À Longuenesse (62), une conférence sur l’œcuménisme

Une bonne cinquantaine de personnes étaient présentes le 14 octobre à Longuenesse (62) pour une conférence de la théologienne Pascale Watine sur l’œcuménisme.

IMG_8491_resultatMadame Watine a commencé par nous parler de sa thèse sur le père Tillard qui a beaucoup travaillé au dialogue entre tous les chrétiens.

Pour elle, il n’était pas question en 1 h 30 de retracer toute l’historique mais plutôt de nous donner quelques points de repères.

Pour comprendre les enjeux et voir l’évolution des principales questions qui ont été à l’origine des deux grands schismes, Madame Wattine a évoqué les deux principales ruptures :
• en 1054, les Orthodoxes, refusent la primauté romaine autoritaire et le «filioque» du Credo. Ils sont attachés aux traditions du 1er millénaire et refusent tout changement.
• Au XVIème, Luther lance la controverse sur le salut en Jésus-Christ. Il affirme que seule la Foi sauve. C’est alors un rejet total par l’autorité romaine. Aujourd’hui, on réalise qu’on n’a pas su s’écouter mutuellement. Il y a eu un manque d’amour fraternel.

Au cours des siècles suivants les tentatives de rapprochements ont été maladroites et vaines.

1910, premier mouvement vers l’œcuménisme chez les Protestants, à partir de 1949 l’église catholique accepte quelques rencontres et dialogue.

Vatican II, 1962-1965, lance de réelles démarches pour promouvoir l’unité. Il y a une véritable conversion de l’église catholique, sous l’influence du Cardinal Liénard.

Vatican II reconnait des éléments authentiques dans les autres églises chrétiennes :
• L’ Église du Christ déborde les frontières de l’église catholique.
• Tous les baptisés appartiennent à l’Église. Le baptême, reçus dans les autres églises, est reconnu valable.
• Frères et sœurs en Christ, tous ont accès au salut.
Petit rappel des bouleversements de Vatican II :
· La valeur de la parole de Dieu, de la communion sous les deux espèces.
· L’importance de la langue du pays.
· La place du peuple de Dieu avec les ministres.
· La liberté religieuse.
· La primauté papale mais rééquilibrée par le collège des évêques.
· Marie située à l’intérieur de l’Église et non au-dessus de l’Église. Le culte marial diffère du culte rendu à Dieu.

Après Vatican II, l’Église catholique entre en dialogue avec plusieurs Églises (anglicanes, luthériennes, orthodoxes…). Le dialogue avec les orthodoxes a pu s’ouvrir grâce à la rencontre de Paul VI et Athénagoras pendant le Concile (1964). L’encyclique de JP II Qu’ils soient un (1995) jouera un rôle important avec la demande de Jean-Paul II aux autres Églises chrétiennes.

La situation actuelle dépasse nos capacités humaines (cf Vatican II). Il y a eu des avancées mais des obstacles ont surgi à cause de décisions radicales qui ont figé les positions. La prière reste l’âme du mouvement œcuménique . Etre à l’écoute de l’Esprit Saint !

A) Chez les Anglicans, qui ne sont pas directement issus de la Réforme mais influencés par elle, le point d’origine de la discorde était la séparation de Rome. Cette papauté maintenant considérée comme une primauté universelle, donc à partager, pourrait permettre un rapprochement.

Il restait cependant des difficultés avec l’autonomie de chaque église, la non-validité des ministères ordonnés. L’espoir de rapprochement s’est écroulé avec la consécration d’une femme évêque et la bénédiction de l’union de couples homosexuels sans concertation. L’archevêque de Canterbury a dû annuler la conférence des évêques, vu les divergences nombreuses à ces sujets.

B) Chez les Orthodoxes, très proches des Catholiques sur beaucoup de points, les difficultés restent aussi importantes. Pour le pape, il y a des avancées, il est reconnu comme évêque de Rome au service de la communauté universelle. Historiquement, ils restent très meurtris par la 4ièmecroisade et la destruction de Constantinople.

Cependant les Orthodoxes se considèrent comme la seule Église du Christ si bien que tous les sacrements reçus dans l’église catholique ne sont pas reconnus valables chez eux!

De plus, il y a eu beaucoup de tension depuis 1989 et la chute du mur. Des maladresses du côté catholique ont fait que les Orthodoxes ont considéré que les catholiques faisaient du prosélytisme…

Il ne faudrait pas envisager la réconciliation sous la forme des grécos-catholiques unis à Rome, mais ensemble rechercher comment faire l’unité. Mais unité ne veut pas dire uniformité. En 2016, à la Pentecôte, un concile doit réunir les Églises sœurs orthodoxes, c’est le premier depuis le VIIIièmesiècle ! Peut-être un espoir ?

C) Chez les Protestants. Avec les luthériens, il y a une avancée significative avec la Déclaration commune sur la justification signée en 1999. « Seul Jésus-Christ nous sauve.Nous sommes sauvés par grâce moyennant la foi. La foi produit les œuvres ».

  • On s’est réconcilié sur la question qui avait été à l’origine de la séparation au XVIe siècle. Et on considère que des différences peuvent coexister parce qu’elles sont légitimes.
  • Marie n’est plus vraiment un problème depuis les mises au point de Vatican II et des dialogues théologiques entre Églises.
  • Le pape est reconnu comme exerçant l’autorité de l’évêque de Rome.

D’autres points sont plus délicats :

  • La présence réelle dans l’eucharistie : pour certains Protestants, une simple commémoration mais pas une actualisation.
  • Le refus de l’autorité papale
  • Un courant anti-trinitaire.

D) Nous sommes très proches des Evangéliques sur le plan éthique. On admire leur foi et leur zèle. Mais il y a une grande diversité des églises, chacune étant autonome…

Le pape François, qui exerce son ministère de façon différente, ouvre de grandes espérances : il est conscient que la concentration romaine nuit à l’oecuménisme ; il veut être au service de l’unité. Tout doit être vécu dans la communion. Les membres des autres églises observent les paroles du pape et en attendent beaucoup.

Au cours des échanges qui ont suivi, on a évoqué les groupes et mouvements œcuméniques qui existent dans lesquels les participants partagent un moment de vie, de solidarité, d’échanges ou de prière dans leur foi commune au Christ.

Cet œcuménisme de proximité est un espoir car il permet de mieux se connaître et incitera les responsables des différentes églises à chercher un terrain d’entente. Sur le doyenné, le groupe œcuménique partage ensemble la Parole.

La Communauté du Chemin Neuf a été sollicitée par l’archevêque de Canterbury pour donner conjointement au palais de Lambeth à Londres une formation théologique, biblique et spirituelle d’un an à des jeunes de différentes confessions.

Sur le plan international, en 1927 Joseph Folliet rassemble des jeunes Français et Allemands animés du même désir de paix pour marcher sur la Route, en vivant du Message de Saint François d’Assise.

Ce Mouvement des Compagnons de Saint François est aujourd’hui international et œcuménique.

Le groupe Pas-de-Calais 2