40 ans dans le pays du Pape François

Le 17 janvier 2020, les Amis de La Vie d’Ile de France ont organisé une rencontre autour de l’expérience en Argentine, de Claude Faivre Duboz

Claude Fraivre-Duboz, qui fut prêtre fidéi donum en Argentine jusqu’en 2013, et Gérard Tracol auteur d’un livre sur un autre prêtre assassiné dans ce pays, étaient invités à une rencontre avec les Amis de La Vie le 17 janvier 2020 à Paris.

En 2018, les Amis de La Vie du Rhône invitent un prêtre, Claude Faivre-Duboz qui a écrit un livre : « Humaniser la vie », relatant son expérience pastorale en Argentine.

Le compte-rendu de cette rencontre particulièrement marquante pour les Amis de La Vie ayant participé à cette rencontre incite les groupes de lecteurs en Ile de France à organiser une conférence à Paris.

La rencontre du 17 janvier 2020 a réuni une trentaine de personnes malgré les difficultés de transport à Paris à la suite de la grève dans les transports publics.

Sur la suggestion de Claude Faivre-Duboz, ce dernier était accompagné de Gérard Tracol, auteur d’un livre : « La force des pauvres » (également édité aux éditions Karthala, en mai 2019 ) relatant l’expérience d’un autre prêtre français en Argentine, Gabriel Longueville assassiné en 1976 avec trois autres chrétiens. Claude Faivre-Duboz est venu avec Marion Duquesne qui a préparé le travail d’édition du livre « Humaniser La Vie ». Lucien Dusquesne, le père de Marion, qui fut militant d’ATD Quart Monde en Argentine, était un grand ami de Claude Faivre-Duboz.

Le témoignage de ces trois intervenants a captivé le public par les circonstances particulières dans lesquelles le message du concile Vatican II a bénéficié d’un dynamisme particulièrement marqué grâce au charisme de quelques évêques. Leur façon de s’adresser à l’ensemble d’une population essentiellement composée de pauvres et de travailler avec ces personnes pour les faire grandir en dignité, a été déterminante.

Les moments les plus marquants de cette conférence ont été les suivants :

  • Le témoignage de Claude Faivre évoquant ses relations difficiles avec deux évêques qui, après l’avoir invité dans leurs diocèses dans les provinces de Rio Chaco et Formosa, l’ont chassé en partie sur la pression des autorités politiques.
  • La façon dont Claude Faivre raconte son expérience et son épanouissement dans sa mission de pasteur, plus pertinente à ses yeux que celle de prêtre en France ou au Maroc (où il a vécu sa jeunesse).
  • L’histoire particulièrement édifiante de Nelly Evrard, aujourd’hui décédée, religieuse belge en Argentine que sa congrégation fait revenir de façon autoritaire pour des raisons sécuritaires. Après réflexion, elle décide de quitter sa congrégation et de rejoindre l’Argentine en tant que laïque. Elle se retrouve dans la paroisse de Claude et travaille étroitement avec lui dans la mission pastorale. Ses compétences d’organisation, de médiation, d’écoute attentive et de responsabilisation des personnes ont été les éléments essentiels d’un programme de construction de maisons par leurs habitants. Elle a co-écrit avec Claude le livre Humaniser la vie
  • L’incrédulité lors de la nomination du cardinal Bergoglio en tant que pape. Sa réputation était peu flatteuse dans les régions éloignées de Buenos-Aires, par référence aux années de la dictature. Les premiers discours de François ont permis de lever le doute. Il était bien porteur de l’humanisation de la vie.
  • Les nominations d’évêques argentins conservateurs sous les pontificats de Jean-Paul II et Benoit XVI qui ont gêné l’essor des communautés de base ecclésiales en d’Amérique latine.
  • Le travail de rédaction par Gérard Tracol de son livre a permis de montrer les liens entre les assassinats des quatre chrétiens sur une période de 15 jours. Son travail est également à la base de la béatification en 2019 de ces quatre chrétiens.
  • Les questions des participants ont permis de mieux prendre en compte le contexte de l’époque et notamment le rôle important des conférences des évêques d’Amérique latine à Medelin en 1968, Puebla en 1979 et Aparecida en 2007
  • Ces questions ont abordé également le thème de la transposition de cette expérience latino-américaine à nos communautés chrétiennes en France, même si le contexte est bien sûr différent.
  • La soirée se termine par la dédicace des livres des conférenciers, le partage du verre de l’amitié offert par les éditions Karthala et une question partagée avec Claude : le parcours et l’exemplarité de Nelly Evrard ne justifierait-il pas un processus de béatification ?

Patrick Durand, correspondant des Amis de La Vie en Seine-et-Marne