Paul Jamet, Ami de La Vie en Ardèche, a participé à plusieurs forums sociaux dès Porto Alegre. Il s’est éteint la semaine dernière à l’âge de 91 ans. Plusieurs de ses amis ont souhaité lui rendre hommage.
C’est une belle histoire d’amitié qui vient de s’interrompre avec la disparition de Paul Jamet, mort à 91 ans et que nous venons d’accompagner, à son dernier repos dans le petit cimetière d’Arras-sur-Rhône, sa commune, en Ardèche, ce 30 janvier 2017. Nous, ce sont quelques-uns de ses “Amis de La Vie” qu’il citait nommément dans un très beau texte qu’il avait écrit avant sa mort, et lu durant ses obsèques, texte intitulé : ”l’Amitié”.
C’est en janvier 2002, au Forum Social Mondial de Porto Alegre au Brésil, que nos routes se sont croisées et que Paul et Marcelle ont fait connaissance avec les “Amis de La Vie”. Nous y avons découvert un couple militant et convaincu ”qu’un autre monde est possible”, heureux de ce rassemblement international pour faire advenir plus de justice, curieux de découvrir la vie d’autres cultures que la leur, de partager leurs convictions, de discuter longuement pour agiter des idées, comparer, convaincre, s’enrichir l’esprit et le cœur.
Ils en avaient fait pourtant des voyages tous les deux ! La Russie, la Pologne, la Bosnie, la Palestine… mais celui de Porto Alegre les avait profondément marqués, parce qu’il concentrait sans doute tout ce qui donnait sens à leur vie… si bien qu’ils mettront un point d’honneur à ne jamais manquer un “week-end mondialisation” d’Annecy le Vieux, puis de Belley, de 2003 à 2016. “C’est un peu mon université, disait Paul. On a toujours besoin d’apprendre, de comprendre, d’échanger et surtout de partager dans l’amitié.” Et ils étendront leur champ de connaissance et des relations d’amitié au cours des universités d’été.
Paul a passé sa longue vie dans sa petite commune ardéchoise des bords du Rhône. C’était son enracinement. Il avait repris l’exploitation agricole de sa famille, et il a très vite occupé le poste de secrétaire de mairie, au service des habitants, ce qui sera pour lui presque un second métier. Paysan dans l’âme, il participera par la J.A.C à toutes les mutations économiques et sociales dans un monde en pleine évolution. Mais son ouverture aux autres et la foi intérieure qui l’animait le pousseront sur bien d’autres fronts. D’abord familial, avec l’accueil d’enfants que Marcelle et lui considéreront toujours à l’égal de leurs propres enfants. Et puis les prises de responsabilités dans l’action catholique, l’accompagnement des couples vers le mariage avec le CPM, la participation au CCFD, et surtout son engagement et sa présence active au mouvement de la Paix de son département.
À son chaleureux sourire et ses longues conversations animées, Paul ajoutait un certain talent pour partager au-delà du temps, en écrivant l’histoire de son village, ou de nombreux textes rythmés et rimés au gré des circonstances quand il sentait qu’il y avait urgence à affirmer des convictions profondes. Bien sûr il a connu des moments difficiles. Il partageait volontiers ses inquiétudes sur sa santé et sa famille. On se souvient combien la mort accidentelle de son fils aîné, l’an dernier, l’avait meurtri. Mais même certaines larmes devenaient partage.
Nous ne lirons plus de nouveaux ”poèmes”, nous ne serons plus accueillis par sa bonne humeur, mais nous n’oublierons pas les moments d’amitié partagés.
A Dieu Paul, et merci de ce que tu as été pour nous, plus qu’un ami, certainement quelqu’un de généreux, dynamique, profond, convaincu, réactif et toujours porté vers l’avant. Et tu nous laisses Marcelle, ta fidèle compagne de toute une vie. Elle, toujours discrète mais disponible, nous soupçonnons fort qu’elle a été ton soutien et ton appui. Nous lui resterons fidèle en amitié. Elle n’est pas seulement ” la femme de Paul”, mais Marcelle, celle que nous avons connue, “grâce à Paul.”
Monique et Claude Popin, Jeanne et Alain Coiffard, Marie-Thérèse et René Valette (au nom des tous les Amis de La Vie, du groupe de Porto Alegre 2002*)
*ce groupe “Amis de La Vie” de plusieurs régions de France, s’est réuni plusieurs fois depuis 2002, à Arras-sur-Rhône, à Saint-Victor-surLoire, pour continuer à échanger, à partager, et surtout à entretenir une amitié née au Brésil et qui perdure malgré les km qui nous séparent les uns des autres.