Les idées fausses sur notre cerveau

À l'université d'été, on redécouvre sa cervelle grâce à la chercheuse Pascale Toscani
À l’université d’été, on redécouvre sa cervelle grâce à la chercheuse Pascale Toscani

 

“Neuromythes”, c’est l’expression que Pascale Toscani, professeure de psychologie à l’Université Catholique de l’Ouest d’Angers, utilise pour désigner les croyances erronées que nous véhiculons sur le fonctionnement de notre cerveau. La spécialiste des neurosciences a animé un atelier à l’université des Amis de La Vie. Découvrez les quatre grandes erreurs les plus fréquentes !

Nous apprenons mieux en dormant

 

Première de cette série non-exhaustive de fausses idées, celle-ci postule qu’une leçon est mieux assimilée par une personne lorsqu’elle est endormie. Les récentes recherches sur le sommeil ont permis de mettre en lumière la présence de différents cycles qui caractérisent la qualité de notre sommeil. Selon Pascale Toscani, seule une de ces phases, celle qui suit de plus près l’endormissement, permettrait d’assimiler des informations durant notre sommeil mais pas les autres qui en constituent la majeure partie.

 

Le cerveau des hommes et celui des femmes ne fonctionnent pas de la manière

 

 

En ce qui concerne le traitement des informations, le cerveau de la femme et celui de l’homme fonctionnent tout à fait de la même manière. Les femmes ne sont pas moins douées que les hommes pour faire des mathématiques, ou pour lire une carte routière. Tandis que les hommes ont les mêmes aptitudes que les femmes pour faire de la couture ou pour s’occuper des tâches ménagères

Nous n’utilisons que 10% de notre cerveau

 

Il faudrait bien plus d’une vie, selon Pascale Toscani, pour exploiter la totalité de notre cerveau. Toutefois, il est faux de dire que nous n’en utilisons que 10%, dans la mesure où nous en utilisons bien plus, mais de manière aléatoire et non continue. Pascale Toscani compare le cerveau à une forêt dans laquelle des chemins se créent par la force de nos expériences. Il faudrait alors considérer ces 10% en arborescence, et non en strate.

Tout se joue avant 6 ans

 

Depuis quelques années, Les travaux du psychiatre Boris Cyrulnik et du neurobiologiste Jean-Pierre Changeux ont mis à mal l’idée selon laquelle le développement du cerveau se fait de manière irréversible avant l’âge de 6 ans. Les dernières recherches sur la plasticité cérébrale ont démontré que le cerveau continue de se configurer et de modifier son fonctionnement bien au-delà de l’âge de 6 ans. Il faut trois décennies au cerveau humain pour atteindre sa maturité véritable et nos neurones se régénèrent sans cesse !

 

La réfutation de ces idées reçues devrait évidemment avoir des conséquences sur la manière d’enseigner aux enfants. Un apprendre à apprendre plutôt que le dogme de l’assimilation aveugle d’une somme toujours accrue d’informations ; c’est ce que prône Pascale Toscani comme éthique de l’enseignement pour les années à venir en France.

 

Quentin Martignoni