C’est l’une des actions les plus célèbres de l’association ATD Quart-Monde. Les bibliothèques de rues s’installent le temps d’un après-midi dans les quartiers défavorisés et reviennent la semaine suivante. Marie Aubinais, auteur jeunesse connue pour son personnage du Petit Ours Brun, est animatrice dans une bibliothèque de rue à Angers. Elle a tenu un atelier sur le sujet lors de l’université d’été.
Pendant deux heures, avec trois autres bénévoles, ils vont s’installer chaque semaine au pied des immeubles, dans un jardin public ou encore sur un trottoir. Qu’importe le temps, ils seront là, avec une bâche et quelques livres. « Être dehors c’est important, car cela permet d’être accessible à tous », explique Marie Aubinais. Les jours où il pleut, les volontaires s’installent sous un préau, ils montent un double toit ou investissent une cage d’escalier. « L’important est d’être sur le lieu de vie des enfants qu’ils vont rencontrer. »
Au départ, les enfants les observent de loin, puis ils s’approchent, tournent autour des livres avec leurs trottinettes, avant de venir et de se laisser transporter par un récit. D’abord intimidés, puis curieux, ils finissent par attendre ce moment avec impatience. « On ne résiste pas à une histoire. Parfois, ils arrivent en courant car ils savent qu’ils vont avoir un peu temps pour rêver et partager un bon moment. » Assis, seul à deux ou trois, les enfants lisent un livre avec un animateur. C’est un moment privilégié. Ils vont pouvoir chacun leur tour choisir, lire, regarder, écouter une histoire, arrêter, revenir en arrière, imaginer et même recommencer.
La rencontre autour du livre
Cet espace est un véritable lieu d’évasion. Les enfants cultivent un rapport au livre différent de celui qu’ils ont l’habitude d’avoir lorsqu’ils sont à l’école. Ici pas d’évaluation. Chaque lecture est unique. « L’enfant a sa propre interprétation de l’histoire, parfois surprenante », note Marie Aubinais. Ils approchent la langue française et le temps du récit d’une nouvelle manière. Au cour de la lecture, les enfants racontent parfois ce qu’ils vivent au quotidien. « C’est un moment d’échange, entre l’animateur et l’enfant, mais aussi entre les enfants avec leurs familles. La bibliothèque de rue devient un véritable lieu de vie. »
Une action qui porte ses fruits
À Angers, ATD a noué un partenariat avec la bibliothèque municipale. En y organisant quelques après-midis de lecture, les animateurs ont réussi à redonner le goût du livre aux enfants. Désormais nombre d’entre eux vont régulièrement à la bibliothèque par leurs propres moyens.
Les bibliothèques de rue ne sont pas pérennes. Elles n’ont pas vocation à remplacer les bibliothèques municipales qui à terme sont censées prendre le relais. Les enfants deviennent vecteurs de transmission de la culture pour la diffuser à leur tour au plus grand nombre.
Chloé Bermond