Une interview exclusive du philosophe Bernard Stiegler, a été projetée à l’université 2015 d’été des Amis de La Vie. Le directeur de l’Institut de recherche et d’innovation réfléchit sur les mutations de la société induites par les technologies, en particulier le numérique. Cet entretien filmé est sur le site de La Vie.
Interrogé sur le fossé entre le dynamisme de la société civile et la représentation politique, il explique que les pouvoirs traditionnels pyramidaux (« top-down » en anglais) n’ont pas encore pris conscience des bouleversements induits par société des réseaux qui s’impose depuis 20 ans grâce à internet. Les individus se sont mis à coopérer de façon horizontale et les idées circulent désormais depuis la base (bottom-up,). Une réflexion collective doit conduire à une refonte totale de la constitution, des enseignements, des droits, y compris du droit du travail.
« 50% des emplois vont disparaître d’ici à 20 ans au plus tard », poursuit Bernard Stiegler en répondant la seconde question. A l’heure où l’automatisation déferle sur tous les secteurs de l’économie mondiale, le philosophe milite pour que cette mutation soit pensée et accompagnée. La fin de l’emploi est l’occasion de réinventer le travail, de reposer les fondements de l’économie pour qu’elle devienne contributive et non plus destructrice.
Dominique Fonlupt
Bernard Stiegler développe ses arguements dans un livre concis et passionnant paru au printemps 2015 et très vite épuisé. Il est de nouveau en librairie (L’emploi est mort, vive le travail, Ed. Mille et une nuits, 3,50 euros).