À Roanne, accueillir les migrants : tous concernés

À Roanne, Christian Mellon, du CERAS,  a rétabli quelques vérités sur les migrants, dans une France qui en accueille peu. Bien des chrétiens s’investissent déjà ici pour accompagner les populations en détresse.

Christian Mellon
Christian Mellon, jésuite, membre du CERAS

L’accueil des migrants suscite souvent la peur dans l’opinion. Peur souvent liée à une profonde méconnaissance de la réalité.

La conférence-débat, suivie par 200 personnes et animée par le Père Christian Mellon, le 30 septembre, à Roanne, aura, à ce titre, fait œuvre utile. Chiffres à l’appui, ce jésuite, membre du CERAS (Centre de recherche et d’action sociales), qui répondait à l’invitation des Amis de La Vie et du magazine paroissial Lumière sur la ville, a su ramener de la sérénité sur un sujet difficile.

D’abord, les migrants (personnes vivant hors de leur pays depuis au moins un an) ne sont pas les “envahisseurs” que l’on croit : on en recensait 250 millions en 2014, soit 3,3 % de la population mondiale, dont 5,9 millions en France (8,9 % de la population). Certes, le nombre de demandeurs d’asile a quadruplé en Europe en 4 ans mais avec des disparités : 80 000 arrivées en France en 2015, contre un million en Allemagne. 20 à 30 % obtiennent chez nous le statut de réfugié. Parmi eux, un bon nombre décide de rester, ce qui n’en fait pas des clandestins, mais leurs papiers ne sont plus valides. Sur les 300 à 400 000 sans-papiers vivant en France, beaucoup travaillent, paient leurs impôts et scolarisent leurs enfants.

Le plus souvent, les migrants fuient la guerre ou recherchent de meilleures conditions de vie. Mais ils n’incarnent pas “la misère du monde”. Il faut de l’argent pour tenter l’aventure. Les migrants ont un niveau moyen de qualification supérieur ou égal à celui de la population locale.

En Europe, la France, jadis terre de fortes migrations, est le pays qui accueille le moins de migrants et connaît le solde migratoire le plus faible. Grâce à sa bonne démographie, le besoin apparaît moins fort que chez ses voisins.

En région roannaise, de nombreuses associations, notamment chrétiennes, jouent un rôle actif et parfois peu connu dans l’accueil et l’hébergement des migrants comme en attestaient les prises de parole. Un signe d’espérance et de prise de conscience pour Christian Mellon, convaincu qu’il faut d’abord “rencontrer les migrants pour combattre la peur.

Jean-François Vaizand, membre du groupe des Amis de Roanne