Matthieu Faucher, interdit d’enseignement pour avoir fait travailler ses élèves sur les textes bibliques, vient d’être blanchi par la Justice. Ses quatre ans de combat ont été racontés et analysés par René Nouailhat, historien des religions. Jacques Lavernhe, ami de La Vie à Toulouse, a contribué à une nouvelle édition de son livre disponible fin janvier 2021.
Un constat est de plus en plus partagé, en particulier dans les milieux enseignants : l’enseignement à l’Ecole du fait religieux, dans sa double dimension culturelle et religieuse, distinguant bien le croire et le savoir, la catéchèse et la culture, s’avère un passage obligé dans la compréhension même de notre histoire collective. Les textes officiels de l’Education Nationale font eux-mêmes clairement état du besoin de pratiquer l’enseignement laïque du fait religieux.
Matthieu Faucher, instituteur dans le village de Malicornay, dans l’Indre, s’est engagé dans cette voie en faisant usage, entre autres, de textes bibliques. Mais, à partir d’une lettre anonyme de fin janvier 2017 l’accusant de prosélytisme, il s’est trouvé interdit d’enseignement puis déplacé. Il a dû se battre pendant quatre années contre sa propre hiérarchie soutenue par Jean-Michel Blanquer pour que soit finalement reconnue par la Justice, fin décembre 2020, l’authentique laïcité de sa démarche. Il a été heureusement largement soutenu sur place par les parents d’élèves et les élus locaux aussi bien que par les plus grands experts de ces questions, à commencer par le Professeur René Nouailhat, historien des Religions et auteur, en février 2019, d’un livre préfacé par Paul Malartre, alors président des Amis de La Vie, et le soutenant dans le combat qui était le sien.
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Il est remarquable – c’est peu courant ! – de pouvoir signaler la décision des Editions de l’Harmattan de publier fin janvier 2021, quatre ans depuis la lettre anonyme…, une réédition de l’ouvrage, complétant jusqu’à sa conclusion victorieuse et encourageante l’histoire de ce combat, et un dossier résumé de sa couverture médiatique (dont les articles de Sixtine Chartier, journaliste à La Vie).
Car cette victoire a été un camouflet pour une Administration obtuse et intolérante aussi bien que pour le ministre lui-même qui, a gravement contredit ses propres prises de position publiques de 2018 de soutien à l’enseignement laïque du fait religieux, en poursuivant pour « prosélytisme » un enseignant intégralement blanchi par la Justice.
Il faut souhaiter que ce jugement fasse jurisprudence et libère de nombreux enseignants de toute inhibition dans ces questions d’importance aussi bien éducative que politique.
Jacques Lavernhe, membre des Amis de La Vie à Toulouse.