L’art italien à Clisson

Lors de l’université d’été de l’association, un groupe d’Amis de La Vie a visité la ville italianisante de Clisson près de Nantes.

Dans les rues de Clisson, l’influence italienne n’est jamais loin. En ce mercredi 13 juillet, le groupe d’une dizaine de personnes a la chance d’être guidé par l’ancien maire de la ville, Jean-Pierre Coudray, par ailleurs fidèle Ami de La Vie.

L’Italie est particulièrement présente dans l’architecture clissonaise. Les toits de tuiles rouges à quatre pentes, les décors de briques allongées, les arcs plein cintre se retrouvent aussi bien sur les maisons que sur les bâtiments publics modernes. La médiathèque municipale intègre cette dimension transalpine par sa façade de briques blanches et de beaux volets de cuivre.

Cette inspiration italienne, Clisson l’a doit à François-Fréderic Lemot, sculpteur de Napoléon qui découvre la région en 1805 à son retour d’un séjour à Rome. « Les artistes français ont été chassés d’Italie par peur de la contagion révolutionnaire. Ils sont venus à Clisson pour se promener et ils ont eu un coup de cœur », explique Jean Pierre Coudray. Lemot rêvait de composer un jardin sur les anciennes terres de chasse des seigneurs de Clisson. Avec l’aide des frères François et Pierre Cacault, respectivement diplomate et peintre, il a imaginé un domaine sur les bords de la Sèvre nantaise où il s’est employé à retrouver des motifs proches des paysages italiens qui l’ont tant impressionnés.

Un lieu d’accueil pour artistes

En se promenant dans le parc, on apprécie l’alternance de clairières et de bois ponctués de fabriques ornementales (temple, statues antiques, colonne, tombeau). Plus tard, en 1817, Lemot fait élever une maison de style toscan et une villa néoclassique, où il accueille de nombreux artistes.

Aujourd’hui, cette villa est toujours un lieu de résidences pour artistes. L’exposition d’été, jusqu’au 30 septembre, présente les œuvres d’Eric Fonteneau, artiste nantais, dont les dessins sont inspirés par le parc. « J’ai trouvé intéressant qu’Eric Fontenau ait été en résidence d’artistes au domaine la Garenne Lemot. Cela rejoint la volonté de Lemot de faire du parc un paysage école, un endroit où l’on vient pour dessiner, croquer des perspectives », poursuit Jean-Pierre Coudray. « Quand on compare avec les œuvres de ses confrères de 1812, on constate l’évolution forte de l’art. Les arbres croqués en 1812 sont les mêmes que maintenant mais traduits différemment ». Une évolution qui résonne avec les conférences proposées pendant l’université. « L’exposition est en accord avec ce que l’on a entendu la veille », se réjouit Jean-Paul Vuiart.

La journée s’achève avec la découverte d’un art plus local : une dégustation de muscadet chez un vigneron du Château Le Vallon des Perrières. Celui-ci a enseigné aux visiteurs l’art du pallisage à trois fils, une technique qui améliore l’aération des grappes. Il a aussi expliqué les différents terroirs qui forment son domaine de 13 hectares : le Granit dur de Clisson et le Gavrau, argile humide.

Terre du Hellfest

Sur le chemin du retour, nous croisons le terrain d’expression d’un autre art, le complexe du Hellfest, un gigantesque festival de hard rock et de musique métal qui se tient chaque année depuis 2006 à Clisson. Le Festival qui a accueilli 159 000 spectateurs en 2016 est régulièrement attaqué par des associations comme SOS racisme, par certains responsables de l’Église et par des hommes politiques. Les plus audacieux établiront un parallèle entre Lemot, hier, chassé de Rome pour ces idées révolutionnaires et le Hellfest aujourd’hui.

Théo King