L’effroi, la compassion pour les victimes, la prise de conscience de notre vulnérabilité, la fierté aussi devant la maturité du peuple français dans cette épreuve sans précédent : en moins d’une semaine, nous avons été labourés par beaucoup d’émotions. Dès samedi, les Amis de La Vie, et plus largement les lecteurs du journal, ont mis des mots sur ce qui nous arrive.
L’immense majorité des lettres reçues cette semaine disent qu’il faut continuer à travailler inlassablement à la fraternité. Certains ont pris des initiatives pour contrer le travail de sape entrepris par les djihadistes de Daech.
« Nous devons résister à la peur, à la haine, au rejet de l’autre », écrit Françoise Klenschi, du groupe de Strasbourg. « Il faut nous interroger sur les causes ces radicalisations », rappelle Marie-Christine Julien, correspondante des Amis à Compiègne.
« Pour tous c’est une période bien lourde. Heureusement qu’il y a quelques lueurs de fraternité, raconte Marie-Agnès Lamotte, correspondante des Amis dans le Pas-de-Calais. Nous avons vécu un beau moment de partage dans la cathédrale, grâce au groupe interreligieux de Saint Omer. Un évangéliste, plusieurs associations musulmanes, le doyen, un laïc engagé dans le groupe, une jeune fille qui a lu la prière de Saint François, un élu qui a lu le poème d’Eluart “Liberté” et pour finir le maire de La Ville ». L’orgue et un orchestre ont donné des respirations à ces témoignages.
Le groupe des lecteurs de l’Isère, qui prépare depuis des mois une journée prévue samedi 21 novembre pour célébrer les 70 ans de La Vie et les 15 ans de l’association, a décidé de maintenir ce rendez-vous. « Nous sommes en lien avec la Mairie d’Eybens pour les problèmes de sécurité, nous dit Danièle Rochez, notre correspondante à Grenoble. Nous sommes presque 200 inscrits pour l’ensemble de la manifestation et pensons bien arriver à 400 pour la table ronde avec Jo Spiegel et Paul Malartre sur l’encyclique Laudato Si. C’est un gros travail qui soude l’équipe et nous mobilise malgré la sidération consécutive à la tragique nuit de vendredi. Si le 21 novembre au soir, tout le monde repart avec au coeur plus d’espérance, notre travail aura porté ses fruits. »
Il faudra beaucoup, beaucoup d’intelligence collective pour faire face dans la durée à cette vague de terrorisme nourrie par un contexte international inextricable. Les Amis de La Vie y apporteront leur part.
Dominique Fonlupt