Plusieurs jeunes journalistes de la rédaction éphémère ont participé aux ateliers artistiques, coordonnés par Laurent Poncelet en vue de la soirée de clôture du jeudi soir. Voici leur retour personnel.
Comment clôturer une université des Amis de La Vie riche en questionnements, tant collectifs que personnels ? Le metteur en scène Laurent Poncelet avait bien sa petite idée en relevant le défi d’embarquer à Assise toute l’assemblée dans une grande « célébration-communion » participative… Une création qui a pris forme au cœur des différents ateliers artistiques organisés dans la semaine. Plusieurs jeunes journalistes de la rédaction éphémère ont vécu l’expérience de l’intérieur et reviennent à leur façon sur le chemin qui a conduit au jeudi soir.
Elena Vedere a rejoint l’atelier d’écriture de Geneviève Hubert :
Lundi après-midi, j’intègre le groupe de l’atelier d’écriture. Nous choisissons une table à l’extérieur, sous des arbres. Après une rapide présentation, chacun sort son carnet et son stylo. Les feuilles circulent. Geneviève note nos emplacements et nos noms pour faciliter le dialogue. Elle nous propose un mot : « création ». « Ecrivez ce qui vous vient en tête quand vous pensez à création, ne réfléchissez pas. Il vous faut cinq mots. » Autour de la table, les cerveaux fument. Chacun énonce ses trouvailles, les regards se croisent. « Moi aussi, j’ai mis « art » ! On se ressemble. » Je fais gravement chuter la moyenne d’âge du groupe mais, oui, je leur ressemble.
« Chaos, beauté, jaillir, art, terre » : voilà notre sélection. Un ensemble épars, des sens très différents selon les personnalités. Maintenant, il s’agit de trouver des rimes. Les têtes s’abaissent, les mines effleurent le papier. C’est reparti. L’exercice est plus difficile, mais une longue colonne se dessine sur ma page. Air, enfer, misère, mystère… ma voisine est tout aussi concentrée. Nous remettons en commun, et Geneviève propose un dernier exercice. « A partir des cinq sens, écrivez un texte sur votre rapport à la Terre, sur la façon dont vous touchez autrui, pour le spectacle de jeudi. » L’exercice est plus difficile. Nous partageons nos idées pour créer un texte ensemble. Quel ordre choisir ? Quelles phrases garder ? Un vrai travail d’équipe est requis et nous parvenons à nous synchroniser. L’atelier touche à sa fin, chacun rend son papier. Après deux heures d’efforts, un café est bien mérité !
Dès le lundi, Zoé Caillard partait de son côté dans l’atelier théâtre de Laurent Poncelet…
Avec l’atelier théâtre, nous avons surtout improvisé autour de la beauté de la nature, de la langue italienne, du cantique de Saint François, mais aussi du texte « Le Très-Bas » de Christian Bodin, qui exprimait pour Laurent Poncelet « humanité et fragilité. » La cohésion de groupe que nous avons construit au fil de ces improvisations m’a beaucoup impressionnée. Chacun avait son rôle : les rigolos, les dramatiques, ceux qui déclamaient et ceux qui allaient au-devant du public, ceux qui parlaient italien et ceux pour qui « aqua » voulait tout dire. Finalement, nous nous sommes aperçus le jeudi soir que chaque groupe artistique avait une énergie différente, mais nous nous sommes rejoints avec une cohérence étonnante. On aurait dit que tout était fait exprès, c’était très beau à voir. Laurent Poncelet me confiait que, dans sa démarche de création artistique, il se servait de ce que chacun avait à apporter, sans avoir vraiment préparé à l’avance. Les intervenants avaient ici pour consigne de nous faire exprimer notre rapport physique à la nature, dans une approche sensible, différente du registre plus cérébral de l’université. Je pense que l’énergie et la bienveillance dont tous ont fait preuve au cours de la semaine s’est retrouvée dans cette création et a permis cette connexion entre tous les artistes.
… Tandis que Camille Fraioli et Lou Garnier rejoignaient l’atelier danse d’Alice Minck :
A la base, nous comptions rester cachées derrière notre rôle de journalistes et raconter l’ambiance, le processus de création de la célébration finale. L’atelier danse que nous suivions constituait ainsi un pan entier du spectacle. Très vite, nous y avons pris goût, entourées et encouragées par un flot d’idées, de chorégraphies, de joie et de sourires. Les thématiques des séances étaient en lien avec les sujets abordés durant des conférences. Retranscrire par le corps les instincts primaires, les éléments, l’effondrement, la confiance et l’espérance, tel était l’objectif initial de cet atelier. Pieds nus dans l’herbe, nous nous sommes abandonnées à la musique et au bruit du vent. Les yeux fermés, nous nous sommes laissées guidées par les autres participants au rythme de musiques apaisantes. Un exercice qui nous a tous surpris puisque l’on ne s’attendait pas à autant d’émotions ainsi qu’à la perte de nos repères. Nos corps ont retranscrit, seul ou à plusieurs, des sensations qui s’accordaient intégralement aux thématiques abordées. Lors de la célébration, c’est avec joie que l’on a pu présenter nos différents tableaux aux spectateurs. Ces derniers nous ont même accompagnés lors de danses où l’on percevait une vraie communion. L’organisation des ateliers artistiques ont été une vraie découverte pour nous et à en croire les applaudissements, un vrai succès.