A Nantes, déconfinons nos coeurs !

A Nantes, déconfinons nos coeurs !

Les Amis de Loire-Atlantique vous invitent le 3 octobre à l’église Saint-Bernard pour une conférence, une célébration et un concert avec Laurent Grzybowski.

Ce ne sont pas les crises qui manquent actuellement ! sanitaire, écologique, économique, politique, religieuse, éthique. Il faut rappeler que l’étymologie grecque du mot crise renvoie à la nécessité de discerner et de faire un choix.

C’est dans cet élan dynamique et positif que Les Amis de La Vie de la Loire-Atlantique, en partenariat avec la Conférence Catholique des Baptisé(e)s 44, la Paroisse Trinité de l’Eraudière, la librairie Siloë et Radio Fidélité vous invitent  le 3 octobre à l’Eglise Saint-Bernard autour du dernier livre de Laurent Grzybowski et Anne Guillard : “Une autre Eglise est possible ! 20 propositions pour sortir de la crise catholique »: conférence-débat avec Laurent Grzybowski, journaliste à La Vie, et François Vercelletto, journaliste à Ouest-France, suivie d’un échange avec le public.

A 17h30, nous célébrerons la Parole (l’homélie sera faite par une femme !) et à 20H30, la journée se terminera par un concert de Laurent Grzybowski. Vous pourrez apporter votre pique-nique mais cette fois, pas de mets partagés et distances requises. Le port du masque sera bien sûr de rigueur à l’intérieur du bâtiment. Entrée libre – Libre participation aux frais – Vente de CD

René Sorin et Daniel Boy, pour les Amis de Loire-Atlantique

Notre rentrée à Aiguebelle

Du 3 au 5 septembre, une vingtaine d’Amis de La Vie du groupe de l’Isère s’est retrouvée à l’abbaye d’Aiguebelle. Echanges et ressourcement.

Les Amis de La Vie de l'Isèredans le jardin de l'abbaye d'Aiguebelle en septembre 2020
Les Amis de La Vie de l’Isère dans le jardin de l’abbaye d’Aiguebelle (26)

L’abbaye cistercienne nichée dans son vallon au milieu des bois était inondée de lumière après le passage du mistral.

Accompagnés par le père Philippe Mouy, nous nous sommes attaqués au thème de réflexion choisi : « Place et rôle des femmes dans la société et dans l’Eglise ».

Le contexte particulier de la pandémie nous a permis au préalable de nous situer et de faire le point après la traversée du confinement et de la vague suivante du retour à une vie plus « normale ».

Les très nombreux apports, éléments d’éclairages et témoignages apportés dans le dossier constitué et tout au long de nos échanges par Philippe Mouy nous ont permis de balayer et de relire l’histoire de l’humanité comme celle des religions en constatant l’avènement et l’installation universelle implacable du patriarcat, ordre établi et stratifié.

Le constat est une sacralisation/absolutisation du pouvoir masculin, avec le cortège de violence, d’instrumentalisation et de harcèlement qui en découlent pour asseoir et perpétuer la domination des hommes.

Mais nous avons pu à l’opposé relire avec bonheur les premiers signes et témoignage du féminisme, et la difficile mais courageuse et obstinée avancée vers plus d’égalité et de parité, luttes isolées de femmes de lumière puis de mouvements sociaux de plus en plus organisés et puissants réclamant l’application des droits de l’homme aux « droits de la femme ».

En parallèle, nous avons questionné notre histoire religieuse judéo-chrétienne et affronté les grandes questions : Jésus juif fidèle et authentique se heurtant aux tenants de la religion juive où les règles strictes sont nombreuses (613 préceptes/obligations accumulés), Jésus et sa liberté de ton, d’abord et d’échange avec les femmes , la rigidification tendancielle du catholicisme dans une institution exclusivement masculine et « consanguine », son retard accumulé depuis des décennies par rapport au protestantisme et autres religions du livre sur l’accès des femmes à des responsabilités cultuelles et pastorales. Le pouvoir et la domination masculine se trouvent quasi idolâtrés en son sein sous l’espèce de la sacro-sainte “tradition”.

Nous avons déploré que les belles ouvertures vers les laïcs opérés par Vatican II (Lumen gentium replaçant après le Christ le Peuple de Dieu et son sacerdoce baptismal au 1er plan) aient été suivies de retours en arrière et de verrouillages successifs sous les pontificats de Jean-Paul II principalement, puis de Benoit XVI également.

A rebours de la glaciation institutionnelle présente de l’église, Les Amis de la Vie sont touchés et convaincus par l’action évangélique de notre pape François visionnaire (laudato si) et pasteur infatigable de la miséricorde et d’une église en sortie vers les plus fragiles et les exclus aux marges de notre société.

A sa suite, attentifs et fidèles à son enseignement nous croyons que l’Esprit souffle, partout ; il est présent, vivant et  à l’œuvre, dans notre groupe primo, plein d’attentes et de désir, ou  nous sommes retrouvé.e.s post-confinement avec bonheur et fraternité véritablement comme en famille grâce au dynamisme stimulant de Danièle, mais à bien plus grande échelle dans notre bonne vieille Eglise également ou comité de la jupe, conférence des baptisés et autres mouvements et courants appellent avec force à l’ouverture, au changement, à un aggiornamento véritable comme , depuis 50 ans sur l’élan de Vatican II !

Grâce supplémentaire : L’invitation par Danièle d’un des 11 moines encore sur le pont dans l’abbaye. Frère Mikael, dominicain au grand charisme questionné frontalement sur l’objet de notre session nous a très finement et pastoralement décentrés et décalés pour nous renvoyer aux fondamentaux chrétiens évangéliques conditionnant une bonne approche méthodologique du dossier : “Relisez la lettre  Evangelii gaudium de François ; évitez toute dérive gnostique ou pélagianique ; cultivez un dialogue pétri d’humilité et d’authenticité, relisez, affrontez et assumez sans œillères votre passé psychologique pour être bien au clair dans votre vie personnelle et familiale, idem pour tout notre bagage de formation et d’enseignement religieux et théologique, nos engagements et notre foi”.

Alors nous serons prêts, libres ensemble pour définir notre vision de l’Eglise, une ecclésiologie au sein de laquelle femmes et hommes retrouvent l’égalité originelle de Genèse 1 ; l’Esprit saint interviendra en complément de notre intelligence, de notre volonté et de notre Amour.

Au final un constat qui parait accablant, tant la situation semble pétrifiée, ossifiée dans l’institution, malgré tous les efforts de réforme et d’assainissement entrepris par le pape François.

Des pistes sont identifiées, toutes s’appuyant sur la remise des laïcs sur le devant de la scène, soit à leur juste place en conformité avec les avancées de Vatican II (primauté du sacerdoce baptismal du peuple de Dieu après celui du Christ) ; des exemples sont cités : l’Allemagne, avec la grève des femmes agissant dans l’église pour produire une onde de choc lorsque le support actif principal de la vie communautaire se retire pour mettre le « collège masculin » seul face à son impuissance !

Au présent, le tour de table permet d’exprimer douleur, abattement, écœurement, découragement, désespoir, révolte, exaspération et impatience, etc. En fin de compte, ne serait-ce pas plus sain de quitter le navire au gouvernail bloqué qui va droit sur l’iceberg ? L’institution Eglise, piégée et fossilisée dans son dogmatisme impuissant face à la sacro-sainte Tradition, intouchable, gravée dans le marbre (œuvre de l’homme !) est-elle encore capable de s’auto réformer ? Le rapprochement avec les 613 lois et règlementations empilées du temps de Jésus par la Tradition juive n’incite pas vraiment à l’optimisme, et nous déplorons ensemble le retour en arrière actuel vécu dans nos paroisses, avec notamment l’essaimage massif et prépondérant vers des mouvements d’Eglise conservateurs parmi les nouveaux prêtres ordonnés : Clochettes, encens, ostensoirs, exclusion du féminin de toute approche de l’autel, cléricalisme et piétisme réactivés, etc !

Nous comprenons bien au vu de ce constat que les revendications féminines impatientes en Eglise n’évoquent aucun souhait de devenir « calife dans pareil califat », de s’inscrire dans pareil organigramme hiérarchique  malsain et mortifère, mais seulement d’avoir part égale à la vie pastorale,  animatrice et évangélisatrice du peuple de Dieu.

L’Esprit Saint ne nous abandonne pas, ni nous ni son Eglise, nous le croyons toutes et tous, qu’il nous aide à passer, comme le disait Gramsci « du pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté !»

Pour notre petit groupe, une fois cette très riche rencontre terminée, il va nous falloir pragmatiquement trouver un premier levier local pour apporter notre humble contribution concrète pour participer à la construction nouvelle. Une connexion avec la Conférence des baptisés serait un premier pas en vue d’une action commune.

Pierre Baronnat, pour les Amis de La Vie de l’Isère

Paul Malartre, notre ami

Paul Malartre, notre ami

©Michel Gasarian

Paul Malartre, président de l’association des lecteurs de La Vie, nous a quittés la veille de la Pentecôte. Hommage et gratitude à un homme du souffle et de la confiance. A un ami.  

Une silhouette un peu trapue, à peine un sourire espiègle, un étonnement malicieux dans le bleu délavé du regard. Paul Malartre, c’était d’abord une présence. Une disponibilité totale à son interlocuteur, un talent pour faire émerger le meilleur de chacun, une lenteur assumée dans le débit. Paul Malartre, c’était surtout une parole. Notre ami s’est éteint samedi 30 mai suite à un combat épuisant contre un cancer agressif découvert il y a exactement une année. Après un mois à l’hôpital, trop de temps sans visite pour le protéger du coronavirus, il a passé ses derniers jours chez lui, à Saint-Etienne, présent à lui-même et entouré par son épouse Geneviève, ses quatre enfants, ses petits-enfants, porté par les messages de confiance qui arrivaient de toutes parts.

Qui a eu l’idée de lui demander s’il voulait bien se présenter à la présidence des Amis de La Vie ? Huit ans après, nous sommes plusieurs à la revendiquer. En tout cas, c’était bien vu. Paul Malartre était ce qu’on appelle une personnalité – pour ne pas dire une star- dans le milieu de l’enseignement catholique dont il fut le Secrétaire général, estimé par cinq ministres de l’éducation successifs, entre 1999 et 2007. Mais auprès de nos lecteurs, il lui a fallu faire ses preuves !

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Plus jamais ça ! Préparons la refondation

Par Bernard Huguies, ami de La Vie en Gironde.

L’arrivée du Covid-19 dans nos vies et dans  notre système mondial nous a contraints à vivre un rythme différent pendant deux mois. Ce fut une opportunité, pour ceux d’entre nous qui étaient en bonne santé et dans des conditions de logement faciles, de réfléchir sur nos modes de vie, et sur la suite à donner au niveau personnel et au niveau interpersonnel : reprendre vite et intensément le même chemin, ou mettre cette circonstance à profit pour opérer un changement de cap ?

Qui suis-je ? Un retraité qui ne se résout pas à l’inutilité sociale, et qui pense qu’il doit/peut encore contribuer à la marche de la société, en gratitude de ce qu’il reçoit d’elle : pour avoir accompagné de nombreuses personnes et des groupes très divers dans plusieurs « provinces » de notre belle Planète, j’ai souhaité proposer une réflexion correspondant à ce que le Pape François  a indiqué dans « Laudato Si » : un développement humain intégral, de tout l’humain et de tout humain. C’est à partir d’une vie professionnelle riche de ces rencontres et travaux partagés que je vous propose ce texte : non pas une proclamation bien équilibrée ni close, mais une taquinerie provocante à disposition de groupes qui réfléchissent et agissent « en service ».

Considérant qu’il est encore important, même après 70 ans, de rester en service en ayant conscience de notre fragilité (qui nous est rappelée tous les jours et sur tous les tons !), j’ai souhaité mettre par écrit quelques réflexions. Le jaillissement actuel de plusieurs propositions convergentes, issues de groupes et personnalités de divers horizons, montre aussi l’utilité de ce débat « politique » au sens du « souci de la cité » ; ces propositions ont des objectifs nobles, qui demandent à être regroupées pour exercer une pression efficace sur les décideurs politiques et économiques, afin de leur éviter de revenir vers un logiciel qui a démontré combien et comment il  nous conduit à une impasse, tant au niveau local qu’au niveau mondial, et au niveau écologique comme au niveau sociétal.

Aujourd’hui, où nous sentons que la sortie de crise se profile à un horizon de quelques semaines, il apparait urgent de préparer un changement, une mutation dans les modes fondamentaux de pensée et d’action pour la gouvernance de nos sociétés, et ceci au plan local comme au plan global. Les suggestions rassemblées dans ce texte croisent plusieurs perspectives :

  • A) Remettre la pyramide à l’endroit, redonner du sens à nos vies…

La première chose à retrouver est le sens de l’Humain, et de sa place sur la Planète, avec 2 dimensions absolument reliées : le plan personnel – pas celui d’un individu libre et déconnecté de son intériorité et des « pourquoi » (et hyper-connecté par la technologie aux « comment ») – mais celui d’une personne et de sa dignité ; et le plan relationnel, celui de la personne reliée aux autres Humains, et reconnectée à la Nature parce qu’en faisant partie intégrante. Plusieurs courants de pensée peuvent nous aider à retrouver et approfondir ces dimensions : le « Buen Vivir Juntos », comme appel à  Vivre Dignes et Prendre soin ; les 4 ontologies et les 6 modes gradués de relation ; la Gouvernance des Biens Communs… Ce sont des contributions intéressantes pour nous aider à reconstruire un développement humain intégral !

Ceci passera aussi par une étape de clarification : retrouver le goût des mots authentiques, pas ceux du « communicationnel » distordant ! Durant cette période, nous avons pu mesurer, car nous étions « abreuvés », pour ne pas dire « saturés », d’informations : au milieu de ce flot, des éléments plus ou moins vrais ou utiles. Ceux-ci nous ont-ils aidés à comprendre et à réfléchir ? Un autre aspect de ce monde « communicationnel » a été aussi celui de la promotion de la relation intermédiée par la technologie : de bons et beaux outils, lorsqu’il s’agit d’instaurer des échanges respectueux et bienveillants entre Humains. Par contre, l’appellation de « Réseaux sociaux » me parait largement usurpée, et comme un témoin de la capacité de distorsion de la signification, dont fait preuve « le monde marchand et intrusif des technologies et firmes de communication », qui savent se rendre indispensables bien au-delà de l’utile, en nous noyant sous le futile !

  • B) Sortir du duopole Marché ó Etat, qui exclut la majorité, réduite à n’être que des supplétifs, des soutiers…

Remettre la pyramide des priorités à l’endroit signifie reprendre le classement instauré depuis plusieurs décennies : la priorité, prise par le financier et l’économique sur le politique et les autres domaines, a montré sa réalité lorsqu’il s’est agi de répondre à la pandémie sur le registre sanitaire !

Sur quelle éthique partagée s’appuyer désormais pour que l’éthique inspire le politique, lequel doit prendre en considération l’écologique et le social, comme aussi le territorial, avant de décider ?

« Ceux qui pensent possible une croissance infinie dans un monde fini sont des fous… ou des économistes. »  Nicolas GEORGESCU-ROENTGEN 

Un autre aspect à considérer est la prédominance d’une « Economie informelle », qui est plutôt une « économie externalisée et précarisée », pour une majorité de personnes dans le Monde, chez nous comme ailleurs : une forme d’économie qui contribue par ses activités à la prospérité générale, mais dont les acteurs sont exclus des rétributions et sécurités justes, liées à leurs services rendus. La question soulevée des « inégalités » s’alimente à cette forme de mal-traitance, plutôt que de sous-traitance !

  • C) Démocratie participative, pas formelle, ni dirigée… depuis la base, non depuis en-haut !

Nous avons la chance de vivre dans une Europe en paix depuis 70 ans ; mais nous avons aussi le devoir d’exiger que la construction de cette Europe ne soit pas réservée aux marchés et aux marchands. Cette exigence que nous devons manifester, et qui doit être prise en considération par les dirigeants, monte de la base, c’est-à-dire des nations et peuples qui composent cette Europe, et qui ont autant de légitimité que les puissants à orienter son destin, le leur aussi !

Cette exigence de démocratie participative s’exprime fréquemment ; elle est peu entendue, alors qu’elle n’a rien à voir avec du populisme ou de la petitesse d’esprit. Elle manifeste plutôt une grande et noble considération envers « le politique ». Elle s’appuie sur un tripode, constitué de 3 bases : les acteurs ou populations ; les territoires, espaces à co-gérer ; les ressources à partager. A partir de ce tripode, se dégagent des enjeux qui fondent le politique, et se diverses déclinaisons.

  • D) Solitaires ou Solidaires, tel est le choix qui s’offre à nous !

«Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots!» Martin Luther KING. Cette phrase sonne particulièrement juste aujourd’hui en sortie de déconfinement, et de reprise des activités sociétales : saurons-nous la mettre en œuvre ?

Bernard HUGUIES, Saint-Laurent Médoc, mai 2020

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