À Irigny (69), la vie d’une famille pendant la guerre de 1914-1918

Marie-Noëlle Gougeon, écrivain et Amie de La Vie de Lyon
Marie-Noëlle Gougeon, écrivain et Amie de La Vie de Lyon

 

Marie-Noëlle Gougeon, Amie de La Vie à Lyon, publie “Et nous, nous ne l’embrasserons plus” un livre émouvant sur la vie d’une famille pendant la guerre de 1914-1918.

Il s’appelait Auguste. En 1914, c’est un garçon de 17 ans. Il habitait à Irigny, un village de 1  500 habitants à une quinzaine de kilomètres de Lyon. Comme des millions d’autres, il a été mobilisé, il a connu trois années de vie militaire, de combats. Il est mort à 20 ans, en 1917 en montant à l’assaut, fauché par une balle.

De cette histoire a priori banale (hélas…) Marie-Noëlle Gougeon a rédigé un livre passionnant et émouvant. Auguste avait une sœur, Mathilde, et un ami, Jean-Marie, mobilisé lui aussi. Mathilde et Jean-Marie deviendront les grands-parents de l’auteur. Dans la maison familiale, elle a retrouvé plus de 800 lettres, photos, objets datant de la première guerre. Entre 1914 et 1919, Mathilde a écrit des dizaines et des dizaines de lettres à son frère puis à Jean-Marie, devenu son amoureux.

Beaucoup d’ouvrages ont publié des lettres de « poilus ». L’intérêt du livre de Marie-Noëlle Gougeon tient à ce qu’il raconte la vieCouverture du livre de MN Gougeon d’une famille, d’une communauté, d’un village. Au travers des lettres qui s’échangent (souvent plusieurs fois par semaine) entre Mathilde, Auguste, Jean-Marie, leurs parents, revit tout un monde campagnard avec ses codes, son langage, ses traditions très fortes – on ne rate pas une fête, un anniversaire, une visite après un deuil – la religion très présente. Au fil des missives, le lecteur se plonge aussi dans l’atmosphère qui a saisi la France pendant la guerre : la désinformation, la censure, les rodomontades des journaux, puis la lassitude, l’effroi face à la tuerie des batailles, aux annonces de la mort des soldats.

Les lettres de Mathilde montrent aussi une grande modernité et une étonnante maturité de cette jeune femme (18 ans en 1914). Elle prend le train, vend ses légumes au marché, lit les journaux, échange avec ses ami(e)s des propos presque lestes… Les lettres sont aussi écrites dans un style impeccable, sans fautes d’orthographes, pour une femme qui n’avait que son certificat d’études primaires. Et quand elle peine à exprimer ses sentiments, elle cite La Bruyère, La Rochefoucauld ou Henry Bordeaux…

Le village d’Irigny, séduit par la démarche, a décidé de monter une exposition et un spectacle théâtral à partir du livre.

Gérard Desmedt

Marie-Noëlle Gougeon est journaliste, enseignante, ancienne collaboratrice de « La Vie ». Membre des Amis de La Vie, elle fut longtemps la responsable, dynamique et passionnée, du groupe des Amis de Lyon.

« Et nous, nous ne l’embrasserons plus – Trois jeunes lyonnais dans la tourmente de la Grande Guerre » Edité par l’auteur. Disponible en librairie. 20 €

Les documents retrouvés (lettres, cartes postales, chansons, journaux, papiers administratifs, décorations, livres, etc.) sont réunis dans le cadre d’une exposition qui aura lieu à Irigny (69) jusqu’au 18 octobre, salle Vigier (à côté de la mairie), de 9H à 12H et de 14H à 18H. Fermée le dimanche

Une pièce de théâtre a été tirée du texte par la compagnie La Face Nord et sera jouée :

  • À Irigny, le 7 novembre à 20H30 au Sémaphore (mais il n’y a plus que quelques places).
  • À Pierre-Bénite le 28 Novembre à 20H30 à  la Maison du Peuple.( voir flyer).

La pièce de théâtre sera aussi jouée devant 250 scolaires en novembre prochain. Ils feront tout un travail autour de l’écrit : des lettres de 1914 au livre et du livre au théâtre.