Louis Stroebel, des Amis de La Vie des Hauts-de-Seine, a croisé par hasard le fils d’un disparu d’Algérie au FSM de Tunis. Il nous raconte le combat sans relâche d’Ishak Saker, sans nouvelle de son père depuis 20 ans.
Au centre du campus universitaire d’El Manar, ce jeudi 26 mars, impossible d’éviter, étalées à même le sol, cette centaine de photos d’hommes, de femmes et de quelques enfants. Elles représentent quelques-unes des 20 000 personnes qui ont disparu pendant les années noires en Algérie.
Je croise alors le regard d’un jeune homme qui tient le portrait d’un homme au-dessus duquel il est écrit : « vivant je veux le voir, mort je veux son corps ».
« C’est mon père, dit Ishak. Il a été arrêté en 1994, et depuis plus de 20 ans, nous n’avons plus de nouvelles. J’avais 7 ans. Il était prof de maths et aussi député du Front islamique du salut (FIS) en exercice. Du jour au lendemain, ma mère s’est retrouvée sans salaire, sans indemnité ni allocations avec 6 enfants ! Aucun de nous ne peut prétendre à un emploi dans le public quel qu’il soit. Depuis ce temps, nous nous battons avec ma mère et l’Association des familles des disparus pour connaître la vérité, sans résultat. Toutes les démarches ont été vaines ! »
Louiza, sa mère, présente aussi sur le Forum, est fière de ses enfants. Tous ont pu malgré tout, dans ce contexte difficile, mener à bien des études supérieures.
Ecouter, c’est tout ce que nous pouvons faire… Nous promettons à Louiza et Ishak de parler de leur situation dans notre blog.
Moi qui ai une partie de mon cœur en Algérie, les disparus ont à présent un visage, celui d’Ishak Saker, le fils cadet de l’un d’entre eux.
Louis Stroebel, ami de La Vie de Bagneux (92).