Le 6 octobre dernier, 14 personnes, outre cinq excusées, avaient répondu à la proposition de Michel Pervis, correspondant du groupe. Il invitait ce soir là à un temps d’échange autour de notre journal La Vie sur la thématique de « la lecture des images ».
Après une introduction sur le plan de notre soirée en trois parties, Michel nous proposait de nous pencher sur quelques-unes des images des 3 derniers numéros de La-Vie – en l’occurrence les numéros 3707 (Alzheimer), 3708 (Le pape superstar) et 3709 (D’Ormesson).
Parce que l’image influence notre subconscient et agit à notre insu, dans cette 1ère partie, à partir de 3 photos préalablement sélectionnées, il nous questionne : que voyez-vous de façon objective ? qu’évoque pour vous ces images ?
De cet exercice où chacun donne son choix et son avis, ressort que la réalité objective des images est vite masquée par un ressenti dominant. Une des participantes témoignera ainsi que sa lecture est largement conditionnée par les images qui se rapportent à l’article ou à la rubrique considérée dans cette revue où elles occupent près du tiers de la surface des pages !
En deuxième partie, Michel nous conviait à une promenade commentée parmi les pages du journal à la découverte des constructions d’images avec le cadrage serré par opposition au cadrage large qui foisonne de détails et d’informations, la profondeur de champ, tantôt réduite pour faire ressortir un objet principal ou profonde pour un paysage ; les éclairages naturels ou artificiels et la sophistication de certaines photos très construites dans lesquelles cadrage, lumière, éclairages et orientations de la lumière avec les phénomènes de contre-jour concourent à une esthétique qui l’éloigne de la simple photo de reportage.
Avec aussi, très souvent, la règle des 4 points forts de l’image dans un découpage 1/3 – 2/3. Plus même, c’est le montage des images les unes dans les autres et d’une page à l’autre ou l’utilisation de codes couleurs en rupture qui suscitent ici un véritable rythme qui soutient, égaye ou questionne.
Enfin, pour illustrer son propos, il nous introduit au superbe reportage sur l’Ethiopie (en pages 32 à 37 du numéro 3709) d’Olivier Piot et de la photographe Nadia Ferroukhi avec qui il s’est longuement entretenu. Image « sur le vif » ou image très composée, image dérobée ou image intime, la photographe y est au cœur de la vie des personnes, qu’elle met en valeur dans leur réalité, leur humanité, leurs questions. Ici le texte, presque réduit à l’extrême, laisse parler l’image qui fait choc.
En conclusion, que ce soit pour marquer une rubrique ou surprendre, introduire à l’infini d’une évocation sans limite ou fermer son cadre pour mettre en valeur son objet, Michel Pervis nous démonte autant qu’il nous démontre à la fois comment le texte est accroché à l’image.
Et combien l’image illustre en connotations qui rythment le texte et animent la revue, dans des interactions qui questionnent l’intelligence, attirent le regard et aiguisent l’intérêt du lecteur, non sans appeler sa vigilance.
Soirée riche et sympathique donc et, probablement aussi à renouveler dans cette ambition d’aller au-delà des mots avec un grand merci à notre animateur d’un soir, si compétent !
Xavier Harmel, Ami de La Vie de l’Ain