Nicolas Le Douarec : “je n’ai pas de bagnole, mais j’aimerais bien conduire la vôtre”

DSC_0587_resultatNicolas Le Douarec, co-fondateur de Cityzencar, est intervenu à l’université d’été des lecteurs de La Vie pour sensibiliser aux nouvelles pratiques de mobilité et de covoiturage. Avec entrain et franc-parler, il a poussé les participants à reconsidérer leur utilisation de la voiture. Dialogue avec un automobiliste sans voiture.

 

Quelles initiatives avez-vous mis en place par rapport à la mobilité et surtout par rapport à l’automobile ?

Depuis 2007, j’agis pour essayer de faire en sorte que les voitures existantes soient plus et mieux utilisées. Avec d’autres personnes, j’ai créé à Paris un service d’autopartage, Mobizen. On mettait à disposition des clients des voitures en libre service, réservables sur internet. Cela existait déjà de manière plus informelle, dans un cadre associatif. Nous avons apporté une méthode plus commerciale pour toucher un public plus vaste. Malheureusement, la crise financière de 2008 et l’apparition d’Autolib’, le réseau de voitures électriques, ont mis fin à notre projet.

Quelques années plus tard, on a mis en place Cityzencar, un système de location entre particuliers. L’idée nous était déjà venue en 2007 mais on l’avait mise au congélateur ! Elle nous semblait trop folle et trop difficile à réaliser. En 2011, force était de constater que cette pratique de particulier à particulier commençait à se développer. C’était le bon moment. Et puis le zen, c’est parce que c’est sans souci, c’est du partage entre voisins.

“La voiture, c’est comme le tabac, ça rend dépendant.”

Vous dites « j’adore la voiture mais je n’en ai pas ». Pourquoi ?

Nicolas Le Douarec a donné une conférence sur l'économie de partage à l'université d'été.
Nicolas Le Douarec a donné une conférence sur l’économie de partage à l’université d’été.

Là où j’habite, à Vincennes, avoir une voiture est un souci. Le problème, c’est le stationnement. Soit on veut pas bouger notre voiture parce qu’on veut pas perdre notre place, soit il faut payer cher pour une place de parking attitrée. Et puis la voiture, c’est comme le tabac, ça rend dépendant.

Quand on a acheté une voiture et qu’on dépense de l’argent à l’entretenir, on va vouloir l’utiliser au maximum. Et donc on oublie, on prend des mauvaises habitudes. On désapprend que le vélo pour aller chercher le pain, c’est pas mal non plus. Par ailleurs, entre le métro, le RER et les vélibs, je peux très bien me débrouiller sans avoir une voiture. Et quand je pars en vacances, je prends le train et je loue une voiture à l’arrivée.

Que conseillerez-vous à des personnes qui réfléchissent à un mode de mobilité alternatif à la voiture ou qui hésitent à sauter le pas ?

Commencez doucement, expérimentez. Si vous avez plusieurs voitures, essayez de réduire le nombre plutôt que de vous en débarrasser tout de suite. À la campagne, la question n’est pas forcément de savoir si vous avez ou non une voiture, mais si vous en avez une ou trois. Préparez-vous au changement, de la manière où on s’entraîne à la méditation. Ça ne vient pas du premier coup, c’est une habitude à prendre. Enclenchez le changement. Et puis sautez le pas. Au pire, vous pouvez revenir en arrière.

Johanna Sommer et Céline Tissot