Le MRJC, créateur d’élans collectifs pour les jeunes ruraux

Depuis près de 60 ans, l’association de jeunesse et d’éducation populaire donne la parole à des jeunes qui ne l’ont pas toujours et soutient leurs projets de dynamisation des territoires.

Atelier du MRJC à Assise, ici animé par Cédric Letourneur © Bruno Zanzoterra

Par Gabrielle Fromont

Lorsque le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne (MRJC) a vu le jour en 1963, les ruraux représentaient 38 % de la population française. En 2021, ce nombre a chuté de moitié, pour tomber à 19 %. Fin 2015, d’après les chiffres de l’Insee, 27% des jeunes âgés de 17 à 29 ans vivaient en milieur rural. Une jeunesse dont l’envie d’engagement et d’action n’a quant à elle pas diminué.

Avec la forte population étudiante en ville, l’engagement des jeunes est médiatiquement très concentré sur les milieux urbains, là où s’organisent notamment les grandes marches pour le climat. Mais l’objectif du MRJC est de faire en sorte que les territoires ruraux ne soient pas écartés de la réflexion sur certaines questions telles que l’écologie. Selon Ugo Saba, administrateur national du MRJC et représentant de la commission du stage de recherche sur l’écologie, « être un jeune issu du milieu rural n’empêche pas d’agir sur notre société. »

« Ce qui est au cœur du MRJC, c’est de toujours se former »

L’association MRJC propose aux jeunes ruraux de treize à trente ans de s’engager, afin de valoriser leurs territoires à travers l’éducation, la réflexion et l’action. Par des séjours éducatifs, des fêtes de village, des échanges internationaux ou encore des festivals, l’autonomie et la vie de groupe sont expérimentés.

Atelier du MRJC à Assise, ici animé par Marion Rousselet-Pailley © Bruno Zanzoterra

Mais l’éducation populaire est la visée principale du mouvement. « Ce qui est au cœur du MRJC, c’est de toujours se former, déclare Manon Rousselet-Pailley, administratrice nationale du mouvement. Notre volonté c’est que les jeunes apprennent, débattent, se forgent une opinion, afin qu’en découlent des prises de positions. » En effet, grâce à l’accompagnement qu’il apporte, le MRJC espère éveiller les consciences, mais aussi donner des outils d’émancipation pour faire naître des citoyens responsables et raisonnés. Pour cela, le mouvement les accompagne dans la réalisation de projets, à leur initiative et en équipe, avec un objectif : dynamiser leurs territoires. Aristide Martin, représentant de la commission du projet politique du MRJC, cite parmi les divers projets réalisables « l’organisation de séjours, les opérations de nettoyage des bords de rivières, ou encore la création d’éco-Karts. » « Il y a aussi la création de festivals, comme par exemple le Tourn’Sol Festival en Lorraine, ou encore le Tour de France Agri, projet visant a faire découvrir aux jeunes des sites agricoles et leurs pratiques », ajoute Manon Rousselet-Pailley.

Un manque de considération par le politique

Selon l’association, les jeunes manquent de soutien au niveau national et politique dans la mise en place de projets. « Le système démocratique et économique ne permet pas l’inclusion des jeunes et des mouvements associatifs dans de vraies prises de décisions à la hauteur des enjeux, déplore l’administratrice nationale du MRJC. Les politiques pour la jeunesse ne sont pas réalisées en concertation avec les associations qui la représentent, comme la nôtre, et cela peut être très frustrant. »

Le MRJC a pourtant « la volonté d’apporter des manières collectives de répondre à ces enjeux, explique Cédric Letourneur, administrateur national de l’association. Et ce, en les prenant à la racine et en se formant en permanence, afin d’avoir un esprit critique pour analyser ce qu’il y a autour de nous et agir là où ce serait le plus efficace. » L’association mise donc sur l’engagement territorial et le collectif.

Le collectif au centre

Héritier de la Jeunesse Agricole Catholique (créée en 1929), le MRJC souhaite s’ancrer totalement dans les territoires et créer des communautés de luttes et d’engagement ayant pour but de déconstruire le monde qui nous entoure. En effet, en plus des nombreux projets, l’association a mis en place des lieux structurants dans lesquels il y a des cafés et bureaux associatifs, des ateliers de discussion ou encore du maraichage, voire des potagers. Ces bâtiments rénovés, nommés Fabriques, ont permis au MRJC de s’ancrer sur les territoires depuis 2014 et donc de pouvoir toucher davantage les jeunes. Et ainsi leur montrer qu’ils peuvent créer leurs projets dans ces lieux ouverts.

Atelier du MRJC à Assise, auquel a assisté Gabrielle Fromont, jeune journaliste de la rédaction éphémère © Bruno Zanzoterra

« L’éducation populaire et le collectif sont au cœur de notre façon de faire, à la fois dans le mouvement mais aussi à l’extérieur », abonde Manon Rousselet-Pailley. « Nous refusons l’illusion de la pureté solitaire, complète Cédric Letourneur, mais nous essayons d’apporter aux jeunes des leviers d’actions collectifs. » D’où les efforts pour collaborer avec les autres générations, mais aussi avec d’autres associations, les politiques ou encore des partenariats. Par exemple, l’association est soutenue par le Secours Catholique ou encore le FEJ (Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse). « Le fait d’avoir besoin de faire les choses en urgence n’empêche pas de les faire ensemble », remarque l’administratrice nationale du mouvement.

Le MRJC a constaté un certain déclin de l’engagement, peut-être dû à son manque de visibilité ou à l’aspect chrétien qui peut freiner certains jeunes. Aussi se remet-il sans cesse en question pour continuer, à travers l’éducation populaire et collective, d’éveiller les consciences. L’invitation des Amis de La Vie représente pour Cédric Letourneur l’occasion de partager les réflexions du MRJC, tout en se nourrissant d’autres approches qu’il pourra ensuite transmettre.

À Assise, le MRJC a en tout cas montré aux Amis de La Vie un aperçu de ses méthodes. Lors de son atelier du mercredi après-midi, les participants ont pu échanger par petits groupes, débattre, exposer leurs points de vues et habitudes, et s’inspirer les uns des autres autour de la thématique « « penser, agir et espérer face aux défis écologiques. »

Texte : Gabrielle Fromont

Afin de faire parler de lui et d’attirer du public, le MRJC publie notamment des articles dans la revue Transrural Initiatives pour partager au mieux ses actions.

Vous pourrez découvrir le projet du Tour de France agricole mis en place par le MRJC en cliquant ici :
http://www.transrural-initiatives.org/tag/mrjc/