Nantes, ville de culture et d’ouverture

Dans une époque de coupes budgétaires, où la culture passe souvent à la trappe, la mairie de Nantes détonne. Depuis près de 30 ans, elle se distingue des villes avoisinantes dans son combat quotidien pour conserver un budget culturel constant. Retour sur l’échange avec David Martineau, adjoint municipal en charge des affaires culturelles à Nantes.

Commande - Université d'été des Amis de La Vie-Gasarian
Aux Mâchines de l’île à Nantes, on se balade à dos d’éléphant mécanique. © Michel Gasarian

Adjoint à la culture depuis deux ans, David Martineau a accepté d’intervenir lors de l’université d’été des Amis de la Vie pour exposer les problématiques auxquelles sa mairie est confrontée. Il a également évoqué la politique de médiation culturelle mise en place par Nantes.

Le premier objectif de la politique culturelle nantaise est de démocratiser la culture sous toutes ses formes et auprès de tous les publics. Pour David Martineau, « faire tomber la barrière tarifaire ne suffit pas, il faut aussi s’attaquer à la barrière symbolique », une résistance invisible qui consiste à penser que l’on ne mérite pas certaines formes de culture. Afin de démystifier les lieux de culture, des actions de médiation culturelle sont mises en place au quotidien.

“La culture doit prendre sa place là où on ne l’attend pas.”

« Cette démarche ne peut se faire ni par injonction, ni par injection », affirme David Martineau, qui fustige une politique culturelle datée où le savoir n’aurait de place que dans les institutions. Pour l’adjoint, aussi responsable d’un des onze quartiers nantais, la culture doit prendre sa place là où on ne l’attend pas. C’est ainsi que des musiciens de l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL) s’invitent dans les maisons de retraite de la ville ou dans les quartiers sensibles.

Sortir de la hiérarchie des cultures
UNIVERSITE D'ETE DES AMIS DE LA VIE 2015, L'ART, CREATION DE SOI, CREATION DU MONDE. LYCEE DU LOQUIDY. NANTES, LOIRE ATLANTIQUE, FRANCE 11, 12, 13 ET 14 JUILLET 2016
La cabine-aquarium du Voyage à Nantes © Michel Gasarian

Pour se produire à Nantes, nul besoin de diplôme : chacun est invité à apporter sa pierre à l’édifice à partir du moment où il y a un propos. Il n’y a pas de sous-culture ni même de classement pour différencier les genres artistiques. De la même manière, David Martineau ne veut pas stigmatiser le divertissement, « une part importante de l’équation culturelle nantaise ». Avec le sourire, il ironise : « le divertissement, c’est la manière un peu hautaine que chacun a pour définir ce qu’il n’aime pas ».

« La spécialité culturelle de Nantes, c’est de ne pas en avoir »

Ce dynamisme qui caractérise la politique culturelle de la Belle Endormie a fait ses preuves, comme en témoigne notamment la chanteuse Christine and the Queens, formée au conservatoire de Nantes et projetée numéro 1 des ventes au Royaume-Uni. De cette politique culturelle entre passé et présent, il résulte une ville dynamique, bercée entre beaux-arts et festivals musicaux, opéra et street art. David Martineau le résume ainsi : « la spécialité culturelle de Nantes, c’est de ne pas en avoir ».

La culture, arme contre le repli sur soi

Nantais de souche et de coeur, David Martineau est convaincu par le rôle que la culture doit jouer dans le développement et l’émancipation des quartiers sensibles. « Je ne crois pas qu’on puisse pousser sans avoir de racines bien implantées », souligne-t-il, rappelant les enjeux de la question de l’identité. À l’instar du Mémorial de l’abolition de l’esclavage, nombreux sont les événements et les institutions qui mettent en avant le métissage de la ville.

« La culture, c’est tous les jours », scande David Martineau, en rappelant l’exception culturelle nantaise. Celle-ci repose sur des politiques publiques co-construites avec la population. En effet, si seuls quelques événements phares sont médiatisés, la culture irrigue tous les domaines et tous les lieux de Nantes, des écoles aux friches industrielles, en passant par les rues fréquentées du centre-ville.

La politique culturelle nantaise en quelques chiffres

  • 7 millions d’euros alloués chaque année aux bibliothèques
  • 1 900 élèves au conservatoire
  • 15 musées

 

Sarah Mesure