Noëlle Dalsace, portrait d’une professionnelle de la danse contact

Dans l’atelier de Noëlle Dalsace à l‘université d’été, des Amis de La Vie ont expérimenté la danse contact improvisée. Née dans les années 70 aux Etats-Unis, cette pratique passe par le toucher, les sensations et l’improvisation.

 © MaïthéThouvard
© MaïthéThouvard

« Il y a 15 ans, lorsque j’ai découvert la danse contact ça m’a bouleversée. J’ai soudain trouvé le sens de mon existence. » Noëlle Dalsace est une femme aux grands yeux bruns et à la voix douce, pas très grande, elle dégage une vraie présence. Après l’atelier du lundi 11 juillet, elle se livre : « j’ai découvert que quand je touche, je suis touchée et ça m’a donné le goût de créer, de danser encore plus ». Suite à cela, la danseuse est partie se former aux Etats-Unis avec Nancy Stark Smith, une des pionnières dans ce domaine. Puis, elle est rentrée en France et a continué de pratiquer et d’animer des stages et ateliers.

Noëlle explique que la danse contact n’est pas une danse qui se montre mais qui s’expérimente. « J’aime cette discipline car elle est très physique, elle développe les sens et éveille la conscience. Elle augmente la capacité à comprendre et appréhender la vie. » De fait, la danse contact est spontanée. Les danseurs n’intellectualisent pas leurs mouvements : ils se connectent à ce qu’ils sentent et observent. Ils apprennent à suivre ou non leurs envies de jouer, de toucher, d’occuper l’espace. En danse contact, il n’y a pas d’ambiguïté entre les danseurs, tout est mouvement et seulement mouvement.

Réveiller la spontanéité de l’enfance 

L’artiste confie avoir toujours gardé en elle cette part d’enfance qui lui donne envie de jouer avec son corps. « Par exemple, la vue d’un joli carré d’herbe me donne envie d’aller rouler dessus. » Et ce sont précisément ces réflexes enfantins que réveille la danse contact car les danseurs retraversent toutes les étapes du développement de l’enfant lors de leurs improvisations.

Il faut alors accueillir cette spontanéité qui se réveille en soi et la suivre en se reliant à l’autre dans ses mouvements et déplacements. Il s’agit là de la première étape dans la danse contact. Avec d’autres danseurs Noëlle va plus loin : ils choisissent de mettre cette spontanéité aussi dans leur voix ou parfois dans le rire, toujours en dansant.

Une danse à la limite de l’art-thérapie

Noëlle Dalsace insiste sur le fait que cette pratique n’est pas une thérapie. Bien évidemment, tous ces mouvements, cette énergie et ces touchers réveillent des émotions. Il s’agit de les accepter et aussi de ne pas s’y arrêter, sinon il n’y a plus de danse. Pendant l’atelier, elle montre plusieurs techniques pour se recentrer sur l’instant : s’appuyer contre un mur, faire claquer ses mains sur celles du voisin. « Avec des pratiquants réguliers de la danse contact on « débriefe » parfois les émotions ressenties pendant une danse. Mais on ne va jamais plus loin, de toute façon une émotion c’est juste le tout début d’une prise de conscience qui peut venir bien plus tard. »

La danseuse et spécialiste observe une évolution de la danse contact actuellement. Elle l’explique par le fait que notre société a maintenant les moyens du bien-être : « avant cette dance était pour avancer, bousculer les normes et rechercher. Comme dans un courant philosophique. Désormais, l’approche évolue : les pratiquants recherchent davantage la bienveillance et de bonnes sensations. »

Maïthé Thouvard