À Annecy “voter pour quelle société ?”

Le diocèse d’Annecy, le Secours catholique, les Amis de La Vie, Pax Christi, Chrétiens en Forum et RCF ont organisé en partenariat une soirée-débat le 20 janvier 2017 à La Roche-sur-Foron (74), pour réfléchir aux enjeux des élections, au rôle du citoyen engagé ou non au service du bien commun, aux attentes vis-à-vis des élus.

Plus de cent personnes se sont déplacées de toute la Haute-Savoie parmi lesquelles Mgr Boivineau, évêque d’Annecy, président de Justice et Paix.

La table-ronde animée par Julien Motte, secrétaire général de Chrétiens en Forum devait réunir Marie-Laure Denès, dominicaine, directrice du département Famille et Société de la Conférence des Évêques de France, François Soulage, ancien élu, ancien président du Secours catholique et actuel président du collectif “Alerte” et de Chrétiens en Forum et Xavier Breton, député de l’Ain.
Malheureusement, François Soulage et Xavier Breton n’ont pu participer à cette table-ronde pour raisons familiale pour l’un et professionnelle pour l’autre.

Marie-Laure Denès, restant finalement seule intervenante, a répondu aux questions adressées par les participants par écrit avant la soirée, ou posées au cours de la soirée. Il a manqué, bien évidemment, l’apport d’autres points de vue et, en particulière, ceux d’élus politiques anciens ou actuels.

L’engagement des chrétiens en politique

La politique n’est pas étrangère à la foi ni la foi étrangère à la cité.
Nous prêchons un Dieu fait homme, un Dieu qui a pris le risque de l’histoire humaine. Rien de ce qui concerne l’humanité ne peut être indifférent à un chrétien. L’Espérance chrétienne n’est pas seulement individuelle mais a une dimension collective.
L’enjeu de la politique : vivre ensemble et bâtir la paix. L’unique but de la politique est le bien commun, “bien de nous tous” selon la définition de Benoît XVI. Le fait d’être chrétien ne donne pas de compétences pour être en politique. Quand on s’engage en chrétien (et non pas comme chrétien), on a à s’éclairer de l’Évangile mais on a surtout à faire marcher son intelligence. Le pluralisme en politique est légitime et nécessaire.

Au coeur des mutations, des changements de mentalités et d’attitude

Les mutations de la société (famille, consommation, …), les changements dans la communication (Facebook, Twitter, …), les bouleversements écologiques nous poussent à changer nos modes de vie.
Une question demeure : le bien commun.
Des nouvelles socialités naissent : co-voiturage, co-working. Comment réarticuler l’individu et le collectif ? Comment réintroduire l’autre dans mes choix personnels ? Il nous faut cultiver le lien de solidarité sans diaboliser ce qui germe, redéfinir le sens de notre “être ensemble”. On a travaillé à donner plus de moyens de vivre mais pas des raisons de vivre.
Être gestionnaire, c’est bien, mais comment être prophétique ? Non pas dire l’avenir mais donner une direction. Nous avons un ministère de l’espérance à porter. Il n’y a pas de fatalité, on peut toujours faire quelque chose. Le vivre ensemble pour lui-même a du sens.

Plus de 100 personnes se sont déplacées de toute la Haute-Savoie
Que peut le politique sur la transition énergétique ?

Il faut que des citoyens acceptent de penser le long terme avec les politiques. Le rôle des gouvernants est d’anticiper l’avenir, de consentir au temps long. On ne peut pas changer les choses en trois mois. Mais nous sommes toujours en tension, tiraillés entre le court terme et le long terme.

Que peuvent faire les élus pour revivifier la démocratie ?

Nous sommes dans une société de défiance, défiance envers nos élus, défiance envers la démocratie. Or, la confiance est le socle-même de la démocratie. Il faut redonner du poids à la parole. Une parole d’autorité, pas autoritaire. Une parole qui engage.
Comment vivifier la subsidiarité pour fair mieux vire la démocratie ? Prendre les décisions au plus près, le niveau supérieur devant soutenir le niveau inférieur.
Reprendre les critères de la pensée sociale de l’Eglise qui rappellent la dignité inconditionnelle de l’homme et honorent la dimension sociale de la personne : la participation, la destination universelle des biens (option préférentielle pour les pauvres), la solidarité.
Comment donner la parole aux plus pauvres sans les instrumentaliser ? L’idée d’inclure la parole des périphéries fait forcément bouger le centre. C’est ce que fait le Secours catholique, par exemple, quand il intègre les pauvres dans le travail sur les minima sociaux ou sur la sécurité sociale. La société civile peut revivifier la démocratie à condition d’être représentative.

Quelle Espérance malgré tout ?

L’intérêt porté pour les débats de ces deux primaires de la droite et de la gauche, ce n’est pas rien. Il y a un fort discrédit des politiques et, en même temps, les gens se passionnent pour les débats. L’espérance est également présente avec tous les élus locaux qui donnent de leur temps au service du bien commun.

Notes de Marité Koenig, Annecy (74)