Alexandre Rousse, 27 ans, Evianais de naissance, raconte son chemin de foi et de spiritualité. Portrait.
par Gabrielle Martin-Cayol
La religion a toujours fait partie du quotidien d’Alexandre Rousse, étudiant en psychologie, né dans une famille catholique. Lorsqu’il a 12 ans, son père quitte brutalement sa mère et rentre dans sa Bretagne natale. Alexandre raconte, aujourd’hui en riant, à quel point cette période « c’était l’horreur ». Sa mère, profondément catholique, se réfugie alors dans la religion, entre prière du soir et messe le dimanche. Pour Alexandre, la présence de cette foi devient un poids. Et ce qui était jusqu’à présent un repère est alors vécu comme une contrainte. Depuis petit il allait à la messe, s’était fait baptiser sans trop se poser de questions : « ça faisait plaisir à ma grand-mère » assure t-il. L’inscription aux cours de catéchisme puis d’aumônerie était avant tout un moyen de s’amuser et de voir ses amis. Alors quand on lui propose, au milieu de cette période familiale compliquée, une semaine au monastère de Taizé, il accepte, même si plus intéressé par la perspective de belles vacances.
Une rencontre à Taizé
C’est pourtant lors de cette semaine qu’Alexandre rencontre vraiment Dieu pour la première fois, face à la croix du Christ dans l’église de Taizé. Il raconte, le sourire aux lèvres : « Mon cœur s’est agité, j’ai ressenti un profond sentiment d’extase, le cœur empli d’émotions, de bonheur, de sérénité ». Lui et son ami qui priaient ensemble ont vécu un moment « fort et touchant » où « l’amour de Dieu s’est fait sentir ». « On a vécu une vraie grâce divine ce jour là. » Celui qui « suivait bêtement » la religion dit avoir alors « enfin compris ». Cette rencontre, qui l’a profondément touchée, le rapproche de Dieu et lui donne la motivation pour cultiver sa foi et la faire croître.
Il s’engage comme animateur à l’aumônerie d’Evian, où son énergie et sa bonne humeur sont mises au service des jeunes. Chaque mois, ils se retrouvent pour dîner, prier, discuter, débattre ensemble. Alexandre considère que l’éducation à la religion pour ceux qui le souhaitent est essentielle pour amener les jeunes à se poser des questions spirituelles, « sans jamais forcer » précise-t-il. Être animateur au sein de l’aumônerie d’Evian lui permet de se reconnecter chaque mois à Dieu, qu’il a encore tendance à parfois oublier un peu dans la vie de tous les jours. « On a une relation compliquée » s’en amuse-t-il.
La foi à l’épreuve de la vie
En effet, la foi évolue, peut augmenter, diminuer, « un peu comme un yoyo ». Et se manifeste lors des épreuves de la vie. « Étonnamment j’ai assez bien vécu la mort de mon grand-père, grâce à ma relation avec Dieu » reconnaît Alexandre. Mais lorsqu’on lui annonce, à seulement 25 ans, qu’il est atteint d’un cancer de la thyroïde, il perd cette capacité à « discuter » avec le divin tout au long de son combat contre la maladie. « Ça a été très compliqué pour moi de ne pas réussir à cultiver cette relation » reconnaît-il aujourd’hui, désormais guéri.
Pour Alexandre, « ce n’est pas tant de croire en Dieu ou d’apprendre ses préceptes qui font la foi ». « Ce sont les expériences vécues qui forgent cette spiritualité et l’a font évoluer. » Il se marie en juillet prochain et espère poursuivre son expérience de foi à travers le mariage.
Un article de Gabrielle Martin-Cayol