La résistance est au cœur des débats et des interrogations à l’université d’été des Amis de la Vie à Méaudre. Mais à quoi résister, pourquoi et comment ? Des participants font part de leur vision de la résistance au sens large, en s’appuyant sur leurs expériences personnelles.
Marie Ballot Besançon (25) “Le délit de solidarité me scandalise”
« La résistance c’est faire face aux idées reçues et aux bien-pensants du moment. Avoir un esprit critique face aux autres est indispensable. Être soi-même dans le monde. La résistance doit être à la mesure de chacun, pour qu’elle ne devienne pas stérile. La dimension collective me paraît importante.
Dans le collège où j’enseignais en tant que documentaliste, un collège appartenant au réseau d’éducation prioritaire REP +, je disais aux élèves de résister aux injustices, de ne jamais baisser les bras. Il faut toujours rester opiniâtre.
Pour moi, résister c’est être juste. Le délit de solidarité me scandalise. Aider les réfugiés est peut-être illégal mais ne pas les aider est immoral. »
Daniel Barbier Villeurbanne (69) “Il y a une résistance à opposer aux dérives de certains médias modernes”
« Il faut résister contre l’hégémonie d’une puissance unique. Il s’agit de remplacer les notions de force et de puissance par l’efficacité au nom de tous. A propos des médias, ceux-ci ne devraient être que des canaux qui fournissent l’information. Or, certains deviennent des armes de diffusion idéologiques. Des géants comme Google ont tendance à casser le lien entre les hommes. L’humain est supprimé. Il y a une résistance à opposer aux dérives de certains médias modernes.
Ensuite, le désir de puissance de l’homme a toujours existé, il a conduit à des massacres de masse qui n’ont pas disparu aujourd’hui. Il faut donc poursuivre la construction européenne et faire vivre la citoyenneté pour renforcer le vivre-ensemble. »
Chantal Claverie Dammarie-les-Lys (77) "Refuser par dessus tout le découragement"
« Résister c'est d'abord ne pas accepter qu'on me fasse faire ce que je n'ai pas envie de faire. Je cherche à définir en moi ce qui me tient particulièrement à cœur, de manière vitale. Cela suppose un cheminement intérieur permanent, de manière à me poser dans mon cœur et dans ma tête.
Résister, c'est refuser par dessus tout le découragement et la résignation. De grande personne comme Raoul Follereau m'ont marqué, en particulier leur engagement et leur courage.
Résister c'est parfois s'indigner, dire : "non, il ne faut pas que ça continue". Nous sommes tous une petite parcelle du monde. Et nous devons tous agir à notre manière, sans nous appesantir sur nous-mêmes. »
Françoise Gadby Colombes (92) “Il y a une dimension collective”
« Résister c’est faire face à l’adversité dans une situation inattendue ou pas. Il y a une dimension collective à la résistance, pour lutter face aux injustices et aux inégalités. Je crois que la transmission des savoirs constitue aussi une forme de résistance. Mais l’information doit-être complète.
Malheureusement, je crains que les jeunes d’aujourd’hui raisonnent trop vite et de manière maladroite face à l’information. Certains médias y contribuent grandement. Le fait de s’informer par l’écrit permet d’ouvrir une réflexion.
Pour moi, la résistance doit se placer dans un cadre de réflexion et de questionnement très large, européen et international. Résister c’est aussi s’engager, dans un syndicat, une organisation humanitaire. C’est être conscient et responsable »
Agnès Lacroix Venelles (13) “Aider les plus démunis”
« Pour moi résister c’est déjà se situer à par rapport à quelque chose. A certains moments de ma vie, j’ai dû résister car j’étais en désaccord avec ce qui était véhiculé ou fait. Dans ma commune, nous avons œuvré à l’accueil de familles roms, en dépit de l’hostilité de certains habitants.
Avec un autre collectif, nous avons travaillé à l’accueil de migrants. Dans une région où les idées d’extrême-droite sont répandues, ce travail a constitué une forme de résistance.
Il faut se demander qu’est ce que c’est qu’être chrétien aujourd’hui. Moi je souhaite aider les plus démunis. Mais d’autres chrétiens estiment agir positivement en résistant à « l’invasion ». C’est une question de valeurs. »
Andrée Travaglani Valence (26)
«L’idée de résistance m’évoque d’abord Vassieux. J’admire le courage de tous les jeunes qui n’ont pas hésité à entrer en résistance »