Accueil des migrants : au Lazaret, on fait tomber les barrières !

Suite à la demande de la préfecture, fin 2015, d’accueillir des réfugiés venant de la « Jungle » de Calais, le Lazaret est une des rares structures de la région à avoir accepté cette mission.

 

L’équipe du Lazaret, avec au centre son directeur, Jean-Régis Souvignet.

Jean-Régis Souvignet est le directeur du centre de vacances Le Lazaret, à Sète. Cet homme souriant et dynamique est dans le domaine du tourisme familial et social depuis plus de trente ans et directeur du Lazaret depuis 2013.

Pouvez-vous présenter brièvement le centre ?

Ce lieu est devenu une institution. En effet, créé en 1865, c’est le plus vieux centre de vacances de France. C’est le pasteur Lucien Benoit qui avait décidé d’en faire un centre de bains de mer thérapeutiques réservé aux protestants. Avec l’arrivée des congés payés et l’évolution de la demande, ce centre a fini par s’ouvrir pendant les années 1950 et par diversifier sa clientèle. Aujourd’hui, c’est d’abord un lieu de vacances pour les familles, un lieu de séminaires, de classes de mer, etc. C’est un endroit unique, car on est à la fois en ville, à la campagne et à deux pas de la mer !

Vous avez également accueilli des réfugiés, comment cela s’est-il passé ?

On s’est portés volontaires, suite à un appel lancé par la préfecture. On a commencé à accueillir en novembre 2015 une trentaine de réfugiés qui venaient d’Érythrée, d’Afghanistan, du Soudan, de Palestine ou de Syrie. Ils ont été rassemblés ici pendant trois à quatre mois. Nous les avons hébergés, restaurés et ils ont pu préparer leurs demandes d’asile. Les démarches ont été longues et il a fallu trouver des volontaires déterminés pour les aider à s’intégrer dans un environnement qui leur était totalement inconnu. La difficulté était de trouver des jeunes volontaires disponibles.

Comment s’est passée l’intégration de ces jeunes ?

J’ai apprécié les recevoir et nous avons tissé de vrais liens. Malgré le fait qu’ils ne parlaient pas la même langue, une belle relation s’est rapidement mise en place entre nos jeunes bénévoles, au départ un peu inquiets, et les réfugiés. Très vite, les barrières sont tombées et les jeunes gens ont découvert qu’ils partageaient exactement les mêmes goûts, écoutaient les mêmes musiques, étaient accros aux mêmes jeux…
J’ai aussi apprécié la réaction des locaux. Beaucoup de personnes ont apporté des habits, d’autres ont donné des cours d’alphabétisation. On a eu très peu de réactions négatives. C’était une très grande chaîne de solidarité. Le Lazaret a gagné une notoriété extrêmement positive auprès des autorités.

Qu’est-ce qui vous a poussé personnellement à recevoir ces personnes ?

Je ne suis pas croyant mais je suis guidé par un idéal d’humanisme, proche de la chrétienté. J’estime que dans la tradition du tourisme social et solidaire, on doit être ouvert à cette problématique et être capable de dépasser notre côté commerçant. L’important, c’est la foi en l’humanité.
J’incite ceux qui hésiteraient encore à accomplir ce devoir de solidarité, à dépasser leurs préjugés. On fait de très belles choses, on en tire un bénéfice humain !

 

Propos recueillis par Maguelonne Le Roux et Anne Mariotti