Le témoignage de Paul Malartre : à Madagascar, l’ASA refuse le fatalisme

À Madagascar, l'association ASA ouvre des écoles.
À Madagascar, l’association ASA ouvre des écoles.

Le président des Amis de La Vie, Paul Malartre, revient d’un voyage à Madagascar. Il nous livre ses impressions sur ce pays en pleine crise humanitaire, où l’association ASA mène des projets porteurs d’espoir. 

 

Je reviens d’un séjour à Madagascar où j’ai rencontré les responsables de l’ASA, association qui accueille et insère depuis 20 ans des populations issues de la rue à Tananarive, la capitale économique et politique du pays. J’y allais comme président d’ASA-France, coordination de 18 associations qui soutiennent ce beau projet de construction de villages, d’écoles, de dispensaires, de centres de formation pour permettre à des familles de retrouver progressivement une vie qui mérite le nom d’humaine.

J’ai pu constater sur place toutes les difficultés récurrentes de ce pays pour s’organiser afin de lutter contre les pauvretés en tous genres. Les fortes intempéries actuelles, dont curieusement les médias français ne parlent pas, aggravent lourdement la situation en provoquant des inondations, des éboulements de pans de collines, des écroulements de maisons. Les morts se comptent par centaines et les sinistrés par dizaines de milliers.

  • "L’ASA mène des activités dans le domaine de l’action sociale et de la réinsertion en faveur des familles marginalisées et démunies de la population malgache". (source http://www.asa-madagascar.org/)
 Un fatalisme qui ne touche pas l’ASA

Ce qui m’a le plus frappé, c’est l’impression d’un certain fatalisme et d’une incapacité des pouvoirs publics à affronter la situation. Ainsi, à Tananarive, les fortes pluies quotidiennes tombent sur des tas d’ordures qui ne sont plus plus ramassées faute, dit-on, de pouvoir payer le carburant pour les camions-poubelles. On en vient à redouter le retour d’une épidémie de choléra. Ainsi peut-on observer l’enchainement de la misère qui pourrait pousser au découragement.

Et pourtant, en visitant les sites crées par l’ASA, j’ai pu rencontrer des responsables sociaux, tous malgaches, pleins d’ardeur ; j’ai vu des enfants heureux à l’école, des parents qui vous saluent avec un beau sourire. J’ai été saisi par le contraste entre la misère des rues de Tananarive et les résultats d’une insertion pour plus de dignité humaine. Nous pourrions même prendre des leçons de créativité après avoir vu dans les villages créés par l’ASA des réalisations de bio-gaz et de lombriculture pour produire de l’énergie et des engrais naturels. J’ai mieux compris comment peut se mettre en route un début de développement au service des personnes.

“Nous pourrions même prendre des leçons de créativité après avoir vu dans les villages créés par l’ASA des réalisations de bio-gaz et de lombriculture pour produire de l’énergie et des engrais naturels.”

Ce séjour fait écho à l’université d’été

De ce séjour à Madagascar je retiens, grâce à l’action de l’ASA et de beaucoup d’autres associations dont la plus connue est celle du Père Pédro, que la pauvreté n’est pas une fatalité, surtout dans un pays qui, paradoxalement, ne manque pas de ressources naturelles.

J’ai eu l’impression d’entrer quelques mois en avance dans ce que les Amis de La Vie approfondiront au cours de leur prochaine Université d’été : comment réagir, face à un contexte souvent inquiétant, par ce que nous nommons dans le titre de cette université des « ingéniosités collectives » ? Comment refuser le fatalisme ? Je lis ce rapprochement, au-delà des 9000 kilomètres qui nous séparent, comme une confirmation de l’actualité et de la pertinence des thèmes que nous allons aborder. Je le lis comme un rappel que nos réflexions sont déjà à l’oeuvre en des endroits inattendus.

Paul Malartre, président des Amis de L a Vie.