Belley 2015 : Repenser l’énergie, une mise en perspective par Paul Malartre

Paul Malartre, le président des Amis de La Vie.
Paul Malartre, le président des Amis de La Vie.

À Belley (01), les participants à la 13ème session des Amis de La Vie sur la mondialisation ont découvert que face à la crise climatique, la transition énergétique est déjà une réalité et que tous les citoyens peuvent en être les acteurs dès maintenant. Une mise en perspective, par Paul Malartre.

Voir aussi les brèves interviews vidéo des intervenants

et

Belley 2015 : paroles d’amis de La Vie (vidéo)

Repenser l’énergie : une mise en perspective du week-end de Belley

– Des observations

1- Un temps de bascule ?

À propos d’énergie, nous avons d’abord ressenti au cours de ce week-end que nous sommes à un moment-charnière, que rien n’est perdu mais que rien n’est gagné. Nous en avons trouvé l’illustration, au fil des interventions, par des questionnements antinomiques : si nous disons non à la croissance faut-il souhaiter la décroissance ? comment éviter les gaspillages d’énergie et en même temps exploiter des gisements méconnus ? comment concevoir un durable qui n’est pas forcément… durable ? comment faire mieux avec moins ? comment rendre le bio abondant ?  doit-on considérer les problèmes écologiques comme des contraintes ou comme des opportunités ? les territoires sont-ils des déserts ou des potentiels ? sobriété ou ébriété énergétique ?

2- Transition ?

À propos de l’énergie et de l’écologie le mot « transition » ne manque pas d’une certaine ambiguïté : il peut évoquer un passage en douceur. Ce mot revêt en ces domaines un sens beaucoup plus fort. Nous avons noté que tous les intervenants l’ont traduit par « changement » : changement de regard sur la création ; changement de modèle ; changement d’époque.

Ainsi ne sommes-nous pas invités à une adaptation progressive et indolore mais à une remise en cause de nos comportements individuels et collectifs.

3- L’énergie…ça va loin.

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Conférence publique à Belley avec Hélène Le Teno, Olivier Nouaillas, Dominique Fonlupt et Vincent Fristot.

Nous avons un peu plus mesuré au cours de ce week-end que l’énergie et l’écologie font se rencontrer la proximité et l’universel. Un accord écologique ne peut être seulement national. La notion de frontière, si l’on ose dire, s’évapore. Nous avons au cours de ces deux jours réalisé un peu plus l’importance de ce qui se jouera en France en décembre 2015 à l’occasion de la conférence mondiale sur le climat.

Nous avons observé aussi la diversité des conséquences des choix énergétiques et écologiques : sur l’agriculture, sur l’habitat, sur la qualité de vie, sur l’acheteur et le consommateur. Les enjeux ne sont pas seulement environnementaux, mais aussi politiques et économiques. Les enjeux sont également sociaux avec la création possible de nouveaux emplois en grand nombre.

Nous repartons convaincus, s’il en était besoin, que l’écologie n’est pas un gadget pour « écolos », mais qu’elle concerne tout citoyen et toute organisation. Nous avons même pensé, en écoutant les interventions, que l’écologie était une donnée trop importante et trop vaste pour la confier à un seul parti politique…

– Des pistes d’action :

1- Il est encore temps d’agir.

Si nous ne devions retenir qu’une idée-force de ce week-end, c’est que nous y pouvons quelque chose. D’abord par une mobilisation personnelle, en particulier dans nos choix domestiques, qui peut être vertu d’exemple ; ensuite par une mobilisation citoyenne qui, à partir du vivre ensemble, nous engage à faire ensemble.

Nous avons apprécié la présentation de réalisations très concrètes pour économiser l’énergie. Ces réalisations ne demandent qu’à être développées , puisqu’elles n’offrent pas le prétexte d’être inaccessibles. Elles sont même à la portée de tous, d’abord dans notre vie quotidienne.

Nous sommes alors invités à assumer notre responsabilité comportementale, personnelle et collective, en faisant preuve tout simplement de bon sens.

2- Quelles suites pour l’association des Amis de La Vie ?

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Conférence dans la salle des fêtes de Belley le 31 janvier.

Une trentaine de personnes, à l’appel de l’association, participeront fin mars 2015 au Forum Social Mondial à Tunis. Ils feront une nouvelle expérience de ce que peut être, pour l’avenir de notre planète, une sratégie mondiale, morale et citoyenne.

En juin 2015 devrait être publiée une encyclique du Pape François sur l’écologie. Ce week-end a renforcé notre intérêt et notre curiosité dans l’attente de ce signe fort de l’Eglise.

L’Université d’été des Amis de La Vie, en juillet prochain, voudrait faire émerger, au cœur de toutes les mutations de notre société et de notre monde, des ingéniosités collectives qui puissent révéler que les transitions, comme la sobriété…, peuvent être heureuses.

Fin août 2015, des Assises chrétiennes de l’écologie auront lieu à Saint-Etienne. La Conférence des évêques de France soutient cette initiative dont le journal La Vie sera coorganisateur à l’occasion de ses 70 ans .

Ces temps-forts, après celui que nous venons de vivre à Belley, viendront ponctuer l’année des 15 ans de notre association.

3- Horizon 2050.

C’est une date-repère qui a souvent été avancée dans les interventions. Certes nous ne sommes pas tous sûrs de pouvoir vérifier en 2050 l’état des lieux de notre planète… Mais toute action pour repenser efficacement l’énergie s’inscrit dans la durée . Nous sommes dans le « pas encore » et pourtant dans le « déjà là ». Les décisions, et surtout les non-décisions, engagent l’avenir à long terme. Le Pape Benoit XVI, dans son encyclique « L’amour dans la vérité », rappelait que le thème du développement nous crée des devoirs à l’égard des générations futures et de l’humanité toute entière.

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Table ronde à la maison Saint-Anthelme dimanche 1er février.

Ces échos et perspectives d’un participant ne peuvent à eux seuls refléter toute la richesse de ces journées studieuses et conviviales . Mais je sais pouvoir me faire l’interprète de tous les présents en remerciant vivement le groupe des Amis de La Vie de Lyon pour la qualité de l’organisation et des contenus, pour la pertinence du choix des intervenants. Nous avons vécu ce qui ressemble vraiment à notre association : un temps d’instruction, d’échanges et de débats, une interpellation à ne pas repartir comme nous sommes arrivés, une volonté partagée de refuser le fatalisme.

Il s’est dégagé de cette journée une énergie positive et, nous l’espérons, une énergie… renouvelable.

Nous laisserons le mot de la fin à Pierre Rabhi, dans l’une des phrases qui étaient proposées à notre méditation . Elle exprime l’essentiel du message de « Belley 2015 » :

« Il nous faudra répondre à notre véritable vocation, qui n’est pas de produire et de consommer jusqu’à la fin de nos vies, mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes ».

Paul Malartre

Président des Amis de La Vie