Lors d’une soirée inspirée par le thème de l’université 2015 sur les ingéniosités collectives, le groupe d’Amis de La Vie du Loiret a échangé sur les changements de comportements et de modes de vie décidés par chacun, dans la double perspective d’un bien-être individuel et du bien commun. Plein d’idées pour passer à l’action.
La dernière rencontre de notre groupe de lecteurs du Loiret, le jeudi 28 janvier, a rassemblé 15 personnes autour du buffet partagé, mêlant comme toujours saveurs et convivialité. Nous avons travaillé ensemble à partir de questions sur les choix que nous posons pour vivre en cohérence avec nos convictions.
Première question : À titre individuel, qu’est-ce que j’ai changé concrètement dans les 15-20 dernières années, dans mon mode de vie et mon comportement quotidien ? Quelle a été l’origine (ou le déclic) de chacun de ces changements ?
Quelques exemples concrets
Alimentation : Je consomme nettement moins de viande, j’achète des produits locaux, bios, frais. J’achète peu à la fois, je ne m’encombre pas, j’évite les suremballages
Vêtements : Je suis plus attentive à l’étiquetage, pour privilégier le « Made in France ». Si je n’ai besoin de rien, j’évite le piège des soldes.
Logement, chauffage, eau : Je fais très attention à ne pas trop chauffer. Je ne laisse pas l’eau couler inutilement (ex : douche !). J’ai investi dans un échangeur thermique
Transports, loisirs, vie culturelle : Je privilégie la marche, le vélo ou le tram pour les déplacements de proximité. Je redécouvre des loisirs peu « coûteux en énergie » tels que le vélo, le canotage… Je pratique au maximum le covoiturage entre amis et voisins pour les déplacements dans la région. Pour voyager, je prends le train autant que possible. Habitant à la campagne, je regroupe mes achats et démarches à faire à Orléans pour me déplacer le moins souvent possible. J’ai changé la nature de mes loisirs : moins de « pures distractions » (ex : certains films ), plus d’activités tournées vers la solidarité.
Attitudes générales, motivations
Lien entre « comportements écologiques » et « économies budgétaires » : Les deux vont parfois dans le même sens : covoiturage ; réduction du chauffage, de la consommation d’eau, du gaspillage o Mais ce n’est pas toujours le cas : prendre le train est souvent un « luxe », repenser l’isolation de sa maison coûte cher (à court et moyen terme). Consommer bio coûte plus cher, sauf si on change ses habitudes : manger moins de viande, produire et fabriquer plus par soi-même, etc.
Et nos petits-enfants ? Les constats sont très partagés. Certains sont consternés par l’attitude de gaspillage de leurs petits-enfants. D’autres au contraire sont « boostés » par l’attitude responsable de ceux-ci, y compris sur le plan de la solidarité. Au sein d’une même famille, il peut y avoir de grandes différences : rôle des jeunes parents, implication ou non de l’école…
L’une de nous, qui a vécu longtemps dans un pays défavorisé, nous dit avoir été, à son retour en France, à la fois émerveillée et atterrée par l’hyper-abondance des produits, de l’eau. Elle a gardé de son expérience passée le sens du « faire la fête avec « pas grand-chose ».
Pourquoi nos changements d’attitude ? Ce qui nous aide : nos activités culturelles (lectures, films, conférences), certains médias (comme La Vie !), nos échanges avec d’autres, parfois aussi un événement douloureux qui nous amène à nous recentrer sur l’essentiel. Nous avons plus de temps que lorsque nous étions plus jeunes pour réfléchir à nos comportements, renforcer notre éthique, et mettre en place d’autres pratiques, des attitudes de « résistance ». Notre conscience « écologique et solidaire » est de plus en plus en éveil.
Deuxième question : Qu’est-ce que je peux citer comme exemples d”ingéniosités collectives” ?
L’ingéniosité collective pourrait être définie comme la capacité qu’ont les individus de trouver ensemble des solutions simples et efficaces pour faire mieux avec moins. Des individus « ensemble », au sein d’associations, d’organismes, d’entreprises, de municipalités, de l’État.
Quelques exemples
AMAP, Jardins de Cocagne, bibliothèques partagées, boutiques de troc, Blablacar Vélib, tri sélectif, habitats partagés, jardins partagés au pied des immeubles, banques solidaires, Villes en transition, étiquetage énergétique (électroménager, logements à vendre), indication d’émission de CO2 (voitures), suppression des sacs plastiques dans les magasins.
De nombreux exemples sont présentés dans le film Demain, documentaire de Cyril Dion et Mélanie Laurent, dans le livre Les Défricheurs, d’Éric Dupin, dans l’exposition Wave, organisée autour de cinq « courants » (économie du partage, co-création, économie inclusive, économie circulaire et mouvement des makers).
Troisième question : Et pour le futur, est-ce que j’ai un ou plusieurs projets (une idée nouvelle ou quelque chose qui existe et que j’envisage de m’approprier) ?
M’inscrire dans une démarche de covoiturage ; essayer Blablacar, aller habiter en face du tram, faire un voyage en vélo en famille pendant 15 jours, vendre nos deux voitures et n’en racheter qu’une seule, hybride, creuser la question d’un habitat construit avec un groupe de copains, avec un terrain commun, une « salle des fêtes », un partage des chambres d’amis, des règles de vie commune, etc.
Et aussi : faire poser des doubles vitrages dans mon appartement, remplacer notre contrat EDF par un contrat Énercoop, fournisseur d’énergies 100% renouvelables (hydraulique, éolien, photovoltaïque, biomasse).
Marie-Françoise Jacques-Natali
correspondante des Amis dans le Loiret