Colette Nys-Mazure a animé un atelier d’écriture riche en émotion à l’université d’été des Amis de La Vie. Cette romancière accomplie est aussi une poète passionnée.
“Ici, on ne juge pas ce qu’on écrit.” Cette phrase libératrice a été prononcée à de multiples reprises par Colette Nys-Mazure, lors de l’atelier d’écriture qu’elle a animé lundi 11 juillet. Une quinzaine d’Amis de La Vie se sont réunis autour de cette femme de lettres pour partager un “moment de grâce”, comme l’a fait remarquer l’une des participantes.
Après s’être installé en cercle pour stimuler un esprit de groupe, chacun se présente. Les exercices commencent. Dans un premier temps, les participants doivent décortiquer leur prénom, c’est-à-dire analyser chaque syllabe en considérant tout ce qui leur vient à l’esprit. Homonymes, expressions, odeurs, images, sons, souvenirs, tout est pris en compte. Les participants composent alors un texte court, et le lisent à voix haute.
Rapidement, les masques tombent et le lien qui unit les membres du groupe se renforce. Le partage et l’écoute sont la règle. En alternant exercices d’écriture et extraits de lecture, les participants sont transportés dans une bulle de chaleur. Cette atmosphère règnera toute la durée de l’atelier.
“L’atelier d’écriture, c’est un peu comme une auberge espagnole”
Le deuxième exercice implique le genre des participants. Chacun doit assembler un texte dans lequel il revendique son sexe. Et pour la dernière activité, les participants choisissent cinq commentaires qu’ils ont entendus à propos d’eux, et y répondent avec humour. Une participante rédige “on a dit de moi que j’étais silencieuse” et répond à la remarque par “attention, je vous observe”. À la suite de ces exercices, tous disent se sentir plus fiers de leur identité.
Colette Nys-Mazure ne se contente pas d’animer, elle prend aussi part aux exercices. “Cela aide les participants : on est sur un niveau d’égalité et ils se sentent plus libres de s’exprimer”. L’écrivain et poète anime des ateliers depuis plus de 35 ans.
Le concept des ateliers d’écriture a émergé dans les années 1970. Ils sollicitent la créativité à l’aide de contraintes artistiques, et ont plusieurs objectifs, dont la création, la formation, l’initiation, la thérapie et la lutte contre l’illettrisme. “L’atelier d’écriture, c’est un peu comme une auberge espagnole”, estime Hubert Haddad, auteur et poète, “chacun apporte ses richesses inexploitées, c’est une caverne d’Ali Baba où retrouver ses propres trésors”.
Des moyens de trouver les réponses en soi
Animer un atelier d’écriture n’est pas chose facile. “Il faut faire attention à ce que personne ne prenne le dessus sur le groupe”, prévient Colette Nys-Mazure. “Il est aussi très facile pour une personne de devenir trop émotionnelle et qu’un exercice tourne au drame.” En effet, ce sont des moments lourds en intimité et chargés en émotion. L’animateur doit encadrer, mais aussi préserver la dynamique du groupe. “C’est l’une des choses les plus importantes lors d’un atelier”, déclare Colette Nys-Mazure. L’animateur doit se soucier du groupe, mais aussi de la fragilité de chacun devant l’acte d’écrire.
Nombre de personnes viennent aux ateliers avec de fausses idées. Une des plus communes est d’entrer avec la conviction qu’il donnera une formule magique pour écrire ou des solutions exactes à un conflit personnel. En fait, ils ne donnent pas des réponses, mais des moyens de trouver les réponses en soi. Ils permettent de s’intérioriser, puis de s’exprimer. Les ateliers d’écriture confirment que les ressources pour s’inspirer, pour guérir, pour grandir, viennent de nous. À la fin de l’atelier, tous sont repartis avec le sourire, une nouvelle sensibilité, et, peut-être, un désir d’écrire.
Eugénie Adlhoch-Mathé