Michel Adam participe à sa première université d’été. Il prend des notes, chaque jour, au fil des conférences. Il prépare aussi un livre sur les bienfaits de la coopération avec la nature.
C’est un drôle de monsieur avec une drôle d’histoire qui est venu nous voir, comme ça, un soir, à la rédaction. Il a été ingénieur, informaticien, sociologue, serveur, journaliste, libraire ou encore directeur d’un centre régional d’aide et de conseil au travail social. Nous avons décidé de partir à sa rencontre.
Il parle vite, Michel Adam, il vous explique et vous raconte avec passion le chemin qu’il parcourt depuis plus de 69 ans. « Je suis ingénieur chimiste de formation, j’ai eu mon bac à 14 ans et demi, j’ai intégré les grandes écoles mais je n’aimais pas que les maths, j’aimais aussi le collectif, la vie sociale. Voilà pourquoi à 22 ans je me suis aussi lancé dans une étude sociologique de mon groupe d’amis ! », commence le retraité, le sourire jusqu’aux oreilles.
Le jeune prodige fait son service militaire dans un laboratoire de l’armée. Il travaille sur les poudres de la fusée Ariane en tant qu’ingénieur chimiste. Il prend ensuite des cours, le soir, pour devenir ingénieur informaticien. Il s’intéresse à ce qu’on appelait alors une machine mathématique et entre au ministère de l’Équipement en 1968. « Je développais des programmes informatiques, je formais des chercheurs et je suis aussi entré à Sciences Po Paris pour découvrir la sociologie et l’économie ! », souffle celui qui était aussi « un syndicaliste acharné ».
L’ingénieur finit par craquer et claque la porte du ministère. « J’étais trop remonté contre le nucléaire et je suis devenu serveur dans un café coopératif à Cognac ! ». Il fera ensuite du journalisme pendant un an avec la rédaction d’un guide des innovations et des possibilités. « On faisait des visites de terrain, en Charentes, on répertoriait toutes les innovations, c’était un peu comme une encyclopédie, ce guide ! On en a vendu plus de 3 500 exemplaires en deux ans ! », souligne-t-il, fier de la trentaine d’exemplaires qu’il lui reste aujourd’hui dans son grenier.
Michel Adam entre ensuite dans une coopérative d’ingénieurs, il s’intéresse aux énergies renouvelables, crée des entreprises sociales et solidaires et une boutique de gestion avant de devenir, onze ans plus tard, le directeur d’un petit organisme régional d’aide et de conseil au travail social à Poitiers. « Nous embauchions et nous rendions les gens employables ».
Notre homme publie aussi des ouvrages, sur Jean Monnet, sur l’entrepreneuriat ou encore sur le travail et l’emploi. « J’ai eu la chance de faire plein de choses dans ma vie, j’ai beaucoup visité la société et je suis aujourd’hui en train d’écrire mon septième bouquin. J’y prône la coopération avec la nature, tout le contraire des technosciences, en fait ! Avec cette université, j’ai rencontré des enseignants et des agriculteurs. J’aime cette diversité de points de vue. Vous savez, moi, je viens d’une famille catholique, j’ai été scout mais je suis aujourd’hui agnostique. Je pense que la vie est un mystère passionnant ! », sourit et conclut ce drôle de monsieur… qui a bien fait de venir nous parler.
Paul-Luc Monnier