Chantal Vinson, une Amie du groupe de la Manche, nous fait part dans ce billet de ses impressions lors de l’université d’été qui s’est déroulée à Nantes du 10 au 15 juillet.
Quel feu d’artifice les Amis de La Vie nous ont offert pendant cette université d’été de Nantes ! Je dois avouer que son titre seul « L’art, création de soi, création du monde » ne m’aurait pas forcément incitée à m’y inscrire, si d’autres raisons ne m’y avaient poussée, car je ne suis pas une artiste…
Mais, du coup, j’ai beaucoup reçu, étant, a priori, ouverte à tout ! Et comme nous l’a si bien transmis Colette Nys-Mazure, poète et écrivaine, dans sa relecture de la semaine, je me suis sentie appelée à « entrer en art », comme elle l’avait proposé, dans le passé, à un groupe de jeunes maçons, qu’elle a accompagnés dans un projet d’expression à partir de photos, et qui n’osaient pas s’emparer d’un sujet artistique : « vas-y, entre, c’est pour toi ! ».
Pour rencontrer l’art, nous avons reçu et donné. Nous avons reçu des intervenants qui se sont mis à notre portée : l’historienne Sylvie Barnay, l’architecte de l’anneau de la mémoire à Notre-Dame-de- Lorette, Philippe Prost, le guitariste Emmanuel Rossfelder, le comédien Jean-Marie Lorvellec qui a mis en scène une méditation poétique, René Martin, créateur de la « Folle Journée » de Nantes (qui ouvre les chemins de la musique classique à tous, en allant au-devant des jeunes dans les écoles et des détenus en prison) et la pianiste Claire-Marie Leguay, admirable interprète et pédagogue… pour ne citer que quelques-uns des intervenants qui nous ont balisé le chemin vers des œuvres d’art musicales, plastiques, architecturales, poétiques…
Émerveillements
Nous avons beaucoup reçu, également, de personnes handicapées lors d’une chorégraphie entre Amélie et sa maman et d’un témoignage du maire adjoint à la Culture de Nantes d’une telle intensité que je me suis demandé si c’était lui ou moi qui portait le handicap !
De façon étonnante, ces personnes qui nous ont émerveillés, nous ont fait comprendre qu’en recevant leur message par notre écoute, notre attention, notre admiration, nous leur donnions de l’énergie pour donner le meilleur d’elles-mêmes ! Alors, qui donne et qui reçoit ? Probablement chacun à tour de rôle…
Mais l’alchimie de l’université d’été des Amis de La Vie a, une nouvelle fois, opéré, par « l’art de la rencontre » ! Oui, nous avons été reçus, accueillis (avec des sachets de fleur de sel de Guérande !), animés, cocoonés, servis, accompagnés dans nos parcours de découvertes de Nantes… par le groupe de Paris et l’équipe de Nantes qui se sont mis en quatre pour que les 300 participants se sentent chez eux dans cet établissement scolaire de St Joseph du Loquidy !
Un sourire à toute épreuve, des solutions à tous les problèmes qui, obligatoirement, surgissent à un moment ou à un autre dans une telle entreprise… La rédaction éphémère des jeunes journalistes, encadrée par Pauline Hammé, nous a de nouveau étonnés, par sa capacité à intégrer immédiatement les codes de présentation d’une « revue de presse » ! Dominique Posca, comédienne, a réussi le tour de force de monter en 8 heures un superbe spectacle avec un groupe de 15 enfants et jeunes entre 7 et 16 ans ! Ce groupe encadré par Marie-Laure, aidé de 5 jeunes se préparant à partir aux JMJ de Cracovie, a vécu une expérience forte de vie commune en parallèle de la vie des adultes, et réjoui parents, grands-parents et participants par leurs prestations spontanées d’un soir, ainsi que par leurs talents d’acteurs !
Mais qu’avons-nous donné en tant que participants pour que nous ayons vécu « l’art de la rencontre » pendant ces 5 journées ? J’ai personnellement vécu un moment privilégié le jeudi, appelé « échanges en petits groupes ». La proposition consistait à constituer des groupes de quelques personnes pour partager une expérience récente ou ancienne d’une émotion artistique liée à un contexte, qui nous avait marqués. Chacun a pu s’exprimer de façon très personnelle. L’instant le plus étonnant de ce partage a été lorsque l’une d’entre nous a présenté timidement sa production (à partir d’un poème). Elle a eu une prise de conscience au moment où plusieurs participants du groupe ont exprimé de l’émerveillement devant sa création artistique. Son sourire exprimait l’émotion avec laquelle elle accueillait ces signes de reconnaissance !
« Devenez ce que vous recevez »
Par l’art, nous parlons de notre quête de sens. Le « fil rouge » dévidé par Paul Malartre, nous en a tracé le chemin tous les matins en nous donnant, avec talent, des clés de compréhension de ce que nous avions vécu la veille… Le « Passage Sainte Croix » à Nantes, dédié aux arts, permet à tous de déambuler, de cheminer en se questionnant… La poésie peut enchanter le monde : Jean-Pierre Denis, intervenant parmi nous, nous a confié que sa véritable vocation était la poésie (le journalisme étant sa « couverture » !). Parlant de l’art, il nous a déclaré : « ce qui ne sert à rien nous est indispensable !», confortant l’intuition des concepteurs de l’université de Nantes sur le choix du thème, comme « essentiel » ! L’art des icônes et celui de créations étonnantes comme cette « Résurrection » – mosaïque en suspension – réalisée par une artiste incroyante, a été saluée par Dominique Fonlupt comme l’œuvre d’« un merveilleux passeur », nous mettant en communion avec l’invisible…
Souffle, émotion, communion ont aussi abondé pendant cette université d’été, à travers les méditations du matin et la célébration du vendredi avec des chants polyphoniques. L’un d’eux, très connu, a résonné en moi avec une saveur nouvelle : « devenez ce que vous recevez » à vivre à travers la communion eucharistique, mais aussi dans la communion avec la beauté.
A l’issue de cette université d’été, nous rapportons la mission de faire grandir en nous l’artiste insoupçonné, dans un monde chaotique, particulièrement en ce matin du 15 juillet, après l’attentat de Nice… « Dans ce monde, nous marchons sur le toit de l’enfer et nous regardons les fleurs » : le choc des mots de cet haïku exprime fortement les paradoxes de la vie dans lesquels nous sommes plongés, et dont nous cherchons le sens aux Amis de La Vie, à travers nos rencontres et notre hebdomadaire « La Vie » !
Chantal Vinson