Oui, les Amis de La Vie de l’Isère ont bien fêté le double anniversaire de leur journal et de leur association le 21 novembre 2015 à Eybens, près de Grenoble ! Nous étions 280, rassemblés pour écouter les intervenants, puis débattre sur l‘encyclique Laudato si et sur les réponses que nous avons à lui apporter dans notre vie, dans la vie de la société, dans notre monde social et politique.
Le choc provoqué par les attentats tragiques de Paris et Saint-Denis donnait à cette rencontre une gravité particulière, rappelant combien les problèmes auxquels notre monde est affronté sont complexes et dramatiquement liés, et combien la réflexion et l’action collectives sont nécessaires pour y faire face avec lucidité et détermination.
280 participants (pas tous chrétiens, ni tous lecteurs de La Vie), attirés par le sujet du débat, par la qualité des intervenants annoncés, qui ont apprécié la convivialité de la rencontre et du buffet, et le programme artistique et festif de la soirée, avec deux groupes vocaux dauphinois, les P’tits cœurs et les Azzimutés, qui ont fait un tabac.
280 participants enthousiastes de la soirée qu’ils ont passée ensemble.
La présence et les interventions des élus locaux et du député de la circonscription ont contribué à souligner le caractère civique de la rencontre. Certains d’entre eux se sont dits impressionnés par l’encyclique : « on n’attendait pas l’Eglise dans ce domaine et ce fut une belle surprise ! »
Le thème du débat s’était imposé tout naturellement en raison de la proximité de l’ouverture de la COP 21, qui vient, comme en écho à l’encyclique visionnaire du Pape François, interpeller le monde entier sur l’avenir de la planète, et montrer que la réponse doit être globale et politique. La conférence a été introduite par Dominique Fonlupt, qui a montré le caractère central du sujet, la nécessité de s’en emparer et de relayer au plan local l’engagement du journal. Et c’est à Paul Malartre, président de l’association des Amis de La Vie qu’il est revenu de rappeler les lignes de force de l’encyclique Laudato si.
(La conférence in extenso de Paul Malartre en PDF)
Cette parole du Pape s’inscrit dans la continuité et le prolongement de divers textes proclamés par l’Eglise depuis au moins un demi-siècle. Elle y ajoute des notions fortes sur le développement, qui ne se réduit pas à la croissance économique et concerne toutes les dimensions de l’homme, sur la destination universelle des biens et la solidarité entre les générations, et sur la nécessaire articulation entre l’écologie, l’économie, le social et les choix de société.
Elle est un appel solennel à prendre conscience du caractère mondial de notre « maison commune » , de la nécessité de « vivre autrement » (notamment pour les pays développés) et de consentir à une révolution culturelle sur les notions de progrès, de richesse et d’usage de la terre.
Nous pouvons trouver là, selon Paul Malartre, une chance exceptionnelle pour revisiter ce qu’est le christianisme social, trouver de nouveaux champs à explorer en lien avec le message évangélique, et rassembler les interpellations et les espérances de notre temps.
C’est dans la vie civique que nous a entrainés Jo Spiegel avec son expérience et sa conviction passionnée d’élu territorial (maire de Kingersheim), de pédagogue et de co-fondateur du Pacte Civique. Il a rappelé que l’encyclique s’adresse à tous les hommes, tous égaux dans la société, que l’écologie est un projet universel, qui intègre la justice, le bien commun, la subsidiarité, l’option préférentielle pour les pauvres et tout ce qui fait la pensée sociale de l’Eglise.
La conversion écologique est l’affaire de tous, et ne se fera que dans une conversion démocratique fondée sur le dialogue. Jo Spiegel nous appelle ainsi à une éthique de la vie publique, à l’humilité, l’écoute, la reconnaissance des fragilités, c’est à dire à une transformation spirituelle en vue de l’humanisation de notre société.
L’expérience de Jo Spiegel dans les responsabilités locales, notamment comme maire, lui permet de décrire les démarches concrètes qu’il a expérimentées pour vivre un autre rapport à la politique, lutter contre la méfiance et le soupçon, contre l’individualisme et l’entre-soi, organiser la recherche en commun : « états généraux de la démocratie », maisons de la citoyenneté, « charte locale », formations citoyennes, « Pacte civique » décliné au plan local, sans se dissimuler la difficulté et les « tiraillements » de la démarche . Mais les fondamentaux sont universels : pas de transformations sans que tous soient appelés, respect, justice, égalité, fraternité, primauté de l’être sur l’avoir, …
La conclusion de Jo Spiegel est que la transition écologique à laquelle nous sommes conviés, loin d’être un obstacle au développement de notre société, peut constituer un nouvel horizon, et une chance pour porter un regard nouveau et apporter des solutions nouvelles pour plus d’humanité.
Un débat avec la salle a permis d’échanger sur ces idées et sur leur mise en œuvre.
Et maintenant ? Tous, et chacun… à l’action !
Marcel Faure et Danielle Rochez, groupe des Amis de la Vie dans l’Isère