Mercredi 13 juillet à l’université d’été, un groupe de 25 Amis de La Vie a eu l’opportunité de visiter Les Machines de l’île de Nantes. Reportage sur un voyage extraordinaire au cœur d’un rêve peuplé d’animaux géants aux muscles mécaniques.
Les machines de l’île sont nées du rêve fou de deux anciens membres de la compagnie Royal Deluxe : Pierre Orefice et François Delarozière. Ils avaient répondu en 2004 à l’appel à projet de la ville de Nantes qui cherchait à réaménager l’ancien chantier naval, resté en friche depuis 20 ans. Nos reporters, enchantées par leur visite, ont décidé de vous partager leur voyage dans un monde de matière et de détails qui les a replongé dans l’imaginaire de leur enfance.
L’île de Nantes n’est décidément pas un lieu ordinaire. Si, à première vue, il s’agit d’un endroit calme ponctué de hangars et d’immeubles modernes, il ne faut pas s’y fier. En vérité se promener sur l’île comporte des risques : celui de tout à coup faire une rencontre hors du commun avec l’une des machines immenses qui la peuple. Si cela vous arrive, alors soyez prêt à la suivre et à plonger, telle Alice au pays des merveilles, dans un univers onirique, proche du rêve éveillé.
Ça trompe énormément
Pour nous tout a commencé par un bruit étrange : le barrissement d’un éléphant. Si nous avons d’abord cru avoir mal entendu, notre interprétation s’est en fait révélée exacte. Soudain, est apparu sous 
nos yeux ébahis, un éléphant mécanique. Ce mastodonte constitué de bois, d’acier et de cuir mesurait plus de 10 m de haut et se précipitait en direction de la grue du chantier naval à une vitesse pachydermique avoisinant les 2 km/h ! Il s’arrêtait parfois sur le quai, pour observer le paysage ou recracher de l’eau sur les badauds. Sur son dos, des touristes admiraient la vue, et observaient ses engrenages-articulations et ses muscles-hydrauliques de l’intérieur. Le majestueux animal, né en 2007 à l’ouverture des Machines de l’île, se révéla tout à fait inoffensif. Jamais ses oreilles de cuir ne vinrent se rabattre sur les visiteurs. Il ne semblait pas craindre la poussière citadine, surement parce que ses longs cils l’en protègent efficacement.
En le suivant, nous avons pénétré dans une galerie au toit de verre, un vestige industriel du chantier naval, désormais occupé par des ateliers, une serre tropicale et un laboratoire à machine. C’est avec les yeux d’Alice que nous avons découvert la « chenille arpenteuse » de ce monde merveilleux. Celle-ci a accepté de prendre sur son dos un unique passager, Mathis, à condition que celui-ci soit capable d’actionner les manettes qui permettent de faire avancer ses 3,95 mètres de longueur et ses 350 kg.
Attention aux accidents de fourmi !
Notre regard s’est ensuite tourné vers un animal plus effrayant tapi dans un trou. C’est la « petite » dernière qui est née en février dernier : vous l’avez compris, c’est l’araignée ! Du haut de ses 4,5 mètres elle a invité sur son abdomen quatre courageux passagers pour leur faire vivre une expérience inédite. Ce monstre de 7,5 mètres d’envergure s’est élevé dans les airs sous le regard ébahi des visiteurs avant de déplier ses longues pattes pour s’avancer vers une foule émerveillée. Voilà de quoi changer notre regard sur un animal qui ne suscite pas toujours la sympathie !
À peine l’araignée rendormie, qu’une fourmi géante fait son apparition. Agée de deux ans de plus que sa petite sœur l’araignée, elle a fait le bonheur des cinq passagers qui la dirigeaient à travers la salle. Attention toutefois aux accidents de fourmi ! La sécurité nous a préservés du danger des apprentis conducteurs en nous priant de reculer sur son passage.
Notre voyage au pays des merveilles s’est achevé par le vol d’un héron. Cette fois-ci, place aux conducteurs expérimentés qui ont convié deux autres passagers à leur voyage. Toutefois ceux qui 
sont restés les pieds sur terre ont également pu participer à cet envol, ne serait-ce que par l’allure majestueuse de l’animal qui a fait revivre, le temps de quelques minutes, nos cœurs d’enfants.
“À pieds, mais aussi à dos de fourmi ou de chenille géante, les spectateurs pourront se promener de branche en branche.”
Mais pourquoi de telles machines ? Celles-ci ont pour mission de peupler l’arbre aux hérons. Imaginé en 2002, celui-ci devrait voir le jour en 2021 dans la carrière Misery au Bas-Chantenay. Près de 450 visiteurs pourront bientôt arpenter les 22 branches végétalisées de l’arbre, dont l’une d’entre elle est exposée à l’entrée de la galerie des machines. À pieds, mais aussi à dos de fourmi ou de chenille géante, les spectateurs pourront se promener de branche en branche, jusqu’à atteindre le sommet de l’arbre et admirer la vue sur Nantes.
Lorsqu’enfin nous nous frayons un chemin hors de ce monde à la fois onirique et mécanique, nous nous dirigeons comme aimanté vers le Manège d’Andréa. Au loin Le Carrousel des Mondes Marins et ses trois étages surplombe. Et la tentation est encore plus grande de plonger dans cet aquarium mécanique qui évoque le monde de Jules Vernes au milieu des créatures aquatiques pour s’embarquer dans une nouvelle aventure extraordinaire.
Raphaëlle Boyer et Maïthé Thouvard