Spécialiste du Moyen-Orient, le reporter Luc Balbont est venu parler des chrétiens d’Orient, à Lannion, le 5 février. Malgré la situation alarmante, l’espérance subsiste.
De petites étincelles d’espoir… Voilà ce que l’on peut retenir de la conférence du journaliste Luc Balbont, le jeudi 5 février dernier à l’église Saint-Yves. Invité par les Amis de La Vie et la Paroisse de Lannion, le correspondant à Beyrouth du quotidien francophone algérien « Liberté » a parlé sur le thème “Rôle, culture et épreuves des chrétiens d’Orient”, devant une centaine de personnes.
Luc Balbont nous a rappelé que ces chrétiens sont les héritiers des premiers disciples du Christ, ils parlaient araméen, une langue liturgique toujours pratiquée par certains d’entre aux. Très unis au moment des persécutions, cette solidarité a fait défaut lors de l’apparition des différentes communautés, parmi lesquelles certaines Églises non-romaines, qui sont le fruit des différents schismes suivant les premiers conciles.
Ces divisions expliquent d’ailleurs la facilité de la conquête arabo-musulmane. Par la suite on a vu des retours vers l’Église romaine. Aujourd’hui 13 églises chrétiennes vivent au Moyen-Orient. Le défi de ces communautés est celui de la citoyenneté. En 1997, Jean-Paul II a demandé clairement aux Chrétiens du Liban de se préparer à cette citoyenneté : “Dans votre vie quotidienne, puissiez-vous poser des gestes de réconciliation, pour passer de la méfiance à la confiance! Il vous revient aussi de veiller à ce que chaque Libanais, en particulier chaque jeune, puisse participer à la vie sociale, dans la maison commune.”
Aujourd’hui, les Chrétiens sont plus ouverts à la modernité et ils ont un rôle essentiel à jouer dans l’apprentissage de ces pays à la démocratie. Des changements sont sensibles en ce sens, en particulier chez les jeunes, qui s’engagent plus volontiers sur des sujets de société qu’en politique.
Le message de Jean-Paul II a permis le décloisonnement des communautés chrétiennes qui continuent ce travail vers les communautés. D’ailleurs, face à la barbarie, chrétiens et musulmans partagent une vision commune de l’humanité. Il ne faut pas oublier que les musulmans sont aussi les victimes des exactions des extrémistes de Daesh.
Les chrétiens ont toujours eu un rôle essentiel sur le plan culturel, surtout par l’éducation. Les écoles chrétiennes forment, non seulement les élites chrétiennes, mais aussi les élites musulmanes. Beaucoup de ces écoles ont une majorité d’élèves musulmans ; elles sont souvent francophones, comme au Liban et en Egypte, et sont d’un excellent niveau. Bien sûr, les communautés se rencontrent et se connaissent grâce à ces écoles.
Alors que faire pour nos frères Chrétiens ? D’abord les écouter, s’interroger sur ce qu’ils sont, les comprendre. Ensuite les visiter, par l’intermédiaire de l’Œuvre d’Orient par exemple ou de nos Évêques. Enfin, les aider à rester dans leurs pays. L’immigration n’est pas une solution et il faut faire en sorte que leur exil ne soit que temporaire. Par exemple, toute aide à la scolarisation des enfants est essentielle pour eux.
N’ayons pas une vision uniquement catastrophique de la situation des Chrétiens d’Orient. De petites étincelles d’espoir commencent à luire : à nous de les soutenir pour qu’elles deviennent espérance.
Jean-Yves Moisan, correspondant local des Côtes-d’Armor.