Ils font la vie : Olivier Nouaillas pour les nuls

Photo. O.Nouaillas_resultatIl sera notre invité à la session de Belley (01) sur le thème « Transition écologique et mondialisation » les 31 janvier et 1er février. Olivier Nouaillas, chargé des questions d’environnement à La Vie, vient de publier « Le changement climatique pour les nuls » et prépare le Palmarès annuel de l’écologie de La Vie.

 

 

Par quels détours t’es-tu spécialisé dans les questions d’environnement ?

Dans les années 1980, j’ai couvert le début de la désindustrialisation de la France avec des reportages sur les chantiers navals de la Ciotat, à Longwy, en tant que journaliste d’information sociale. Mais ma prise de conscience de la première candidature d’un écologiste à la présidentielle de 1974. Il s’agissait de René Dumont à qui je dédie mon livre. J’avais 18 ans et pas encore le droit de vote. Pour moi, la vraie écologie est toujours en lien avec le social. L’écologie n’est pas faite pour les bobos. Un abonnement à Vélib’ à 29 euros par an, ce n’est pas réservé aux bobos.

Olivier Nouaillas publie un livre pour comprendre les enjeux climatiques et aider les lecteurs à agir.
Olivier Nouaillas publie un livre pour comprendre les enjeux climatiques et aider les lecteurs à agir.

Comment abordes-tu ces sujets dans La Vie ?

En me référent au fameux slogan : agir localement et penser globalement. Dans la partie « Bien vivre », je suggère que chacun porte une responsabilité en consommant local, en jardinant sans pesticide, en isolant sa maison. Dans la partie actualité, je traite des grandes questions comme le changement climatique ou des sujets plus conflictuels comme Notre Dame des Landes. Mon blog, Planète verte , que j’ai démarré lors du Sommet de la Terre de Copenhague en 2009, a d’ailleurs pour sous-titre « Du changement climatique à la sobriété heureuse ».

En quoi la transition écologique est-elle liée à la mondialisation ?

Je ne connais pas un seul gros problème écologique qui peut se résoudre dans le cadre de frontières nationales. Cela nous oblige, si on prend le climat, à une solidarité mondiale. Pour encourager les circuits courts de fabrication et de distribution des biens et des aliments, il faudra certainement passer par une taxe carbone mondiale. Évidemment, les pays d’Afrique et du sud en général sont particulièrement touchés par les phénomènes climatiques mais nous ne serons pas épargnés.

Nous recevons parfois des lettres de lecteurs très sceptiques sur la faisabilité technique de la transition énergétique. Que leur répondre ?

Quel que soit le dossier, y compris le plus polémique comme le nucléaire, le mot clef, c’est bien le mot transition. Nous n’allons pas passer du jour au lendemain à une société dévoreuse d’énergie à une société sobre, ni réduire en quelques années la part du nucléaire dans la production d’électricité de 80 % à 0 %.

Un sondage récent montre que la proportion de de Français convaincus de la réalité du changement climatique est passée en 10 ans de 66 à 75 %, soit 3 sur 4. Le GIEC regroupe des scientifiques de 195 pays. Leurs rapports sont adoptés à l’unanimité. Comment imaginer un complot qui obligerait un climatologue chinois à se mettre d’accord avec un climatologue américain ? En revanche, le lobbying de l’industrie pétrolière pour alimenter le scepticisme en la matière a été mis en évidence par des enquêtes sérieuses.

Contrairement aux pays anglo-saxons, il y a en France un consensus sur le constat. Les modalités de la transition font partie du nécessaire débat. Quelle est la part de l’énergie renouvelable ? Comment éviter que les panneaux solaires soient en concurrence avec des terres cultivables ? Où implanter des éoliennes ? Mon travail de journaliste, c’est de faire exister ce débat.

Propos recueillis par Dominique Fonlupt