». Et il demande que les paroisses, qu’il appelle « familles de familles » (202) soient prioritairement orientées vers les familles. Ce qui est nouveau c’est d’abord de demander que ce soit une priorité pour les paroisses et ensuite de parler de l’accompagnement des personnes séparées, divorcées et ainsi de sortir de l’appellation unique « divorcés- remariés ». Il trace les grandes lignes de cet accompagnement :

  • La préparation au mariage (205-216) : invitation pour les communautés chrétiennes à reconnaître qu’accompagner le cheminement d’amour des fiancés est un bien pour elles-mêmes  (207)! Chaque personne se prépare au mariage dès sa naissance (208).
  • L’accompagnement des premières années de la vie de couple (217-230) : un défi de la pastorale matrimoniale est d’aider à découvrir que le mariage ne peut se comprendre comme quelque chose d’achevé (218). La maturation de l’amour implique d’apprendre à négocier (220), chaque mariage est une histoire de salut et cela suppose qu’on parte d’une fragilité qui fait progressivement place à une réalité toujours plus solide et plus belle. L’amour est artisanal (221) et le rôle de la paroisse et des couples expérimentés est important (223 et suivants).
  • L’accompagnement des temps de crises et de difficultés (231-240) : l’histoire d’une famille est jalonnée de crises en tout genre qui font aussi partie de sa dramatique beauté (232). Pour affronter une crise, il faut être présent. C’est le défi de l’Eglise (234).
  • L’accompagnement après les ruptures et les divorces (241-246) : il faut reconnaître qu’il y a des cas où la séparation est inévitable. Parfois elle peut devenir moralement nécessaire (241). Les Pères ont signalé qu’un discernement particulier est indispensable pour accompagner pastoralement les personnes séparées, divorcées ou abandonnées(242). Il est important de faire en sorte que les personnes divorcées engagées dans une nouvelle union sentent qu’elles font parties de l’Eglise (243). Ces situations exigent un discernement attentif avec beaucoup de respect. Il faut encourager leur participation à la vie de la communauté.
  • L’accompagnement des situations complexes (247-252) : les mariages mixtes, avec disparité de culte, notamment. Une difficulté particulière existe pour l’accès au baptême des personnes qui se trouvent dans une situation matrimoniale complexe (249). Les évêques sont appelés à exercer un discernement pastoral adapté à leur bien spirituel. Accompagnement des personnes manifestant une tendance homosexuelle et de leur famille (250). Accompagnement des familles monoparentales (252).
  • L’accompagnement des familles en deuil (253-258) par toute la communauté chrétienne avec une attention particulière pour les plus indigents. Importance de la prière pour les proches décédés.

Le chapitre 7 : Renforcer l’éducation des enfants. Ce chapitre fait l’objet d’un développement particulier car ce point est devenu très complexe (259) avec un fil rouge : la formation à la liberté. La famille est la première école des valeurs (274) et les communautés chrétiennes sont appelées à offrir leur soutien à la mission éducative des familles (279) surtout à travers la catéchèse de l’initiation. Oui à l’éducation sexuelle (280-286). Transmettre la foi (287-290) : tous nous devrions pouvoir dire à partir de ce qui est vécu dans nos familles. « Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous » : c’est seulement à partir de cette expérience que la pastorale familiale pourra permettre aux familles d’être à la fois des Eglises domestiques et un ferment d’évangélisation dans la société.

Le chapitre  8 : Accompagner, discerner et intégrer la fragilité. C’est selon le Pape, le chapitre par lequel tous doivent se sentir interpellés. Il est précédé par le chapitre 7 lié par le même fil rouge : l’éducation à la liberté. Accompagner pour un discernement qui ouvre à la liberté ! Ainsi proposer des petits pas compris, acceptés et valorisés (271 : un réalisme patient !). Ce qu’il dit de la famille, il le dit de l’Eglise. Il s’agit d’accompagner, de discerner et d’intégrer la fragilité. L’Eglise doit accompagner d’une manière attentionnée ses fils les plus fragiles (291) comme des enfants. Ces  trois verbes sont essentiels pour bien comprendre le chemin que l’Eglise doit emprunter avec ceux qui sont en situation de fragilité. On sent le Bon Pasteur qui ne veut perdre aucune de ses brebis (309). C’est dans ce chapitre qu’est détaillée la démarche de discernement tenant compte aussi bien de l’écriture que de l’enseignement de l’Eglise et des situations concrètes dans lesquelles vivent les personnes. La gradualité dans la pastorale (293-295) : discerner les éléments d’ouverture vers un mieux. Il existe de nombreuses situations conjugales qui permettent aussi de favoriser l’évangélisation et la croissance humaine et spirituelle.  Le discernement des situations « irrégulières » ou plutôt de fragilité ou compliquées :  l’accent est toujours mis sur les personnes et leur intégration dans l’Eglise à la suite de l’attitude de Jésus. Chacun doit se sentir objet d’une miséricorde imméritée, inconditionnelle et gratuite. Il est question d’itinéraire d’accompagnement (300). Il existe des circonstances atténuantes dans le discernement pastoral (301-303) et il convient de ne pas confondre discernement et norme.(304). Un pasteur ne peut se sentir satisfait en appliquant seulement les lois morales pour ceux qui vivent de telles situations. (305). Le discernement doit aider à trouver les chemins possibles de réponse à Dieu et de croissance au milieu des limitations. C’est la règle des petits pas. Tout n’est pas blanc ou noir ! La logique de la miséricorde pastorale (307-312) : la miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Eglise (310). L’Eglise n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile. Il faut accompagner avec miséricorde et patience les étapes possibles de croissance des personnes (308). L’Eglise et une Mère, qui ne renonce pas au bien possible même si elle court le risque de se salir avec la boue de la route.

Le chapitre  9 : Spiritualité matrimoniale et familiale. (313-325). Il s’agit d’un chapitre de conclusion sur la spiritualité familiale. Avec l’aide de la grâce, la famille se présente comme un chemin de sanctification et de maturation progressive de la capacité d’aimer comme un lieu de consolation, d’encouragement et de miséricorde pour transformer le monde (324). C’est une profonde expérience spirituelle de contempler chaque proche avec les yeux de Dieu et de reconnaitre le Christ en lui. Alors même que nous rêvons de perfection, les familles sont une réalité terrestre marquées par les fragilités et les limites. Consolant et stimulant ! Nous sommes appelés à grandir pas à pas dans l’amour.

Conclusion : 5 points forts qui traversent Amoris Laetitia

1/Le regard que le Pape porte sur les familles qui permet de contempler le Christ vivant dans tant d’histoires d’amour. Cela rejoint le regard de Jésus qui a regardé avec amour et tendresse les femmes et les hommes qu’il a rencontrés tout en annonçant les exigences du Royaume. Il lance un appel à contempler chaque proche avec les yeux de Dieu et reconnaitre le Christ en lui. Le regard du Pape n’est pas un regard abstrait à partir d’énoncés doctrinaux mais un regard de foi et d’amour sur les personnes en chemin.

2/La logique du don : tout au long de l’exhortation,  l’amour est un don (cf 1Jean 4/7), le mariage est un don (61), le sacrement est un don (72), les enfants sont un don (223), la dimension érotique qui embellit la rencontre des époux est un don (152), la loi est un don (295) car qu’elle est faite pour aider à vivre et non pour condamner. Et l’accueil de ces dons est source de fécondité pour toute la famille et donc pour l’Eglise

3/La pédagogie divine (cf 78) renvoie à la manière dont le Dieu de l’alliance se rend présent et accompagne son peuple dès le début bien qu’il va d’infidélité en infidélité. Il ne dit pas : « Il faut que tu changes et nous reprendrons le chemin ensemble », mais l’inverse. Nous sommes invités à sortir d’une vision binaire (tout ou rien) et à discerner les signes de la présence de Dieu dans la vie de ceux qui sont sur notre route, par exemple, les divorcés remariés, et à les accompagner sur leur propre chemin de conversion et de sainteté. Le Pape parle de la logique de l’intégration (296-299), la logique depuis le début de l’Eglise (296) et pour tout le monde (297). C’est la clé de l’accompagnement pastoral des personnes en chemin.

4/Nous sommes tous sous la miséricorde, nous sommes tous des familles en chemin et avons tous besoin de miséricorde. C’est ce que Jésus a voulu faire découvrir à travers l’épisode de la femme adultère: (305). Un pasteur ne peut se sentir satisfait en appliquant seulement des lois morales pour ceux qui vivent des situations « irrégulières » comme des pierres lancées à la figure des gens. C’est le cas des cœurs fermés qui se cachent ordinairement derrière les enseignements de l’Eglise pour d’asseoir sur la cathèdre de Moïse. En croyant que tout est blanc ou noir, nous fermons parfois le chemin de la grâce et de la croissance et nous décourageons des chemins de sanctification qui rendent gloire à Dieu. Rappelons-nous qu’un petit pas, au milieu de grandes limites humaines, peut-être plus apprécié de Dieu que la vie extérieure correcte de celui qui passe ses jours sans avoir à affronter d’importantes difficultés (308). Je comprends ceux qui préfèrent une pastorale plus rigide qui ne prête à aucune confusion. Mais je crois sincèrement que Jésus-Christ veut une Eglise attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité, une mère qui ne renonce pas au bien possible, même si elle court le risque de se salir avec la boue de la route(310). Nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde. La miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Eglise. Nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs. Mais l’Eglise n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile. (311). Nous posons tant de conditions à la miséricorde que nous la vidons de son sens concret et de sa signification réelle et c’est la pire façon de liquéfier l’Evangile. La miséricorde de Dieu est imméritée, inconditionnelle et gratuite (297)!

5/L’attention aux plus fragiles est au centre de son exhortation. Dans l’histoire du Peuple de Dieu, l’attention aux pauvres, à la veuve et à l’orphelin est au cœur de la révélation. Le Pape François nous invite, nous aussi, à avoir ce regard privilégié envers les plus fragiles (47) :  Je veux souligner que l’attention portée, tant aux migrants qu’aux personnes diversement aptes, est un signe de l’Esprit. Car les deux situations sont paradigmatiques : elles mettent spécialement en évidence la manière dont on vit aujourd’hui la logique de l’accueil miséricordieux et de l’intégration des personnes fragiles (49). Le cœur de l’exhortation : “dans les situations difficiles que vivent les personnes qui sont le plus dans le besoin, l’Eglise doit surtout avoir à cœur de les comprendre, de le consoler, de les intégrer, en évitant de leur imposer une série de normes, comme si celles-ci étaient un roc, avec pour effet qu’elles se sentent jugées et abandonnées précisément par cette Mère qui est appelée à les entourer de la miséricorde de Dieu. Ainsi au lieu de leur offrir la force régénératrice de la grâce et la lumière de l’Evangile, certains veulent en faire une doctrine, la transformer en pierres mortes à lancer contre les autres. Dans chaque chapitre, le Pape consacre une bonne partie de son attention aux familles blessées, en crise, ou en situation dite « irrégulière » car ce sont ceux-là qu’il faut accompagner en priorité. (291). N’oublions pas que souvent la mission de l’Eglise ressemble à celle d’un hôpital de campagne !

L’équipe des Amis de La Vie de Corrèze