François Morin, professeur émérite d’économie à l’université de Toulouse, était invité à l’université d’été des Amis de La Vie à Agos-Vidalos en juillet 2015. A partir d’un état des lieux de la situation financière mondiale, il a proposé des scénarios de sortie de la crise économique, financière et écologique. Limpide, à condition d’un peu de concentration !
Présentation de François Morin, par Yves Dupuy, économiste, Amis de La Vie, groupe de Toulouse.
Pour François Morin, l’économie n’est pas une branche des mathématiques. Ce n’est pas un endroit où l’on présente des courbes qui sont des fonctions d’offres et des fonctions de demandes dont l’intersection déterminerait un point d’équilibre.
Au contraire, pour essayer de comprendre les rencontres économiques, il faut savoir quelles sont les règles des échanges, donc il faut toucher au droit. Il faut essayer de repérer les rapports de force, donc toucher à la politique. Il faut essayer de comprendre les comportements, donc toucher un peu à la sociologie. En fait l’économie, c’est une science sociale qui doit se construire en dialogue avec les autres sciences sociales.
Par ailleurs, François Morin a toujours voulu réunir dans sa vie la réflexion et l’engagement dans la cité. Il a exercé de nombreuses fonctions et en autres responsabilités dans la foulée des nationalisations de 1981, il a été Secrétaire général du Haut Conseil du secteur public de 1982 à 1985. Il en est resté membre ensuite. Il a été membre du conseil général de la Banque de France et en reste membre honoraire. Il a été administrateur à la société Aérospatiale qui est devenu Airbus. Il a été aussi membre du collège de la commission de régulation d’énergie. Il est donc moins dans le cambouis, que dans le cambouis propre, mais…!
“En fait l’économie, c’est une science sociale qui doit se construire en dialogue avec les autres sciences sociales.”
Enfin, les phénomènes de pouvoir dans l’économie sont toujours au centre de sa réflexion. Pour preuve, citons trois ouvrages qui jalonnent les nombreuses publications qu’il a effectuées au début des années 1974-1975. “La Structure Financière du Capitalisme Français”, d’abord. A partir de l’analyse de l’actionnariat des deux cents plus grandes entreprises il a essayé de voir comment la propriété des actions pouvait déterminer des modes de contrôle des sociétés.
Son deuxième ouvrage s’intitule “Le Cœur Financier Européen“. Il montre que les entreprises tissent des relations entre elles et forment des noyaux durs pour asseoir leur pouvoir et cela dépasse complètement le transnational.
Enfin, son dernier ouvrage a été publié en 2015 : “L’Hydre Mondiale, le Monopole Bancaire”. Prenant acte de la financiarisation de l’économie et du décrochage des transactions financières par rapport aux achats de biens et services, il montre que ces oligopoles bancaires prennent petit à petit le contrôle de l’ensemble de l’économie, faisant courir un risque qu’il appelle ” systémique ” sur l’ensemble de l’économie mondiale qui se terminerait dans une métamorphose malheureuse “La Grande Saignée” qui est le titre d’un de ses derniers ouvrages. Cette grande saignée est-elle inéluctable ou y-a-t-il des alternatives ?
Pour aller plus loin
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