Rémi Roux : “la mode bobo, c’est le chimique, pas le commerce équitable !”

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Rémi Roux

Jeune journaliste à l’université d’été des lecteurs de La Vie, j’ai interrogé Rémi Roux, le fondateur de l’entreprise coopérative Ethiquable, à la suite de son atelier : « Le commerce équitable, une niche à Bobos ? »

Qu’est-ce que le commerce équitable ?

L’idée du commerce équitable, c’est de soutenir le développement. Il permet un échange durable et direct avec le producteur. Nous achetons la matière première à un prix toujours supérieur au cours mondial. Ma ligne de produit s’appelle Ethiquable. Il s’agit d’une société coopérative et participative (SCOP) qui appartient aux salariés et dont les bénéfices leur reviennent.

DSC_0553_resultatAvez-vous dû faire face à des critiques concernant Ethiquable ?

On nous a reproché de ne pas avoir le logo Agriculture Biologique (AB) et de ne rien faire pour les paysans français. Aujourd’hui nous avons le logo et nous avons sorti la gamme « Paysans d’Ici », qui est du commerce équitable français.

Ensuite, nous rencontrons souvent de la méfiance à propos du terme « commerce équitable ». Je dirais juste que nous sommes nous-même une coopérative et non un outil d’enrichissement personnel. On peut avoir une confiance réelle en la marque.

Ethiquable est une marque un peu plus chère que la moyenne, pourquoi ?

C’est normal. Nous achetons les matières premières aux producteurs beaucoup plus cher. Lorsque le cours mondial était à 50 $, nous achetions à le café à 120$. Nous sommes donc forcément plus cher, mais la qualité de nos produits va de pair.

“la mode des bobos, c’est le chimique”

Rémi Roux face à des Amis de La Vie, le lundi 6 juillet à l'université d'été.
Rémi Roux face à des Amis de La Vie, le lundi 6 juillet à l’université d’été.

Vos produits sont-ils effectivement une “niche à bobos” ?

Je pense que la mode bobo, c’est plutôt les téléphones portables, qui n’existaient pas il y a 20 ans, et dont on ne peut plus se passer. L’agriculture biologique existe depuis 10 000 ans ! La mode des bobos, c’est le chimique, qui n’est là que depuis 60 ans, pas le commerce équitable ! On ne produit pas plus, on pourrit la terre et notre santé. Le premier critère des fruits et légumes est devenu la transportabilité. Sympa hein ?

 

 

Que faire pour sortir de ce cliché, commerce équitable = bobos ?

On arrivera à sortir de ce cliché en montrant la qualité de nos produits. Lorsque vous êtes invités chez des gens, vous ne venez pas avec une bouteille de vin constituée d’un mélange entre du Bordeaux, du Beaujolais et du Côtes du Rhône ! C’est pareil pour le chocolat. Chez Ethicable nous ne faisons pas de mélange. Nous devons prouver que nous sommes aussi professionnels que les multinationales.

Est-ce que vous utilisez de l’huile de palme dans vos produits ?

L’huile de palme est beaucoup moins chère que les autres et très pratique industriellement parlant. Hélas, sa production entraîne  la déforestation. Nous avions trouvé une solution avec de l’huile de palme bio, issue d’une forêt écolo gérée. Les producteurs replantent au fur et à mesure qu’ils coupent donc nous n’avions pas de problème écologique. Mais, il y a une telle mentalité anti-huile de palme que nous avons dû arrêter.

Désormais, nous achetons de l’huile de tournesol qui vient d’Argentine et des États-Unis et qui doit faire un trajet de 10 000 kilomètres pour venir au Pérou et en Équateur. C’est bête. Il valait mieux que l’on fasse notre huile de palme sur place.

Aline Stroebel