« Les droits humains font-ils leurs « burn-out ? » Cette question ouvre le dernier livre de Guy Aurenche publié à l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle (Editions Temps Présent,14 euros). Est-elle incongrue ?
Oui, si l’on fait un tour sur le site d’ONG comme Amnesty International ou l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la torture (ACAT) pour ne citer qu’elles : le combat pour la dignité et la liberté reste immense. Les articles de 1948 sont toujours une boussole pour les victimes, pour ceux qui prennent le risque de se dresser contre les abus de pouvoir, mais aussi pour la société civile.
Que la critique des droits humains soit alimentée par des régimes dictatoriaux, rien de surprenant. Cependant, fleurit depuis une dizaine d’années dans nos démocraties l’adjectif péjoratif « droit-de-l’hommiste ». D’abord utilisé dans les milieux d’extrême droite, puis par des personnalités politiques comme Sarkozy et Villepin, il l’est aussi par des intellectuels catholiques qui voient dans le mariage homosexuel, l’euthanasie, la GPA, des projets inspirés par la logique individualiste des droits de l’homme (Pierre Manent, «La loi naturelle et les droits de l’homme, PUF) et se désolent que la « dignité désincarnée de l’individu » cherche vainement à s’auto-fonder, sans référence à la loi naturelle (« Les droits de l’homme dénaturé », Gregor Puppinck, Cerf).
« Aucun péché d’individualisme dans cette saine réaction contre l’oppresssion, estime Guy Aurenche. Les droits de l’homme peuvent justement servir à penser les nouveaux défis, en particulier celui du réchauffement climatique ». L’ancien avocat prend sérieusement en compte ces critiques et les réfute en s’appuyant sur les textes, sur son expérience de la situation en tant qu’ancien président de la Fédération internationale des ACAT et du CCFD-Terre solidaire.
Invité par plusieurs groupes d’Amis de La Vie (à Paris récemment, à Grenoble, à Privas, à Toulouse et à Orléans en mars 2019), il échangera avec nos lecteurs autour de l’actualité de cette conquête (voir l’agenda du site).
Dominique Fonlupt