Capitale de l’Hérault, Montpellier rayonne sur le monde médical depuis plus de huit siècles grâce à sa Faculté de médecine. Longtemps implantée dans un ancien couvent dominicain, celle-ci fait désormais peau neuve. Avec la santé à l’honneur de l’université d’été, un retour historique, ainsi qu’une visite, s’imposaient.
Tout a commencé pour Les Amis de La Vie par une conférence, le lundi 2 juillet, de l’ancien doyen de la faculté de médecine Jacques Bringer. Lequel a dressé à son auditoire captivé un panorama détaillé de l’histoire de la médecine montpelliéraine. En effet, si la capitale de l’Hérault a brillé à travers les siècles, c’est d’abord parce qu’elle a été synonyme d’innovation, marquée par un mélange permanent d’influences.
Un carrefour de la science médicale
L’histoire de sa gloire remonte au XIIe siècle, lorsqu’en 1181 le seigneur Guilhem XIII proclame par édit que “Tout homme quel qu’il soit, d’où qu’il soit, a le droit, ici à Montpellier, d’apprendre la médecine”. Cet édit intervient dans un contexte de démocratisation de la médecine, dans une Europe où les maladies épidémiques, telles que la peste, sèment la terreur. Mais ce qui va aussi sceller le destin de la cité, c’est le multiculturalisme dans lequel Montpellier va être plongée 130 ans durant grâce au royaume d’Aragon dont elle est sous tutelle. Le peuple juif qui s’y installe en masse à cette époque importe toute la connaissance anatomique orientale ainsi que les influences d’Hippocrate, de Galien ou encore d’Avicenne.
Ce sont ainsi les esprits les plus brillants qui vont se retrouver à Montpellier pendant les siècles à venir ( Guy de Chauillac, Rondelet, Lapeyronnie, ou encore Barthez).
Et si les étudiants apprenaient trop ?
Si l’histoire de la médecine montpelliéraine se contemple et s’étudie en centre ville, elle s’écrit aujourd’hui dans de tout nouveaux locaux, avenue du Doyen Gaston Giraud.
Deux jours après l’intervention de Jacques Bringer, un groupe des Amis de La Vie est donc parti constater ce lien étroit, hier comme aujourd’hui, entre Montpellier et la médecine. Avec comme guide le Professeur Bernard Hédon, qui enseigne la gynécologie obstétrique aux cinquième années (et fait partie des Amis de La Vie). Lequel n’a pas manqué de présenter avec entrain toutes les nouveautés mises en places depuis l’ouverture en octobre 2017.
Ce désir de réorganisation de l’enseignement au sein de l’UFR médecine Montpellier/Nîmes tire sa légitimité d’un constat unanime de la part des enseignants : les étudiants apprennent trop. Ou du moins pas de la bonne manière…
Le surplus d’informations et de connaissances théoriques que les futurs médecins intègrent dans le cadre du cursus médical se révèlerait néfaste. D’abord parce que la pratique, essentielle à l’application des connaissances, en pâtit. La sélection se fait en effet uniquement par la connaissance théorique. Mais aussi parce que, parfois, les études déshumanisent les futurs médecins et peuvent créer de simples “soignants robots”, incapables d’annoncer les bonnes comme les mauvaises nouvelles à leurs patients.
Les robots entrent à la Faculté
Conséquence : exit la folie des grands espaces ! Désormais, l’enseignement est davantage focalisé sur l’étudiant et sur son profil. Outre l’évocation de la réduction des amphithéâtres de 1000 à 250 places, c’est non sans émotion que Bernard Hédon nous présente les tout nouveaux compagnons des apprentis : les robots SYM. Fabriqués par l’entreprise scandinave Laerdal, ces robots très haute fidélité imitent à la quasi perfection l’apparence humaine. Tant et si bien que cela en devient déroutant : pouls cardiaque, clignement d’oeil, peau synthétique… Le Sym man peut simuler un large panel de maux humains telles que les hémorragies ou les convulsions. Il peut également parler et crier en cas de mauvais geste de la part de l’étudiant.
Entièrement programmé par le professeur avant la manipulation, le robot est dépendant de son manipulateur : nulle inquiétude à avoir vis à vis d’une intelligence artificielle totalement autonome.
La visite du vaste bâtiment à l’architecture futuriste se termine par la “salle d’entretien” où étudiants et acteurs se confrontent afin de créer une mise en situation la plus réaliste possible pour l’annonce, par exemple, d’un décès.
Cette constante évolution des pratiques d’enseignements de la médecine à Montpellier, nous avons pu l’observer en miroir par la suite, lors de notre visite de l’ancienne faculté, située au centre ville. Les manuscrits, la salle de dissection ainsi que des mannequins de cire représentant des interventions chirurgicales de l’époque y sont conservés. Ces outils et installations, déjà en avance sur leur temps à leur époque, sont aujourd’hui la preuve vivante des capacités d’innovation et du rayonnement médical que Montpellier a eu sur l’ensemble du continent et au delà.
Hugo Almoric et Coline Jean-Louis