Laurent Poncelet décloisonne le théâtre

Le metteur en scène Laurent Poncelet était partout pendant l’université d’été des Amis de la Vie : atelier, conférence et animation. L’énergie qui s’est dégagée de ses interventions est à l’image de son parcours : éclectique et tourné vers l’autre.

Lorsque l’homme de scène parle, son regard bleu vous scrute, ses bras miment sa pensée et sa bouche vous sourit avec humilité et bienveillance. Et de quoi parle-t-il ? Souvent de l’écrivain Christian Bobin, qu’il n’hésite pas à citer et à qui il voue une admiration sans faille. « La vérité est ce qui brûle », écrivait Bobin et la vie et les engagements de Laurent Poncelet sont le reflet de cette pensée. Le metteur en scène voyage en effet aux quatre coins de monde et monte des pièces avec les personnes qu’il rencontre. Il fabrique ainsi un théâtre qui trouve une résonance particulière en chacun.

Laurent Poncelet a créé le Festival International de Théâtre d’Action (FITA) en Rhône-Alpes. Cet évènement qui se déroule à Grenoble encourage l’ouverture du monde théâtral sur des quartiers peu touchés par la culture.  Mais cet homme de théâtre engagé n’a pas toujours su qu’il se révélerait au contact du 6ème art. Qui pourrait deviner que ce Lorrain était ingénieur économiste ?

Au terme d’une première année d’enseignement à HEC, Laurent Poncelet prend une décision folle qui changera le court de son existence. Alors qu’on lui propose une place qui ferait pâlir d’envie bon nombre d’enseignants, il la décline. Avec du recul, il considère désormais que « tout ce pourquoi on a dit non donne une force incroyable pour après dire oui ».

Désacraliser les tirades

Il rejoint alors le Secours Catholique pour travailler avec des jeunes défavorisés dont la diversité l’émerveille. Il se considère comme un révélateur, agissant à travers les pièces qu’il monte avec ces acteurs en herbe. A ces yeux, « c’est en partant de ce que chacun est, de ses limites et de ses fragilités que l’on peut construire du beau ». Mais le metteur en scène ne s’arrête pas en si bon chemin et créé la compagnie Ophélia théâtre et la troupe Mange-Cafard, poussé par son envie de décloisonner, désacraliser les tirades et le rideau rouge.

Il cherche « la réalité dure et violente qui est transformée en énergie de spectacle »

Les projets s’enchainent alors. Tous ont une dimension sociale et solidaire. Les favelas brésiliennes n’échappent pas à l’ouragan Poncelet, qui met sur pieds avec de jeunes brésiliens les pièces “Résistance – Resistencia” et “Magie Noire”. Rythmées et de dansées, elles remportent un franc succès. Laurent Poncelet collabore également avec des acteurs, professionnels et amateurs, de Syrie, du Maroc ou du Togo. Il cherche « la réalité dure et violente qui est transformée en énergie de spectacle ».

Photos de l’atelier de théâtre animé par Laurent Poncelet
  • ©Michel Gasarian

L’artiste est habitué à composer ses spectacles et mises en scènes lui-même, au gré de ses rencontres, lorsque « ça devient essentiel de monter la pièce ». Mais il s’est aussi attelé à des projets aussi divers que la mise en scène de textes bibliques dans “Le Cri “ou de textes de Bobin dans “Présences Pures”.

D’hier à demain, les pièces et projets de Laurent Poncelet se suivent et ne se ressemblent pas, mais ont toujours pour facteur commun, l’énergie bouillonnante qu’il puise dans son amour du théâtre et de son prochain.

Adèle Bugaut