Lecture : “Stop au chômage et à la régression sociale”

Le Collectif Roosevelt a été fondé en 2012 par Stéphane Hessel, Edgar Morin, Susan George, Cynthia Fleury, Patrick Viveret, Pierre Larrouturou et bien d’autres. Les Amis de La Vie vous recommandent la lecture du livre « Stop au chômage et à la régression sociale », fruit de la réflexion de l’atelier « travail » du Collectif Roosevelt.


Cet ouvrage balaie toutes les idées reçues et assénées par nos hommes politiques en deux parties principales: « le chômage n’est pas une fatalité » et « mieux répartir le temps de travail ».

 Le chômage n’est pas une fatalité

Des chiffres précis brisent ici le consensus établi par les gouvernements successifs depuis 50 ans sur les politiques de l’emploi. Le choix d’augmenter la durée du temps de travail et de baisser les salaires et les cotisations sociales des entreprises  a coûté et continue à coûter très cher sans augmenter ni la croissance ni l’emploi.

On apprend que sur 58,5 milliards consacrés aux politiques de l’emploi plus des 2/3 sont consacrés aux exonérations et allégements aux entreprises. Et ces entreprises qui distribuaient 30% de leurs bénéfices en dividendes à leurs actionnaires à la fin des années 80, en reversaient 85% en 2012. Il en découle que la rémunération des capitaux croît plus vite que la richesse créée. Il apparait que 10% des citoyens les plus riches de France ont accaparé 54% de l’augmentation des richesses entre 2000 et 2015.

Il est courant de penser que la France s’appauvrit, cet ouvrage nous montre le contraire, chiffres à l’appui. L’économie française a doublé sa production de 113% entre 1974 et 2013. Les auteurs soulignent un fait méconnu : avec moins de travail !

En effet, la baisse de croissance n’est pas le fait de la hausse des salaires mais de 4 facteurs ignorés du grand public :

  • l’augmentation des gains de productivité : entre 1980 et 2007 cela a entrainé 29% de suppressions d’empois
  • la délocalisation des industries: 13% entre 1980 et 2007
  • l’évolution des métiers avec le développement du secteur tertiaire
  • la stratégie industrielle avec un sous-investissement au profit de la distribution des dividendes.

Beaucoup d’entre nous ignorent que c’est la réduction de la durée travaillée qui a crée les emplois pendant les Trente Glorieuses. De 1950 à 1974 elle a baissé effectivement de 16,9%. Face à cette réalité, les auteurs préconisent de poursuivre la réduction du temps de travail.

Mieux répartir le temps de travail

 L’idée est de travailler moins pour travailler tous plutôt que travailler plus pour gagner moins. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy «travailler plus pour gagner plus » a coûté 4,5 milliards par an de subventions en heures supplémentaires sans diminuer pour autant le chômage.

L’atelier “travail” du Collectif Roosevelt développe plusieurs solutions proposées par eux ou par d’autres chercheurs et économistes :

  • passer aux 32 heures pour tous ( avec diverses sources de financement)
  • limiter les heures supplémentaires ( 1% de hausse d’heures supplémentaires détruit l’emploi de 6500 personnes)
  • formations plus nombreuses avec embauches de remplacement (modèle danois du « job rotation »).

L’idée est d’expérimenter aussi de nouvelles possibilités de réduction du temps de travail individualisées, volontaires ou temporaires comme un compte Épargne Vie, un dispositif monnaie-temps, un chèque « temps choisi ». Vous découvrirez en détails toutes ces propositions dans l’ouvrage.

Pour les auteurs, il est aussi nécessaire non pas de casser notre modèle social mais de refondre son financement sur des bases plus justes ( un impôt progressif sur le patrimoine, un cadastre financier européen, un revenu maximum etc..).

On notera que l’idée du revenu universel très à la mode en ce moment, n’est pas mise en avant par les auteurs. Ils préconisent un projet de société visant la transition citoyenne écologique et sociale dont le pivot central repose sur cette redistribution équitable du travail.
 Bonne lecture !

Claire Cherblanc

Informations pratiques

“Stop au chômage et à la régression sociale”

Collectif Roosevelt : Guy Demurest, David Feltz, Michel Montigné

Éditions de l’Atelier, 6 euros