Méconnues du grand public, les biotechnologies et les technosciences permettent de fabriquer du vivant. Spécialiste de l’éthique des sciences, Thierry Magnin nous informe sur leurs bienfaits pour l’avancée de la recherche médicale. Il appelle toutefois à rester vigilant face aux éventuelles dérives.
À la fois docteur en sciences physiques et en théologie, le prêtre Thierry Magnin a ouvert l’Université d’été des Amis de La Vie, le dimanche 6 juillet, avec la conférence « Technosciences : l’iceberg éthique ». Le terme « technosciences » désigne les recherches axées sur les innovations techniques dans le domaine scientifique. Pour le recteur de l’Université Catholique de Lyon, il est essentiel de mener une réflexion déontologique et démocratique sur la manipulation du vivant. Rencontre.
Les biotechnologies pourraient permettre d’améliorer nos capacités. À l’avenir, l’homme risque t-il de se transformer en machine ?
Thierry Magnin : Aujourd’hui, nous pouvons créer des génomes artificiels. Ce sont généralement des éléments synthétiques. Nous ne sommes pas encore capables de fabriquer un génome humain. En revanche, nous pouvons créer un génome de bactéries ou encore des génomes de cellules eucaryotes qui sont similaires aux cellules humaines. Dans le futur, nous aurons la possibilité d’élaborer un génome humain artificiel et de le modifier. Cela permettra de guérir des maladies comme le cancer. Le but principal de la modification de la nature humaine reste d’améliorer les conditions de vie. Pourtant, il subsiste beaucoup de fantasmes sur la création de surhommes.
Dans ce contexte, quelle est l’utilité d’un débat public?
T.M : Les technosciences entraîneront une modification importante de la société. Celle-ci toute entière doit donc s’emparer de ces questions. Le débat public ne peut aboutir à de grands résultats puisque les technophobes évitent les débats. Il faut être bienveillant envers cette technologie qui améliorerait considérablement la santé, même s’il faut rester vigilant car nous ne connaissons pas encore les conséquences sur l’homme. C’est pour cela que j’invite au débat public. Lors de la mise en service des nanotechnologies et des biotechnologies, il n’y a pas eu de débats sur l’éthique ce qui crée aujourd’hui un ressenti de la part des technophobes. Les scientifiques se veulent rassurants mais le risque zéro n’existe pas.
La solution serait-elle d’enseigner la morale aux scientifiques ?
T.M : Les enjeux économiques perturbent considérablement l’éthique et les scientifiques ont peu de connaissances en termes de déontologie. Dans l’université où je suis recteur, nous voulons former les scientifiques à la morale, comme par exemple l’éthique des affaires et le management de l’éthique. Il faut savoir que la morale est à l’intérieur même des consciences. C’est dans des colloques, des réunions, des universités d’été, que nous pouvons prendre du recul sur cette question, comme nous l’avons fait ici à Saint-Jacut de la mer !
Propos recueillis par Anne-Sophie Covin
Pour aller plus loin, écoutez la conférence de Thierry Magnin en entier.
Glossaire
Cellule eucaryote : cellule contenant un noyau structuré.
Génome : ensemble des gènes d’une espèce ou d’un individu.
Nanotechnologie : conception, caractérisation, production et application de structures, dispositifs et systèmes, par le contrôle de la forme et de la taille à l’échelle nanométrique.
Ping : C’est parti pour l’université des lecteurs de La Vie ! | LE WEB DES AMIS
Ping : Thierry Magnin : «Ouvrons un d&eacut...
Ping : Fest Noz à Saint Jacut, la soirée en vidéo et en images ! | LE WEB DES AMIS