Une vingtaine d’Amis de La Vie a participé à la sortie intitulée « La Résistance à Saint-Martin-en-Vercors », mercredi 5 juillet dans le cadre de l’université d’été.
Guidés par Francis Ginsbourger, petit-fils d’une famille juive cachée et protégée en 1943 par les habitants du village, le groupe a suivi les pas des anciens maquisards. Monsieur Vignon, maire de la ville, les a accueillis par cette très belle phrase : “Les juifs étaient déjà combattants, puisqu’ils combattaient pour leur survie.”
Francis Ginsbourger a ensuite entrepris le récit passionnant de la cache de sa famille, ainsi que celle de cette petite bourgade qui a vu avec horreur arriver les Allemands le 21 juillet 1944. “Il y avait une osmose incroyable entre la résistance et le village, affirme-t-il d’une voix forte à plusieurs reprises, à tel point que le Quartier Général de la Résistance n’a jamais été découvert par les Allemands !”
Vient ensuite le tour d’Aline Holcman, réalisatrice, de nous présenter son documentaire « Entre deux feux », témoignage glaçant d’hommes et de femmes du Vercors qui sont entrés dans la Résistance. Après un déjeuner tardif, les participants se sont mis en route vers les hauteurs de Saint-Martin, empruntant le sentier des maquisards. Dans la fraîcheur de la forêt, Francis Ginsbourger continue son récit ponctué d’anecdotes. La présence d’un chien rappelle au guide la peur terrible éprouvée encore longtemps après la guerre par plusieurs membres de sa famille au souvenir des patrouilles allemandes, accompagnées de leurs chiens. Le poivre les aura sauvés, trompant le flair des chiens.
Encore quelques mètres en hauteur et la troupe tombe sur un scialet (NDLR : un gouffre creusé par l’érosion), où de nombreux résistants, dont plusieurs membres de la famille de Francis Ginsbourger, se réfugièrent à l’arrivée des Allemands en juillet 1944. Ils y passèrent 19 jours avec des armes et quelques provisions. Quand le spéléologue qui accompagne la visite souligne qu’il est profond de près de 6 mètres et que la température au fond avoisine les 5°, un murmure de stupéfaction résonne entre les arbres.
C’est non sans émotion que les Amis redescendent pour terminer leur périple chez les Blanc, les petits-enfants de la famille qui a aidé celle de Francis Ginsbourger. Parmi les participants, beaucoup sont touchés par la franchise de leurs histoires. Autour d’une coupe de champagne et des récits de l’abbé Vignon d’après les carnets de son père, la description des fermes brûlées et des jeunes massacrés a plongé tout le monde dans l’effroi. Mais ce sont les sages paroles du prêtre qu’il faut retenir. “On ne devait pas se comporter comme les Allemands. Si nous agissions comme eux, alors nous n’avions pas à les chasser”.
Amandine Letourmy et Violaine Girard