Cette semaine, Les Amis de La Vie ont exploré l’art avec leur sensibilité, leur corps et leur esprit. Mais la soirée du 13 juillet, c’est à travers le rire qu’ils ont découvert la guitare classique. Emmanuel Rossfelder est venu jouer pour eux dans l’amphithéâtre de l’établissement Nantais Loquidy. Il leur a ouvert les portes d’un monde musical mal connu avec virtuosité, pédagogie et humour. Reportage.
Le concert démarre dans une ambiance feutrée, Emmanuel Rossfelder présente chaque morceau et son compositeur. Il enchante le public par sa technique et ses interprétations. Le musicien se révèle non seulement à la hauteur de sa réputation mais également très bon pédagogue. Les noms des compositeurs Isaac Albéniz, Francisco Tárrega ou encore Joaquín Rodrigo sont tour à tour mentionnés. Parfois, leur introduction est accompagnée d’une anecdote, toujours illustrée par un morceau qui entraîne le spectateur au cœur de l’Espagne.
Au fil du concert, les anecdotes de plus en plus nombreuses sont empreintes d’une bonne dose d’humour. Le public est captivé, l’atmosphère devient plus détendue. Emmanuel Rossfelder sait sans aucun doute transmettre sa passion aux spectateurs. Il propose même une séance de questions-réponses, hautement appréciée par la salle à en juger les rires et l’intérêt qu’on lui porte à la sortie du concert.
Trop heureux pour la composition
À la question « est ce que vous vous essayez à la composition ? » Il répond « Non, je ne m’essaie pas à cette pratique car comme le dit Lagoya : ” il y a beaucoup de compositeurs contents pour rien” ». Il explique qu’aucune mélodie ne l’habite et qu’il n’entend rien de plus que ce qu’il joue et que c’est peut être une bonne chose car l’acte de création est souvent accompagné d’un passage de souffrance intérieure. Le guitariste se dit trop heureux pour la composition.
« La musique ne me manquerait probablement pas autant que vous l’imaginez, mais je ne pourrais pas me passer du public. »
Emmanuel Rossfelder est toujours très sincère. Lorsque le thème de la semaine « L’art création de soi, création du monde » lui est présenté et qu’une personne lui demande si la musique contribue à la création de lui-même, il réplique: « les cours de philo c’est fini pour moi, alors il m’est difficile de répondre à cette question. Cela dit, s’il y a une chose dont je ne peux pas me passer c’est bien de vous : le public. Je travaille tous les jours ma guitare pour cela. S’il m’arrivait un accident et que je ne pouvais plus jouer de la musique, je deviendrais animateur ou acteur. La musique ne me manquerait probablement pas autant que vous l’imaginez, mais je ne pourrais pas me passer du public. »
Plus qu’un concert, les Amis de La Vie ont vécu une véritable rencontre avec Emmanuel Rossfelder. Un artiste musicien doué, certes, mais aussi un fin pédagogue et grand humoriste à ses heures. Cette recréation musicale s’est terminée sur les très belles paroles du correspondant nantais René Sorin,« je ne sais pas si l’art permet de se créer soi-même, mais la musique permet certainement de créer un monde, qui ce soir nous a enchanté. Merci Emmanuel ».
Maïthé Thouvard