Sur proposition de l’un de ses membres, les Amis de La Vie de Strasbourg ont accepté de réfléchir sur la place des femmes dans l’Église Catholique, le 31 mars dernier. L’opportunité leur a été fournie par l’entretien accordé par Mathilde Dubesset, historienne du féminisme, dans le numéro du 7 mars 2016.
Des propos de Mathilde Dubesset, il ressort bien que le catholicisme est à la traîne sur ce sujet, par rapport à la société civile mais aussi par rapport au protestantisme et au judaïsme. La discussion a permis d’essayer de dégager les causes et la signification d’une telle situation :
1) L’importance du facteur culturel
Le christianisme est né puis s’est développé dans une société patriarcale où la femme restait en toutes circonstances, soumise à l’homme. Par exemple, l’Église avait beau exigé le consentement des deux époux pour valider le mariage, dans les faits, rien ne se faisaient sans l’accord des parents. Alors qu’à partir du XXème siècle, la femme se voit enfin reconnaître l’égale de l’homme, sur le plan juridique, l’Église Catholique continue jusqu’à ce jour d’affirmer la prééminence du prêtre sur le laïc et donc sur la femme, exclue définitivement depuis Jean-Paul II, du sacrement de l’ordre.
2) La question de la contraception
Dans l’élan de Vatican II, l’encyclique « Humanae vitae » de Paul VI en 1968 soulève une incompréhension totale chez les femmes catholiques elles-mêmes : pourquoi même avec le Pape François, les questions théologiques sou jacentes, comme la naissance de la vie, le sens de la sexualité et la liberté de la femme, restent encore si difficiles à aborder ?
3) La place des femmes dans l’Église Catholique
Le groupe prend acte de la volonté affirmée du Pape François de donner plus de responsabilités aux femmes. Il est vrai que le statu quo actuel n’est pas satisfaisant : dans notre diocèse par exemple, sur 15 membres, le conseil presbytéral ne compte que 2 femmes. Pourtant, la catéchèse des enfants et des jeunes est assurée par 85% de femmes. D’ailleurs, elles se forment de plus en plus en vue de se voir confier des responsabilités. Enfin, le souci de l’œcuménisme doit nous inciter à progresser dans cette direction si nous voulons vraiment faire l’unité avec nos frères protestants et anglicans.
La difficulté d’incarner toujours plus dans la réalité quotidienne, l’égale dignité de la femme et de l’homme, inscrite dans la même vocation baptismale, est révélatrice des blocages et tensions multiples qui traversent notre Eglise.
Ces oppositions internes se manifestent aussi à propos d’autres questions comme les prêtres pédophiles et la baisse des vocations. Aussi, le groupe s’interroge sur l’impératif de trouver des lieux et des occasions où elles pourraient être débattues en toute liberté et en toute vérité, dans chaque diocèse, tout en restant fidèle à l’esprit d’ouverture de Vatican II.
Les Amis du Bas-Rhin.