[Recette] « chāï binna‘nā‘ », le thé « aussi doux que la vie »

Nour-Eddine, le gardien de l’institut Al Mowafaqa (Rabat), a accepté de nous donner sa recette “secrète” du thé à la menthe.

(©Guillaume Bellenoue)

Le thé à la menthe est bel-et-bien devenu un rituel phare du quotidien des Amis de la Vie lors de l’université d’été 2019 à Rabat. Les Marocains ont en effet l’habitude de se retrouver aux terrasses des cafés pour partager ce moment convivial et ce, à toute heure de la journée. Pour les visiteurs, sa consommation devient essentielle, au point d’être inscrite dans le programme de la journée. Il suffit de tremper les lèvres dans cette boisson très sucrée pour ne plus pouvoir s’en passer.

(©Guillaume Bellenoue)

Nour-Eddine, le gardien de l’institut œcuménique Al Mowafaqa, a tenu à apaiser notre inquiétude de devoir s’en priver à la fin de la semaine. Il nous a ainsi offert un véritable cadeau à emporter dans nos valises : la recette du thé à la menthe marocain, « chāï binna‘nā‘ » (
« شاي بالنعناع » ).

Pour la réussir, un seul ustensile reste indispensable. La théière marocaine en fer blanc, qui se caractérise par un bec verseur fin. Elle permet de faire bouillir le thé et de le verser, tout en gardant la menthe et les grains de thé en son sein. Le chaï se sert d’ailleurs dans de simples verres plutôt que dans des tasses, afin de pouvoir en surveiller la couleur dorée.

  • Faites premièrement bouillir de l’eau dans une simple casserole.
  • Mettez une petite poignée de thé vert en copeaux dans la théière marocaine mise de côté, dans laquelle vous pouvez aussi ajouter un bouquet de menthe fraîche lavée. Si vous avez eu l’honneur de pouvoir goûter au thé de Nour-Eddine, sa marque de thé vert de prédilection est le thé « Sultan ».
  • Versez l’eau bouillante dans votre théière et remettez-la sur le feu. Faire bouillir votre thé fait ressortir une légère mousse, indice du développement des saveurs. Lorsque la théière bout, écartez-la du feu.
  • C’est là qu’intervient la touche secrète de Nour-Eddine. Il verse un premier verre de thé et le met de côté. Il ajoute ensuite un deuxième bouquet de menthe fraîche, après l’avoir légèrement écrasée entre ses mains pour en faire éclater le goût. Trois larges morceaux de sucre blanc y sont également ajoutés. Il reverse alors le verre de thé dans la théière, et répète ce processus deux fois afin de mélanger les ingrédients sans en modifier le goût.


« Le premier verre est aussi doux que la vie. Le deuxième est aussi fort que l’amour. Le troisième est aussi amer que la mort »


Le « chāï binna‘nā‘ » marocain est généralement servi par les hommes de la maison pour symboliser l’accueil. Le servir en éloignant la théière vers le haut permet non seulement de former une légère corolle de mousse mais aussi de marquer son respect et sa bienveillance à ses hôtes. Les saveurs du thé changent au fil des verres et de son infusion, partant du plus sucré à presque piquant. Ce proverbe maghrébin décrit les trois verres de thé à la menthe : « Le premier verre est aussi doux que la vie. Le deuxième est aussi fort que l’amour. Le troisième est aussi amer que la mort ».

Texte : Aloïs Aguettant