Armel Le Coz utilise Internet pour renouveler la démocratie

FullSizeRender_resultatCréateur de la plateforme « Parlement et citoyens », Armel Le Coz, 30 ans, a participé à une table ronde sur la politique et la société civile au cours de l’université d’été des lecteurs de La Vie.

 

Entre 2013 et 2014, à la veille des élections municipales, vous avez sillonné la France en auto-stop, pour aller à la rencontre des maires. Que vous ont-ils dit ? 

Chez les élus, comme dans les voitures, j’ai rencontré des gens différents. Ma démarche n’était pas journalistique. Je ne cherchais pas l’exhaustivité ou la représentativité. Je cherchais simplement à nourrir ma vision personnelle de la démocratie et de la société. Au fil de mes rencontres, je me suis rendu compte qu’on attendait du politique qu’il règle tous les problèmes. C’est très profond, très ancré. C’est aussi très problématique. Car les politiques ont besoin de nous. Nous devons participer à la prise de décision et à la mise en oeuvre des politiques publiques d’intérêt général. J’ai aussi observé une défiance très forte.

Comment internet peut-il participer au renouveau de la démocratie ?

Aujourd’hui, dans la société, il faut trouver un travail pour gagner un salaire, consommer et faire vivre l’économie. Mais le système est en train d’éclater. Internet améliore la démocratie et nous donne beaucoup plus de pouvoir. Par exemple, le numérique permet aux gens de se rencontrer et de s’organiser. Il change aussi notre manière de se former et de s’informer.

Avec internet, les citoyens peuvent devenir des acteurs qui se mettent en réseau. En 2013, j’ai co-créée la plateforme « parlement et citoyens ». Nous mettons cet outil à la disposition des élus pour mobiliser l’intelligence citoyenne et co-construire les propositions de loi. Six députés et sénateurs ont d’ores-et-déjà joué le jeu. Désormais, les citoyens peuvent aussi faire des propositions de loi que nous transmettons aux parlementaires. C’est une sorte de boite à idées.

« Les élus locaux peuvent transformer les ruisseaux en grandes rivières. »

Quels sont vos prochains projets ? Avez-vous prévu de faire quelque chose pour les élections présidentielles de 2017 ?

Nous n’avons pas encore parlé de 2017. La présidentielle, c’est un peu la Star Académie de la politique. On vote de manière passionnelle. On oublie les programmes. Je pense que nous pouvons changer les choses mais à l’échelle des communes ou des communautés de communes. Les élus locaux ont les capacités d’utiliser les bons outils pour mobiliser les citoyens et transformer les petits ruisseaux en grandes rivières.

Je me reconnais de moins en moins dans la logique des partis et de plus en plus dans les logiques collectives et collaboratives. Pour autant, je ne m’interdis pas de travailler avec les partis politiques qui souhaitent avancer sur ces questions.

Propos recueillis par Paul-Luc Monnier

Qui est Armel Le Coz ?

Armel Le Coz, 30 ans, est un designer pas comme les autres. Il conçoit des politiques publiques et des systèmes démocratiques. « J’utilise le visuel, l’image et la cartographie plutôt que le texte », sourit-il. En 2012, il a lancé la Fondation de Démocratie Ouverte.

Un an plus tard, en 2013, il met en ligne la plateforme Parlement et citoyens. Le jeune homme parcourt ensuite la France, en auto-stop, pendant six mois. Il rencontre 111 maires (ou candidats aux élections municipales), 500 conducteurs et parcourt 8 000 kilomètres.

Il prépare aujourd’hui un livre sur sa vision du monde à partir de son tour de France des maires.