Lors de la conférence inaugurale du 12 juin 2019, l’économiste Driss Aïssaoui a dressé un panorama de la société marocaine contemporaine. Zoom sur cinq chiffres clés.
8 : c’est le nombre de femmes dans le gouvernement marocain. Elles représentent 1/5e du gouvernement en place. Il s’agit de trois femmes de plus qu’au sein du gouvernement précédent. Leur nombre se renforce d’années en années, même si hormis Bassima Hakkaoui qui siège au poste de Ministre de la Famille, de la Solidarité, de l’Egalité et du Développement social, les femmes restent cantonnées aux postes moins importants de secrétaires d’État. La parité n’est pas encore respectée mais reste un objectif du gouvernement marocain dans les années à venir (suite à la politique plus libérale du roi Mohammed VI).
20 % : il s agit du pourcentage de la surface agricole utile au Maroc. Cette superficie représente 9 millions d’hectares sur 44.655 millions de superficie totale du territoire marocain (sans compter le Sahara occidental, dont la revendication fait encore l’objet de contestations). Avec son climat méditerranéen, le Maroc est une terre d’agriculture qui possède un énorme potentiel d’exploitation. Le roi Hassan II (1929-1999) en avait d’ailleurs fait son objectif premier. Cette agriculture se veut à la fois traditionnelle et moderne. Exploitées par des autochtones marocains et des collectivités ethniques « depuis la nuit des temps » selon l’économiste et analyste politique Driss Aïssaoui (présent à l’Université d’été des Amis de La Vie), ces terres sont gérées par des dahirs, lois suprêmes et décrets fixés par le roi, organisant leur répartition et leur gestion. La répartition actuelle des terres résulte en majorité du dahir de 1919, pris par le roi Hassan II. L’agriculture est le premier pourvoyeur d’emplois du pays et fait vivre 40% de la population active.
3 personnes sur 10 : il s’agit de la proportion de personnes analphabètes au sein de la population marocaine. Le taux d’analphabétisme a diminué de deux tiers en un demi siècle, passant de 87% en 1960 à 32% de nos jours, selon le Haut Commissariat au Plan. Le taux d’analphabétisme reste deux fois plus important pour la population féminine par rapport à la population masculine (respectivement 41,9% contre 22,1%). Cette nette amélioration résulte de la réforme du système éducatif du gouvernement actuel visant à atteindre le taux symbolique de 20% d’analphabétisme à l’horizon 2021. Le gouvernement compte atteindre cet objectif en améliorant le taux d accès a l enseignement supérieur, ainsi qu’en renforçant la qualité de son enseignement.
10 % : C’est le pourcentage de chômage au sein de la population marocaine, selon les derniers chiffres du Haut-commissariat au plan. Le chômage touche principalement les jeunes âgés de 15 à 24 ans, avec un taux de chômage de 24,1%. Le manque de création d’emplois par rapport au nombre de jeunes entrant sur le marché du travail en est la principale raison. Même les jeunes diplômés ont des difficultés à trouver un emploi. Ils sont souvent peu qualifiés et pâtissent des défaillances du système éducatif en place et de son inadéquation avec le marché du travail. Le chômage touche également davantage les femmes, notamment parce que les familles ont encore tendance à favoriser les garçons dans l’accès aux diplômes.
3 : Le Maroc repose sur l’exploitation de 3 énergies principales. L’uranium, l’énergie solaire et l’énergie éolienne. Le Maroc est une terre riche en phosphate, ce qui permet la production d’uranium. Il s’agit d’ailleurs de la principale énergie exploitée. Possédant plus de 75% des ressources mondiales de phosphate, le Maroc est le troisième producteur mondial, derrière les États Unis et la Chine. Grace à son climat, le Maroc est surtout une terre pleine de potentiel concernant les énergies renouvelables, principalement l’énergie solaire et l’énergie hydroélectrique. Le gouvernement commence à peine à investir dans ce domaine. D’ici 2020, le gouvernement souhaite investir 8,95 milliards de dollars, soit près de 156 milliards de dirhams, qui générera quelques 50.000 emplois, pour l’exploitation de ces ressources. Il est en passe de devenir l’un des premiers pays producteur d’énergie verte.
Texte : Guillaume Bellenoue