Le mercredi 7 février dernier, à l’espace Ouest-France de Rennes, 90 personnes ont assisté à une conférence-débat sur l’agriculture d’aujourd’hui et de demain.
Dans un premier temps, Olivier Nouaillas, journaliste à La Vie et auteur de La Ferme aux 1000 terroirs (Éditions du Chêne), a dressé un état des lieux de l’agriculture actuelle.
Il a tout d’abord retracé l’histoire du monde paysan à partir des années 1946-1950. À cette époque, les exploitations familiales pratiquaient la polyculture et subvenaient aux besoins de leurs proches. En 1960, les bienfaits de la mécanisation et de la modernisation se sont révélés bénéfiques pour le monde agricole.
Peu à peu, l’agrandissement des exploitations et le productivisme à outrance ont favorisé le désert rural et ont occasionné des effets secondaires très graves. Une crise profonde a alors touché le monde agricole : appauvrissement des sols, pollution de l’eau et de la chaîne alimentaire, des revenus qui s’effondrent et qui engendrent des suicides. À cela, il faut ajouter le changement climatique qui pourrait avoir des incidences indéniables dans certaines régions.
En 1987, naît la Confédération Paysanne en opposition au système agricole intensif. Ce mouvement, basé sur la réflexion et l’observation intègre le biologique (21 nouvelles fermes par jour en France), les labels (cahier des charges exigeants), l’agroécologie, l’agriculture durable, la permaculture …Aujourd’hui, plus de 100 000 exploitations sont engagées sous un sigle officiel préconisant l’origine, la qualité et le pluralisme.
Ensuite, Olivier Nouaillas a insisté sur la sauvegarde des terres. Les sols subissent la pollution, l’érosion et l’artificialisation (urbanisation galopante, constructions de parkings, de centres commerciaux…). La France perd 65 000 hectares par an ! Il faut donc réhabiliter les sols : arrêter les grands projets inutiles, travailler la terre en surface, utiliser les techniques sans labour, introduire des bandes enherbées, restaurer les terres dégradées, replanter des haies, des arbres…
Olivier Nouaillas a terminé son intervention en parlant de La PAC (Politique Agricole Commune) : 20 % des exploitations reçoivent 80 % des subventions. Actuellement, la PAC est en pleine réorganisation.
En deuxième partie de soirée, Gilles Simonneaux, agriculteur biologique dans une commune proche de Rennes, a présenté son exploitation. En 1998, Il a repris la ferme de ses parents, récemment convertie en bio. Aujourd’hui, il exploite ses 120 hectares avec 7 personnes. Très vite, il a diversifié ses productions: lait bio, cultures céréalières (blé, seigle, épeautre transformés dans un atelier de boulangerie) , engraissement d’environ 35 porcs et d’une cinquantaine de poules pour utiliser les sous-produits. Une maraîchère cultive une soixantaine de légumes sur un hectare; elle approvisionne 70 familles dans le cadre d’une AMAP; elle se dégage un SMIC ; un magasin à la ferme est ouvert deux après-midi par semaine ; actuellement , un projet d’école est en cours. Aujourd’hui, il trouve qu’il s’est investi dans trop de choses, alors pour le bon fonctionnement de ses activités, chaque personne est responsable de la branche qu’il dirige.
Nous avons terminé cette soirée par un débat avec le public, des questions ont été posées aux deux intervenants, des échanges passionnés ont eu lieu entre les participants mais chaque personne était respectueuse de l’autre tout en ayant des divergences.
Le groupe des Amis d’Ille-et-Vilaine