À Orléans, ciné-débat “L’homme qui répare les femmes”

Jeudi 24 novembre 2016, la grande salle du cinéma « Les Carmes » d’Orléans a fait le plein, rassemblant près de 300 spectateurs autour du documentaire « L’homme qui répare les femmes », de Thierry Michel et Colette Braeckmann.


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Cette soirée, co-organisée par l’ACAT, Les Amis de La Vie et le CCFD-Terre Solidaire, était soutenue par de nombreux autres partenaires : le MAN, le Mouvement du Nid, le Planning Familial, le Centre Primo Levi, le Centre Œcuménique, Citizens Carmes, la CIMADE, Amnesty International, et la Ligue des Droits de l’Homme.

Un film où s’entremêlent la barbarie la plus inouïe et l’humanité la plus fraternelle, la cruauté des récits et les paysages d’une beauté à couper le souffle. Là où, en République Démocratique du Congo, les uns ont mis leur sinistre talent au service d’une destruction planifiée de la société, d’autres, soignants et victimes, déploient une formidable énergie à reconstruire les destins brisés. Et en filigrane, une musique au rythme d’une berceuse, mais qui ressemble à un gémissement.

Pour le débat qui a suivi la projection, nous avons accueilli deux intervenants, très complémentaires et connaissant fort bien le sujet. Sibel Agrali, directrice du Centre de soins Primo Levi, dans lequel elle accueille et écoute un grand nombre de réfugiés et demandeurs d’asile, en particulier de cette région du monde, victimes de viols (femmes, enfants, hommes), de torture, d’actes de grande violence. Samuel Pommeret, chargé de mission Grands Lacs au CCFD-Terre Solidaire, se rend souvent en République Démocratique du Congo, et appréhende bien le difficile contexte de ce pays.

Sibel Agrali, directrice du centre Primo Lévi et Samuel Pommeret, chargé de mission au CCFD
Sibel Agrali, directrice du centre de soins Primo Lévi et Samuel Pommeret, chargé de mission au CCFD

Plusieurs questions ont alimenté ce débat :

Le viol utilisé comme arme de guerre ? Bien au-delà de l’assouvissement de pulsions sexuelles, il s’agit de viols souvent « scénarisés », destinés à déstructurer la société tout entière : des familles détruites, des fillettes chassées de la maison, puis de l’école.

La justice, condition préalable à la paix ? Très incertaine sur place : il y a quelques procès, peu de condamnations, et guère de prisons ! Au niveau du TPI (tribunal pénal international), un procès a eu lieu, il y a eu quelques autres inculpations, la justice internationale se met en marche… lentement.

Un pays possédant de grandes ressources minières ? Le pillage de ces richesses alimente et finance les conflits armés : chacun de nos téléphones portables « contient un peu de sang ». Le CCFD-Terre Solidaire appelle l’Europe à renforcer sa réglementation, et à assurer la paix dans les zones d’extraction. « Il est temps de s’occuper des causes », dit le Dr Denis Mukwege, qui parcourt le monde pour alerter l’opinion internationale.

Au-delà de toutes ces exactions dévastatrices, au-delà de l’action exceptionnelle du Dr Mukwege pour « réparer » les femmes et les aider à entrer en résilience, il y a les femmes . Les femmes qui se soutiennent, qui s’unissent pour réorganiser la répartition du travail dans la famille, pour faire évoluer le droit coutumier qui leur est très défavorable. Les femmes mutilées, brisées, qui sèchent leurs larmes, et regardent devant elles ensemble.

Marie-Françoise Jacques-Natali